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4 juin 2012 1 04 /06 /juin /2012 22:25

         C’était un dimanche comme les autres. Un dimanche où la crainte de m’ennuyer pendant le culte était bien présente. Comme d’habitude. Entendre en alternance la récitation de textes qui vantent Dieu où vous accusent ; chanter des cantiques justifiant la position assise ou debout ; écouter une explication de texte plus ou moins brillante sur un passage de la bible ; répéter des gestes tel l’offrande ou boire à la coupe et enfin  terminer en demandant à Dieu d’intervenir dans les malheurs du monde ; voilà qui n’est pas très entrainant. Alors j’ai somnolé. Le pasteur parlait. Comme il était loin. La sono toujours aussi mauvaise nous éloignait encore l’un de l’autre. Et mes oreilles sifflaient. Toujours les acouphènes. Quel supplice.

 

         Soudain, à je ne sais quel moment, des mots me tirent de la léthargie dans laquelle j’avais sombré :  « Jésus te déclare juste et non coupable ».  L’écho répète sans fin « Jésus te déclare juste et non coupable ». Tout mon corps se redresse. Je me sens léger. Intégré au monde qui m’entoure. Me voilà transporté sur une autre scène. Je suis dans un tribunal, organisé de manière simplifiée, comme j’ai pu le voir dans certains quartiers de New York, devant un juge, Jésus est à mes côtés. Le juge égrène les chefs d’inculpation à mon encontre. Je me reconnais.  A chacun, Jésus intervient « il n’est pas coupable ». A chaque fois je me sens libéré. Pas de discutions. Pas de plaidoirie. C’était comme si délesté, je remontais d’un puits sans fond vers une clarté encore inconnue.

 

         Je revins à moi. Que venait-il de se passer? La justification par la foi !le salut par la grâce ! Voilà des formules classiques pour un protestant, des formules que je connaissais et qui m’ont souvent demandé des efforts intellectuels importants. Je les avais comprises. Aujourd’hui je les vivais. Je prenais conscience que je vivais une culpabilité écrasante dont je croyais être débarrassé. Freud avait raison. La culpabilité se loge en tout être et tout être est coupable. L’illusion est de se croire non coupable. Il fallait qu’une voix de l’extérieur déclare à mes accusateurs « il est non coupable ». Je commençais alors à entrevoir de quoi j’étais coupable.

 

         De retour à la maison je racontais à mon épouse ce qui venait de m’arriver. Au fur et à mesure de ma narration je me rendais compte que Jésus avait menti au juge. J’étais bel et bien coupable. Mais alors qui est-il ce Jésus pour marteler de telles affirmations ? Comment pouvait-il se prêter à de telles déclarations ? J’entends certains me dire : « il a versé son sang pour toi ». Je reste persuadé que se sont les hommes qui ont versé son sang persuadés qu’ils ne sont pas coupables. Cette culpabilité leur pèse d’autant plus. Elle sourd au plus profond d’eux-mêmes. Pour les déclarer non coupables, il faut un tiers venu d’ailleurs. Un tiers dont la liberté est telle qu’Il ignore le jugement.  Un tiers qui n’est pas issu seulement  du royaume des hommes.  S’il l’était, il  serait un menteur et mériterait la mort. Ceux qui ont condamné et sacrifié Jésus s’étaient rangés de ce côté là.  Les autres, l’ont déclaré fils de Dieu, venant d’un royaume autre.

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2 juin 2012 6 02 /06 /juin /2012 21:08

6638216239_be74d60211.jpg          Dans les années 70-75 , je faisais un aller-retour Gare de banlieue/Paris deux fois par semaine, le matin entre  8h et midi. Il était rare que la police ne me demande pas mes papiers d'identité, à l'entrée de la gare ou à la sortie du métro . Ce n'était pas un contrôle au faciès mais à la tenue. Une veste en cuir râpée, une barbe non taillée et des cheveux longs suffisaient pour faire de moi un suspect. La peur de 68 était encore là.

            Il en va ainsi de la police. Elle agit selon le chiffon rouge agité. Aujourd'hui c'est la couleur de peau signe de l'immigré sans cesse fustigé et stigmatisé par une catégorie politique. Alors, comment s'étonner du fossé qui s'est creusé entre elle et la population jusqu'à être trop souvent détestée et vilipendée par les jeunes ,tout particulièrement dans les cités?

            Les gouvernements ont une responsabilité dans ce rejet. Souligner sans cesse son mérite et ses qualités l'enorgueillit et la rend aveugle à la manipulation dont elle est l'objet de la part des politiques. Prisonnière de ces attitudes elle est réfractaire à tout ce qui pourrait la rapprocher de la population . Délivrer un reçu à la personne contrôlée est vécu comme une perte d'autorité, contraire à ce qu'on lui a fait croire: seule la répression et la force portent des fruits.

            Il est grand temps que ce corps d'état comprenne qu'il n'est pas meilleur que les autres et que, si sa tâche est difficile et dangereuse, elle l'est aussi pour d'autres corps de métier. Il est grand temps qu'elle accepte et reconnaisse que dans ses rangs il y a autant de brebis galeuses que partout ailleurs et que les siennes ne sont pas plus exceptionnelles et  plus excusables.

            Plus l'attitude de la police est perçue comme arrogante et plus ses contrôles sont ressentis comme humiliants. En donnant à l'intéressé son numéro de matricule, le policier signifierait par là qu'il n'est pas au dessus des lois et qu'il peut être lui aussi soumis à un contrôle. Il serait amené à plus de rigueur dans la prise de décision de contrôler telle ou telle personne sans raison apparente. On sait par ailleurs que ces contrôles apportent  peu dans la lutte contre la délinquance ou même l'immigration clandestine.

            Contrôler l'identité d'un individu qui n'a pas commis une infraction constatée est une chose trop sérieuse pour qu'elle puisse se faire sans garanties. C'est une porte ouverte à tous les dérapages. Les policiers ont un grand intérêt à accepter de nouvelles façons d'agir s'ils veulent être respectés et pris au sérieux par la population.La sécurité en sortira renforcée.

          

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2 juin 2012 6 02 /06 /juin /2012 20:39

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Elles m’attendaient. Tous les printemps, comme Proserpine sort de sa tombe, elles sortent du placard. C’était la cinquième fois. Toujours si heureuses de s’enfiler à mes pieds quelques heures  lors des jours les plus beaux. Elles semblaient penser : « c’est reparti ». J’y croyais. Mes pieds aussi. Hélas ! il a fallu se rendre à l’évidence. La toile a cédé. La ficelle tressée est redevenue chanvre. La semelle est partie en lambeau.

         J’ai dû les mettre à la poubelle. Délicatement bien sûr. Si délicatement qu’après les avoir scrutées, de tous côtés vous dis-je, je lis sur un bout de caoutchouc résistant, encore accroché au talon : cousu main. Soudain, je les ai trouvées belles, encore plus belles. La toile déchirée semblait pleurer de tendresse. Les bouts de ficelle scintillaient comme des paillettes d’or. La semelle en caoutchouc usée était comme de la dentelle.

 La poubelle m’apparut trop moche. Je les reprenais et très délicatement les posais sur un coin de la terrasse. Elles enchantaient le coin. Elles étaient jolies.  Je crus que les fleurs se chargeaient de couleurs toujours plus éclatantes. Que les oiseaux diésaient leurs chants. Et le soleil brillait, brillait…

Comme les objets sont beaux lorsque nos mains les créent. Comme on aimerait les garder. Ou les réparer. Ils sont une partie de nous. On ne les utilise pas, on se les associe. Ils vivent avec nous. Et tant pis pour les bennes à ordures. Mes espadrilles, je vous le jure, la benne ne les engloutira pas !

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24 mai 2012 4 24 /05 /mai /2012 22:41

 

           Au lendemain de l' élection de François Hollande comme président de la république,  un journaliste demandait à Robert Badinter ce qui pourrait marquer  le prochain quinquennat au même titre que l'abolition de la peine de mort avait marqué celui de François Mitterrand. La réponse me brûlait les lèvres. Je ne fus pas déçu. Sans hésiter l'ancien ministre de la justice répondait: " le droit de vote des étrangers aux élections locales".  Et d'expliquer que c'était un passage obligé pour une intégration réussie dans notre société.

              Cette réponse, à contre courant de l'opinion comme l'était la peine de mort  (souvenons-nous  que  70 % des français étaient contre) me parait en totale adéquation avec l'Ancien comme avec le Nouveau Testament parce que l' étranger y est un hôte inattendu à travers lequel se manifeste le divin. Abraham, assis au pied de sa tente voit trois hommes étrangers , debout près de lui. Il court au devant d'eux et se prosterne à terre. Il leur permet de se reposer, leur lave les pieds, leur donne à manger (un vrai repas de fête). Puis l'un d'entre eux annonce que Sara la stérile aura un fils.  Jacob, lutte toute la nuit avec un inconnu. Il le prend pour un adversaire. Puis sur sa demande, l'homme bénit Jacob.  Ruth, l'étrangère, la moabite accueillie par Boos ouvre une longue lignée de descendants métissés dont David et Jésus.  Le roi Salomon prendra pour fiancée la Sulamite et cette union servira de paradigme pour chanter dans le Cantique des Cantiques la réconciliation entre Israël et l' Egypte, entre Dieu et son peuple.

            Dans tous ces récits l' étranger  est associé au nom de Dieu. Il est lié aux êtres les plus vulnérables et sans défense. Son arrivée est surprenante parce qu'il n'est pas invité. Il inquiète.  Sa venue commande un droit de reconnaissance qui n'est pas naturel et qui est hors norme dès que l'on évoque la sécurité de la patrie.  Dieu doit imposer ce droit pour éviter la haine de l'étranger qui suscite en chaque humain la peur au lieu de l' amour. Dans la bible hébraïque nous trouvons 36 fois le commandement "d'aimer l' étranger", seulement deux fois celui "d'aimer notre voisin". Ainsi" la Torah prend acte de l'instinct qui nous pousse à persécuter les intrus, elle nous exhorte à surmonter nos pulsions meurtrières" écrit Richard Kearney.

            Dieu et le visage de l'humain sont associés mais Dieu ne   se révèle qu'après la rencontre  par les signes laissés lors de son passage. Lorsque l'humain prend conscience que Dieu était bien là, Celui-ci est déjà parti.  Ainsi Dieu et l'humain ne se confondent jamais d'où la difficulté de porter sur l'étranger un regard de bienveillance et d'attente. De le considérer comme le portail de la sphère du divin.

            Dans le nouveau Testament, la scène de l'annonciation place Marie devant  l'étranger. Contre toute peur, elle choisit la grâce. C'est alors qu'elle voit en lui un ange. Il en sera de même pour Joseph. Pour les deux fiancés l'accueil de l' étranger les conduit à accepter et  élever le "fils de Dieu" au rang des humains.   Enfin , les disciples d' Emmaüs accueillant l' étranger à leur table reconnaissent soudain le ressuscité.   Et là encore, à peine reconnu, il disparait de devant eux. Il en va ainsi de Dieu, il est porté par celui qui m'est étranger mais il n'est reconnu qu'après coup, lorsqu'il n'est plus là.

            Pour cette raison , je ne peux pas rejeter l'étranger. Je ne peux pas   passer à côté des traces que Dieu, à travers lui, laisse dans ce monde au risque de voir ma foi s'étioler et se fossiliser. Certes, il est possible que nous puissions vivre dans notre France sans l' étranger. Il est possible qu'il ne soit pas utile à la vie économique du pays (je ne suis pas assez compétent pour en discuter même si j'en doute). Mais quelle perte si nous le rejetons! Ce n'est pas pour des raisons morales que nous   l' accueillons et lui donnons  les droits qui lui reviennent mais parce que  le Divin, exilé dans chaque autre humain, demande à être reçu parmi nous.

            Bien évidemment il faut préciser les conditions d'accueil .   Abraham n'aurait pas pu offrir l'hospitalité à plus d'étrangers qu'il n'avait de veaux tendres et bons pour leur donner à manger, mais l'hospitalité est un acte vital. Elle civilise celui qui la pratique parce qu'il apprend à dépasser ses instincts primaires, elle fait entrer celui qui en bénéficie dans la nuée des témoins. A travers lui, Dieu se révèle. Souhaitons que le vote aux élections locales des étrangers puisse devenir rapidement effectif dans notre pays. Il en va de son intérêt et de sa grandeur.  Chaque français sera enrichi par la nouvelle situation. 

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21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 16:20

           

             En France depuis le début du 20ème siècle, la droite est le plus souvent au pouvoir . Certes il y a eu des exceptions importantes  qui ont marqué notre histoire comme le front populaire ou encore les septennats sans cohabitation de François Mitterrand avec l'abolition de la peine de mort , l'instauration d'un minimum pour vivre appelé RMI dans sa première mouture ou encore la CMU favorisant pour tous l'égalité devant la santé.  Mais il est rare que la gauche occupe le Sénat  et l' assemblée Nationale.

            Ceci explique peut- être en partie la difficulté de la droite à admettre  que si elle perd le pouvoir de gouverner, ce pouvoir n'est pas perdu pour autant.  Elle ne se pense et se vit que comme possédant le pouvoir et s'il vient à lui échapper ce ne peut-être que par usurpation.  Pour elle, il est illégitime que la gauche puisse gouverner.

            On pourrait s'accommoder de cette attitude si d'une part elle n'ébranlait pas la démocratie et si  d'autre part elle n'était pas une entrave à l'application du programme gouvernemental  qu'il soit  de droite comme de gauche . En effet, dans un tel état d' esprit, il est bien difficile d'être attentif à ce que disent l'opposition et les contre- pouvoirs et de  mener une gouvernance équilibrée.  

            Lorsqu'elle admettra l'alternance comme une chance pour la démocratie, la droite prendra enfin une juste place dans le bon fonctionnement des institutions de la république. La politique a tout à y gagner; droite et gauche y gagneront en considération.

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17 mai 2012 4 17 /05 /mai /2012 08:20

            Chacun le sait , la réciprocité est très attendue. Combien de fois entend -on  " avec lui, avec elle, il n' y a jamais de retour" ou encore "avec eux   c'est toujours dans le même sens" . Cette demande de réciprocité est attendue dans les relations toutes naturelles qui ne semblent rien demander en retour. La chanson le reprend:" A tout ce que j'ai fait pour toi disait le père". Sous entendu "et tu ne fais pas ce que je veux, tu me déçois" .

            Bien sûr cette demande de réciprocité est niée en bloc : "je n'attends rien en retour" ou encore "avec moi, tout est gratuit". Le déni est un fonctionnement qui échappe à tout un chacun dès qu'il est contrarié et se refuse à dire sa déception. Les politiques sont les maîtres en la matière ce qui ne les empêche pas d'agir ensuite par en dessous.

            Un seul domaine où les gens ne demandent pas la réciprocité et pour cause:  Les obsèques. Chacun y va de bon cœur . Les Eglises plutôt vides en temps ordinaire sont bien pleines ce jour là. Et pourtant, tout le monde le sait: le mort ne rendra pas la pareille. Qu'à cela ne tienne, on y va .  

            Quelques exceptions tout de même. Aux obsèques du grand Karl Marx, ils était six parait-il. C'est à croire que la chasse aux communistes avait déjà commencé. Quant à moi, il m'est arrivé d'être obligé  de compter le mort pour dire que nous étions deux à son enterrement.  J'arrivais même à me convaincre, que lisant une prière au bord de la tombe, le mort m'entendait. Dans toute communication il faut un émetteur et un récepteur.

            Une question demeure : pourquoi tant de générosité pour les morts et si peu pour les vivants? Peut-être une manière d'apprivoiser la mort tout en la côtoyant. Peut-être encore une façon de se faire pardonner de tout ce que l'on n'a pas fait pour lui de son vivant. A moins que ce soit par charité. Celle-ci ne demande pas de retour nous dit-on. Et puis, le retour est toujours imparfait, jamais suffisant. Il vous prive de la liberté fondamentale : celle du faire et du dire sans que leurs effets viennent vous encombrer.

 

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17 mai 2012 4 17 /05 /mai /2012 08:15

                                           lectures bibliques :  Jean 15 /  1-8      Ephésiens 4 /4-7   Esaie 5/1-7

 

            Nous constatons tous les jours  combien les humains ont besoin de s'attacher   aux êtres ou aux choses, de manière individuelle ou collective. La plus connue de ces choses est l'argent. IL faut choisir dira Jésus à son sujet:        " Dieu ou l'argent". Le risque dû à l'argent parcours l'Ancien comme le Nouveau testament. S'attacher à l'argent est destructeur pour l'homme. Les faux dieux peuvent aussi prendre la place d'objets auxquels l'humain s'attache. A Babylone, en Canaan, en Egypte  en Grèce,  chez les Romains, ces dieux prenaient la forme de figurines, de statuettes,  ou d'entités imaginaires. Plus près de nous ces faux dieux sont des superstitions et autres croyances. Dans la société actuelle, le culte rendu aux manifestations sportives par des millions de gens a toute les allures d'une religions de masse.  Les idéologies politiques ou religieuses captent des foules  nombreuses qui s'enflamment sans retenue pour une cause sans jamais la remettre en question  tant elles sont subjuguées.  Jésus a parlé de "foules sans berger" pour signaler  leur errance. Un musulman, Ibn Khaldun sociologue et historien arabe, mort au Caire en 1406,  écrit que l' être reste attaché à son clan, qu'il a un "esprit de corps", une sorte de solidarité  d'attachement et d' appartenance aux ancêtres du même sang et qu'il persévère sans se soucier du monde qui l'entoure. Cet attachement sans condition on peut le retrouver chez des gens sensés pensant être dans le bon droit.   Je me souviens de deux sœurs qui ne se pardonnaient  pas d'avoir suivi Pétain jusqu'en 1944. Elles considéraient que les résistants n'étaient que des terroristes comme le disait la propagande de l' époque.  Soucieuses d'être fidèles à l'Evangile elles appliquaient le conseil de l' apôtre Paul " soyez soumis aux autorités", sans s'interroger davantage.  Elles obéissaient.  Il avait fallu toute la persuasion du Pasteur de l' époque et de quelques amis voisins pour les faire changer d'idée et prendre de nouvelles mesures en désobéissant aux consignes données par le gouvernement de Vichy. Pour elles c'était le plus difficile parce que c'était ne pas suivre ce que dit la bible.  Cet exemple, nous montre le danger de suivre à la lettre des Ecritures plutôt que l' Esprit. Les textes bibliques parce qu'ils ne tombent pas du ciel doivent être soumis à la raison. Ceci est vrai pour tous les livres dits "sacrés".

            L'antidote de cette tentation, qui est de suivre et de rester dépendant de quelque chose ou de quelqu'un,  serait selon l' évangéliste Jean,  de s'attacher à Jésus.  Chaque humain peut ainsi devenir entièrement libre, indépendant de son clan, de son groupe,  de son ethnie. Fini l'appartenance religieuse , politique, tribale... Jésus est le cep,  souche universelle  à laquelle tous les humains sont attachés.  

 La première réaction serait alors  de dire:"  en quoi s'attacher à Jésus? est-il plus libérateur que de s'attacher à un autre humain"? . Il faut bien constater que l' Eglise n'a pas toujours  prêché  l'indépendance et l' autonomie de l' être . Elle l'a enfermé dans des dogmes et des croyances  dénuées de toutes raisons . Reich, le contemporain de Freud raillait les bigotes qu'il décrivait comme prisonnières du Christ jusqu'à en être amoureuses et à renoncer à s'unir à un homme. Aujourd'hui encore beaucoup de chrétiens sont dépendants de leur curé ou de leur pasteur. Ils ne peuvent ni penser par eux même ni prendre des décisions sans en référer à celui qui s'établit et qu'ils établissent comme leur directeur de conscience.   

            Jésus semble  répondre à trois conditions,  trois raisons, qui font que l'on ne peut pas devenir prisonnier de sa personne

            -  La première  est que celui à qui l'on s'attache ne se présente pas comme un chef de clan et de parti. Qu'il soit en quelque sorte inclassable. Vous savez le mal  que se donne les historiens et les théologiens pour rattacher Jésus à tel ou tel courant de pensée. A peine ont-ils trouvé un lien de parenté qu'une autre information vient la démentir et ainsi de suite . Jésus est vraiment au dessus de tout ce qui est connu: il n'est pas pharisien, il n'est pas saducéen, il n'est pas zélote, il n'est pas de la secte de Qumram... mais il est un peu tout cela. C'est peut-être une des  raisons pour laquelle on dit qu'il vient du  ciel.   Aujourd'hui,  après la résurrection, Jésus est présent parmi nous -non plus en chair et en os mais  en esprit. Il  nous laisse   libre de le penser et de le concevoir, de l'accepter ou de le refuser. Allons plus loin: c'est l'esprit du Père qu'il nous donne. Pas le sien. Il pose même une distance entre lui et nous afin qu'il ne devienne pas une idole pour nous. Il est médiateur entre le père et nous. Il ne peut pas devenir une idole. Seul Dieu est esprit.

            -La deuxième, Jésus n'est pas un chef ou un gourou mais un maître . Un chef , c'est celui qui nous commande. Vous obéissez. Il n'y a pas à discuter. Vous êtes à son service. C'est lui le responsable. Vous, vous passez au second plan. Un gourou c'est quelqu'un qui vous fascine et qui vous séduit. Vous avez le sentiment qu'il réalise ce que vous êtes incapable de faire. Il vous enlève tout esprit critique. Avec le chef vous avez parfois le sentiment qu'il confisque votre liberté et votre initiative, qu'il vous contraint. Avec le gourou, vous êtes dans l'illusion que vous faites ce que vous souhaitiez faire  en toute liberté. Vous pensez avoir choisi. Le gourou vous amène où il veut et vous pensez au plus profond de vous même que c'est bien là que vous souhaitiez aller. Le maître ne vous commande pas. ll ne vous séduit pas davantage. Il ne confisque pas votre liberté. Il vous permet de devenir vous même, un adulte responsable, capable d'initiative et de création. Vous ne le suivez pas, vous ne vous identifiez pas à lui, vous vous inventez. Vous devenez l'unique.  "Je t'ai appelé par ton nom dit Dieu". Il  vous amène à ne pas être seulement un individu parmi d'autres mais un sujet, avec toute votre singularité. C'est comme sujet que vous vous intégrez à la communauté des humains. Jésus sera le maitre qui vous fait accoucher de vous-même comme le reconnait le jeune homme riche ,Marthe , Marie et ceux qui le rencontraient. Un maître en détachement comme celui que cherche  Alexandre  Jollien dans le philosophe nu.   

            Enfin , la troisième condition - certainement la plus importante -  est que Jésus n'est pas perçu seulement comme un humain parmi les autres  mais comme celui représentant l'ensemble de l'humanité. Il n'est pas seulement le corps de l' Eglise comme nous avons l'habitude de le dire reprenant très partiellement une pensée de l' apôtre Paul,  il est le corps de l'humanité tout entière ce qui nous oblige d'ailleurs à ne rejeter personne. Avec Jésus nous ne sommes pas devant un prophète qui parlerait de la part de Dieu,  nous sommes devant l'humanité tout entière et c'est dans cette humanité que la parole de Dieu, jusqu'ici faite entendre au prophète, s'incarne dans l'humanité tout entière, Jésus en étant en quelque sorte le prototype.   ( bien que nous soyons nombreux, nous formons un seul corps 1cor10/17) ou encore: "il y a un seul corps et un seul esprit de même qu'il y a une seule espérance. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu le père de tous. Eph4/4-5) Il ne s'agit pas pour nous de ramener des gens à Jésus par adhésion par exemple, il s'agit de reconnaitre en tout homme quel qu'il soit et- plus particulièrement quelle que soit sa religion,  sa place dans le corps de Jésus. Tu peux être chrétien, musulman, juif, bouddhiste, athée, tu as ta place dans le corps de Jésus, tu es un frère. J'insiste! ce n'est pas de la récupération, c'est reconnaître en Chacun- sur cette terre en tout cas- sa place dans l'humanité. Et tout ceci crée des obligations que les humains ont bien du mal à assumer.   Se référer à Jésus,  c'est se référer à l'humanité toute entière. Paul le dira autrement disant "qu'il n'y a plus ni juifs ni grecs... Gal3/28 col 3/11" Nous pouvons ajouter aujourd'hui ni croyants, ni incroyants, ni musulmans, ni juifs, ni chrétiens, ni bouddhistes. Tous les sarments se rattachent à lui y compris ceux qui ne portent pas de fruits.

            Ainsi, les humains ont tout à gagner à rester attachés au cep c'est à dire  à Jésus,  et par extension à l'humanité, car à partir de là, Dieu peut tailler, émonder, purifier, quelle que soit la conception que je puisse avoir de Lui. Rester attaché à l'humanité c'est se mettre à la disposition de Dieu, afin d' acquérir toute la dimension humaine, porter des fruits et mettre en scène dans ce monde ce que doit  être l' existence humaine. Inversement, se soustraire à l'humanité en s'enfermant dans une religion, une nationalité , un camp - quel qu'il soi-, c'est se soustraire au Dieu de Jésus Christ, au Père de l'humanité. Un philosophe chrétien dont vous avez certainement  entendu parler , Gabriel Marcel, signale l'opposition radicale qu'il y a entre ' l'être et l' avoir. L'avoir, c'est le régime sous lequel nous vivons  dans notre monde moderne. L'homme y est amené à posséder, à s' approprier le plus possible de choses et à s'attacher à elles sans que ce besoin d'avoir" toujours plus" prenne fin.   Mais,  tous ces avoirs, toutes ces possessions, deviennent pour lui  des problèmes, des obstacles infranchissables sur la route de la vie. Il est leur prisonnier. Dans cette parabole de" la vraie vigne", Jésus nous invite non à posséder mais à être. Etre est un mystère qui m'entraine à aller plus loin, à découvrir de nouvelles choses,  à porter des fruits. Jésus nous arrache à ce monde de la consommation et de l'attachement, nous pourrions aller jusqu'à dire de l'esclavage. L'esclave est celui qui est  enfermé dans un statut où aucune liberté n'est possible.   

             Mais, attention! L'humanité est réuni au même cep, nous baignons dans la même existence. L'autre n'est pas séparé de moi. Il n'est pas un "lui" séparé de moi mais un "tu", pas un problème mais un mystère dira Gabriel Marcel. Loin de l'autre, je suis ce rameau qui sèche, inutile, bon à être jeté. Plus de sève, plus rien ne me nourrit. Loin de l'autre, je suis aussi loin de Dieu qui est le fondement de toute chose. Sa gloire ne peut plus participer à ma transformation  .

 

Conclusion

            Ce texte est très souvent lu - il suffit d'en regarder sur internet les commentaires- comme une mise en garde, un tri entre les bons et les méchants, un avertissement pour ceux qui n'adhéreraient pas à Jésus Christ. "Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme un sarment, il se dessèche, puis on le ramasse, on le jette au feu et il brûle". Cette lecture ne me semble pas autorisée. En effet, au verset 9 le texte se poursuit ainsi: "Comme le père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimé. Demeurez dans mon amour." Et au verset 12: "Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Nul n'a d'amour plus grand que celui qui se dessaisit de sa vie pour ceux qu'il aime".  Autrement dit, si Jésus se présente  comme le cep, comme la vraie vigne (traduction plus exacte mais  s'accordant moins avec l'attachement du sarment, une vigne est composée de plusieurs ceps) c'est par amour pour l'humain. Ce n'est pas pour le rejeter. Jusqu'à présent la vigne était le peuple d' Israël planté et protégé de dieu, elle aurait dû produire les fruits de justice , de sainteté. Désormais c'est Jésus qui devient la vigne. Comme je le disais au début , Jésus représente bien l'humanité, le nouveau peuple, il n'est pas seulement une personne à laquelle j'adhère, il est l'humanité tout entière. Il ne s'agit pas ici d'une substitution, d'un remplacement d'Israël par Jésus, comme l'a parfois prêché l' Eglise (ce qui a entretenu l' antisémitisme) et comme nous le reprochent  les penseurs juifs comme Levinas, mais il s'agit d'un élargissement à toute l'humanité incluant bien sûr le peuple d' Israël. Celui-ci n'est pas rejeté, exclu mais intégré à l'humanité toute entière. L'élection, l' amour de dieu qui étaient  des données de la pensée juive pour elle même, (seul le peuple juif était l' élu) devient avec Jésus, universelle. Et aujourd'hui le peuple juif doit être fier de ce que sa découverte d'un dieu qui élit et aime ne s'adresse pas qu'à lui mais au monde entier.  Il n'y a plus un peuple juif, un peuple chrétien, un peuple musulman, un peuple d'athées, il y a un peuple de Dieu qui témoigne de manière différente de cet amour de Dieu et de son choix de l'humain. Dieu, le père, le vigneron cultive l'humanité toute entière même si son champ est divisé en parcelles différentes et si le jus du raisin a des goûts différents quelle que soit sa couleur. Jésus nous fait percevoir que Dieu est le Dieu de tous.

  

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12 mai 2012 6 12 /05 /mai /2012 12:55

             Le président des Etats Unis s'est déclaré favorable au mariage des homosexuels. Il rejoint ainsi le nouveau président français qui pourra, si la chambre des députés lui est favorable, accorder le mariage aux partenaires de même sexe. Bien évidement ces prises de positions ne font pas que des heureux. Le délégué de la commission des évêques à Rome invite l' Eglise à entrer dans l'opposition.  Pour tout dire, ce n'est pas seulement l' Eglise catholique qui voit rouge. C'est d'une manière générale les religions. On n' a jamais vu encore un tel droit accordé dans les pays  où domine la religion musulmane par exemple. Le plus souvent les homosexuels y sont persécutés.

            On peut comprendre la position des religions. Elle doit être respectée. D'une part parce que leur livre de référence - la Bible ou le Coran- condamne l'homosexualité si on en fait une lecture fondamentaliste, sans interprétation,   d'autre part parce que généralisée, elle serait la fin de l'humanité. C'est à travers l'hétérosexualité que les humains  se reproduisent . Quant aux sentiments humains , ils nous conduisent à une préférence pour une descendance sans pour autant condamner l'homosexualité ou le choix de la chasteté si chère à l' Eglise catholique.

            Ce qui n'est pas tolérable , c'est la pression exercée sur l' Etat pour qu'il interdise le mariage entre partenaires de même sexe. Le rôle de l' Etat est d'entériner et légaliser les mœurs,  pas de les diriger.  Deux conditions  sont à respecter : d'une part, que la légalisation  ne porte pas préjudice au prochain et d'autre part,  que le choix se fasse en toute liberté. Cette liberté doit être garantie par l' Etat. Libre à toutes les religions de refuser l'homosexualité en leur sein mais interdiction formelle d'imposer leur point de vue à la société.

            L' Eglise catholique et  la  partie  évangélique du protestantisme s'opposent officiellement au divorce, à l' avortement, au pacs de personne du même sexe. Peut-on imaginer notre société sans ces libertés? Restons lucides et laissons l' Etat mettre de l'ordre dans le fonctionnement de note société y compris lorsque cet ordre ne nous convient pas  à cause de nos convictions. Vivons celles-ci au sein de notre groupe religieux ou autre et si nous n'en partageons plus certaines pratiques, contestons-les en son sein, afin que la religion -ou non religion- à laquelle nous appartenons puisse évoluer.

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9 mai 2012 3 09 /05 /mai /2012 16:37

 

     3617927934_11ff31ce78.jpg La campagne électorale nous avait habitué  à voir des foules agiter leur drapeaux: la droite s'était emparé du drapeau national , l'extrême gauche du drapeau rouge. Quant au parti socialiste, il n'osait pas brandir les roses. Ces fleurs fragiles ne supportent pas la brandouille. Et puis, il faut le dire, les roses se regardent , se sentent mais ne se secouent pas . Il faut les laisser vivre, "l'espace d'un matin" comme dit le poète.

            Mais voilà que le soir de l' élection, dans l' euphorie de la victoire, les partisans du candidat élu se sont lâchés comme on le dit aujourd'hui. Chacun y est allé du drapeau de son pays d'origine tout en y associant notre hymne national, la marseillaise. Et bien que ce soir là les drapeaux soient de toutes les couleurs les gens de la droite y ont vu rouge, eux qui depuis trois mois secouaient le bleu blanc rouge ne voyaient plus qu'une seule couleur. Ils se sont insurgés dans les médias. Selon eux, la France n'est pas respectée si lors d'une victoire la bannière nationale n'est pas brandie par chaque participant!.  Ils ont seulement oublié que le drapeau est un signe de ralliement, il n'est ni un outil de propagande ni un serpentin, encore moins une sarbacane. Il est collectif, pas individuel. Un drapeau pour chacun, ce n'est plus un drapeau, c'est une amulette. Ce soir là l'amulette n'avait pas porté bonheur. Ils étaient déçus. Ah les "gri gri" ! çà ne marche pas à tous les coups.

           

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9 mai 2012 3 09 /05 /mai /2012 16:26

 

            Une enquête récente laisse entendre que plus de 60% des retraités ont voté à la présidentielle pour le candidat de droite alors que le même pourcentage des actifs votait pour le candidat de gauche. Pauvre Monsieur Sarkozy! Lui qui a tout fait pour retarder le temps de la retraite, le voilà victime de ses propres décisions. Ah, comme il aurait mieux fait d'écouter les syndicats! S'il avait mis la retraite à 55 ans il aurait été réélu avec au moins 70% des voix.  Quel succès! Par ailleurs, n'est-il pas plus facile d'être le président d'un peuple de retraités, paisibles et prenant leur temps plutôt que d'actifs grincheux, fatigués, jamais contents?

            Il ne reste plus  au nouveau président élu qu'à tirer les leçons de cette élection: pour faire échouer la droite il lui faut raccourcir au maximum le temps de la retraite afin qu'il y ait moins de retraités et toujours plus d'actifs. Une telle politique va, sans nul doute, bousculer les socialistes  mais Mr Hollande aura ainsi deux quinquennats assurés . Après tout, la politique n'est-ce pas l'art de rester à la même place le plus longtemps possible?

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Qui suis-je ?

     Titulaire d'une maitrise de théologie et d'un DESS de psychopathologie clinique, j'ai été amené à exercer plusieurs fonctions  et plus particulièrement la mise en place d'un centre socio- culturo- spirituel protestant puis la direction pendant 12 ans d'un centre de cure pour malades alcoliques. J'y ai découvert l'importance d'apprendre à écouter l'humain dans toutes les dimensions qui le constituent. Aujourd'hui, inscrit au rôle des pasteurs de l' Eglise Réformée de France, j'essaie de mettre des mots sur mes expériences et de conceptualiser mes découvertes.
serge soulie

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