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19 mars 2011 6 19 /03 /mars /2011 17:37

nov 008

 

          Elle colportait partout qu’il y a plus de joie à être grand-mère qu’à élever ses propres enfants. «  Je partage tous les moments de bonheur sans me soucier des difficultés que rencontrent tous les parents » disait-elle. Son propos ne semblait pas faire recette. Les plus jeunes mamans laissaient paraître un brin de jalousie comme si on allait leur enlever leur chérubin. Comment peut-on être plus heureuses que nous ne le sommes ? pensaient-elles en leur for intérieur.  Les plus aguerries s’étonnaient de l’insistance d’une telle affirmation. Certaines allaient jusqu’à soupçonner un peu de dépit chez cette dame qui commençait à se  couvrir de cheveux blancs.  Les pères, quant à eux, ne cherchaient pas à comprendre. Peu bavards, ils la laissaient causer sans chercher à répondre.

 

         Seules les grands-mères et les grands pères ne l’entendaient pas de cette oreille. Parfois même ils l’apostrophaient : « Tais-toi et cesse de raconter des bêtises » lançaient les femmes à l’air courroucé tandis que l’ironie se lisait sur le visage de leur mari. Ils savaient eux ce que c’est que d’être grands- parents. S’ils se réjouissaient de passer quelques moments avec leurs petits enfants, ils se rendaient compte qu’ils étaient encore plus heureux de voir leurs enfants heureux. Pour eux les années bonheur étaient derrière eux. Ces années là c’était bien à leurs enfants de les vivre maintenant. Et ils veillaient à ce qu’il en soit ainsi évitant de confisquer auprès des petits enfants la tendresse qu’ils doivent à leurs parents. Ils se vivaient comme un appoint, un dépannage d’un jour. C’était là leur bonheur : être peu de chose toujours pour le bonheur de leurs propres enfants car l’humain à beau vieillir, ses enfants restent ses enfants.

 

         Quant à la grand-mère bavarde, voyant ceux de son âge, prit l’habitude de se taire. Elle découvrit au plus profond d’elle-même qu’elle mentait ou plutôt qu’elle ne voulait pas se dire la vérité à savoir que rien ne vient remplacer les enfants que l’on a élevés tant que l’on  a encore la force d’être des parents. « Vieillir c’est renoncer » répétait-elle doucement, si doucement que personne ne l’entendait.

        

            

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16 mars 2011 3 16 /03 /mars /2011 14:22

 

         Depuis quelque temps les médias s’intéressent à la sexualité des seniors. Reportages, articles, tribunes, tous vont dans le même sens : «  les vieux ne baisent pas assez ».Médecins, psychologues, infirmières, aides soignantes travaillant, pour la plus part, dans des maisons de retraite, le constatent et l’expliquent :

         Tout d’abord la sexualité des personnes âgées est un  tabou dans notre société. Personne n’ose en parler. Selon eux, celui qui en parlerait serait perçu comme ayant des idées mal placées puisque la plus grande majorité pense que les vieux n’ont plus de sexualité.

         Cette idée pèse sur la sexualité de nos ainés qui de ce fait s’interdisent d’aimer ou n’osent plus déclarer l’amour à un partenaire. Ainsi ils se privent du dernier bonheur de leur vie.

         Les enfants ont une grande responsabilité dans ce frein à l’amour car le plus souvent ils interdisent à leur parent toute relation amoureuse : « ce n’est plus de ton âge, tu as autre chose à faire. »

         Le personnel des institutions d’accueil est aussi réticent, la relation amoureuse de leur pensionnaire leur rappelant trop souvent l’échec de leur propre relation d’amour.

         Enfin les personnes âgées, veuves le plus souvent se culpabilisent car pour elles avoir un autre partenaire après le décès de leur compagnon serait rompre les promesses de fidélité qui ont été tenues tout au long de leur vie à deux. Toujours selon eux, cette position  est ridicule.

 

         C’est ainsi que des psychologues déclarent très sérieusement que l’acte sexuel c’est comme le manger et le boire, l’uriner et le déféquer, autrement dit indispensable à la vie. C’est à croire qu’ils peuvent se priver de toutes ces fonctions naturelles aussi longtemps qu’ils le restent de toutes relations sexuelles.

A moins qu’ils n’aient jamais essayé… parleraient-ils alors sans savoir ce qu’ils racontent !

        

         Je crains que derrière toutes ces affirmation se profilent leurs fantasmes et comme ils le disent parfois leurs propres échecs en amour. C’est ainsi qu’ils sont amenés à ne plus savoir écouter, à entendre et à voir. Ils se positionnent plus en voyeur qu’en accompagnateur. Il est vrai que le climat ambiant ne les aide pas beaucoup. Combien de publicités pour nous proposer du viagra ou ses équivalents bio par exemple, combien de témoignages dans ces mêmes publicités d’hommes plus qu’octogénaires affirmant, grâce à une médicamentation spécifique affirmant faire l’amour régulièrement, jusqu’à deux fois par jour. La publicité essaie d’imposer de nouvelles normes dans tous  les domaines et plus particulièrement dans celui de la sexualité.

         Tout cela est bien regrettable.  En effet, ne peut-on pas entendre, sans y voir une pression morale, qu’une veuve ayant bien souvent vécu de longues années avec son mari dans une fidélité réciproque veuille lui rester fidèle jusqu’à la mort. Elle n’a pas choisi de rester et aurait probablement aimé partir avec lui ou avant lui pour ne pas avoir à souffrir la séparation. Alors pourquoi vouloir la déculpabiliser de je ne sais trop quoi en l’encourageant à trouver un partenaire plutôt que de l’aider à vivre sa fidélité ? De la même manière ne peut –on pas comprendre que des enfants dont l’un des parents dit être tombé amoureux soit prudent quant à la vérité de cette relation comme des parents le sont avec leurs enfants sortant de leur adolescence? Ceci bien sûr ne doit pas  se confondre avec une pression exercée sur les parents par leurs propres enfants. Ces  derniers se doivent de veiller à leur laisser leur liberté jusqu’à se réjouir avec eux s’ils donnent suite à la relation d’amour.

Quant au soi disant tabou n’est-il pas aussi une forme de respect due à nos anciens, respect qui nous conduit à une certaine discrétion quant à leurs relations affectives et à leur sexualité.

Enfin ne faut-il pas protéger les anciens de relations  qui peuvent se révéler intéressées jusqu’à devenir dangereuses. La solitude et /ou le désir de sexualité  -il n’est pas toujours pertinent de séparer les deux-  peuvent conduire à des rencontres avec des partenaires malveillants, peu scrupuleux et intéressés bien au-delà de l’affectif.

 

         En conclusion, demandons-nous si accompagner une personne âgée ce n’est pas lui permettre de vivre jusqu’à la fin les choix qui ont été les siens tout au long de sa vie.  Tout l’art de l’accompagnement sera alors de l’aider afin qu’elle ne cède pas sur son désir tout en sachant  s’adapter à ses possibilités du moment et en restant protégée.

                                          Serge

 


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14 mars 2011 1 14 /03 /mars /2011 14:56

 

 

         Solo a tout juste 20 ans. Il est venu me voir ce matin. Il était désolé. Le désarroi se lisait sur son visage. Il me dit qu’il y a trois mois il a perdu sa grand-mère. Il l’aimait et la craignait à la fois parce que, dit-il, elle avait des convictions fortes mais le les imposait à personne. « A peine les avait-elle exprimées que j’étais envahi d’un vent de liberté tout en n’étant pas d’accord »  sanglote t-il.

Hier il a appris qu’un de ses frères a dû momentanément cesser son travail pour cause de forte dépression suivie d’une hospitalisation. Pour couronner le tout son père vient de subir une lourde opération. Jusque là, il avait cru que les moments vécus pendant son enfance dureraient éternellement avec les mêmes acteurs, les mêmes tendresses, la même joie et la même sécurité. Soudain le monde semblait s’écrouler. Il se sentait partir à la dérive sans même trouver un endroit, un lieu où s’accrocher.

 

         Puisant alors dans mes souvenirs je lui dis que tous les enfants perçoivent les moments vécus avec bonheur comme ne devant jamais s’arrêter. Ces moments leur paraissant d’ailleurs d’autant plus longs qu’ils ont peu d’années de vie derrière eux. Le rapport  moments heureux / temps déjà vécu étant encore tout proche de l’unité. Plus l’être humain avance en âge et plus les moments de bonheur intense lui paraissent courts jusqu’à être très fugaces voire inexistants.

 

         Mes propos semblèrent le rassurer. Il se sentait moins seul. Après tout quoi de plus stabilisant que de se sentir comme tout le monde. Mais au moment même où un peu plus de sérénité apparaissait sur son visage, je sentais le mien s’assombrir. En effet, nous les adultes ayant déjà brûlé un bon nombre d’années de la vie, n’attendons-nous pas que plus rien ne bouge dans ce monde ? N’y a-t-il pas là l’origine du refus du progrès, de nos comportements trop souvent réactionnaires ?

Comme des enfants nous voudrions que le vécu se fige souvent en une éternité, refusant que ce monde aille encore de l’avant, peut-être parce que nous ne pouvons plus le suivre. Et nous nous cramponnons à ceux qui  promettent que nos pensions de retraite seront toujours payées, que la morale  sera respectée, que nous resterons dans une sécurité totale et que tout va continuer comme avant. Comme si ces faiseurs d’illusions n’avaient pas à craindre tremblements de terre et tsunamis.

 

         Vois-tu Solo, à un moment donné de leur vie, tous les humains voudraient arrêter le temps, vivre la béatitude en permanence, entrer dans la félicité pour toujours. C’est à croire qu’il y a en chacun de nous un désir profond d’Eternité.

 

                                                                         

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14 mars 2011 1 14 /03 /mars /2011 09:50

 

 

         On sait qu’en 1755, le tremblement de terre de Lisbonne, suivi d’un puissant tsunami et de nombreux incendies fit entre 50 000 et I00 000 morts. Théologiens et Philosophes ne manquèrent pas de s’affronter dans de nombreux débats sur la question du mal et le caractère arbitraire avec lequel les gens mouraient. « C’est injuste, ils ne le méritaient pas »  dirait-on aujourd’hui.

Voltaire nous dit-on eut une vive controverse avec Rousseau et « fut guéri » de la théodicée de Leibniz qui défendait le meilleur des mondes. Quant aux scientifiques de l’époque, surpris par un tel séisme ; ils s’attachèrent à mettre en place la sismologie moderne dont on voudrait aujourd’hui qu’elle nous en dise plus encore.

 

         Après ces violents séismes, celui d’Haïti comme celui du Japon les questions du mal et du pourquoi de tels cataclysmes se posent avec beaucoup moins d’acuité. Le progrès des sciences et les évolutions de la pensée font que l’on n’attribue pas systématiquement à Dieu les catastrophes naturelles. Les victimes se limitent à invoquer la divinité pour les sortir de la souffrance et de  l’enfer dans lequel elles se sentent enfermées sans pour autant lui en attribuer les causes. Dieu n’est plus coupable. Ce sont désormais  les nouvelles connaissances qui désenchantent le monde et  génèrent la plus grande angoisse : Que se passera-t-il en effet si la couche d’ozone ne nous protège plus, si la glace des deux pôles fond et fait monter le niveau des mers et des océans de plus 60 mètres ? Il n’est plus possible d’envisager la disparition de la planète dans un proche lointain seulement par la faute des humains (par le nucléaire par exemple) ou encore dans plusieurs millions d’années par remaniement de tout le système solaire. Les catastrophes naturelles pouvant être proches suffisent à détruire notre planète. Tenons-nous prêts à mourir.

 

         Ainsi, nous voilà revenus en arrière, du temps où les humains craignaient le pire au moindre caprice de la nature faute de connaissances. Incantations, rites religieux, invocation des esprits étaient leur seul espoir pour chasser le pire. Nous savons aujourd’hui que tout cela ne marche pas et si Dieu n’a pas d’action sur la violence de la nature, si la science malgré toutes nos connaissances n’y peut rien alors l’angoisse a de beaux jours devant elle. C’est encore notre relation à la mort qui est posée. Nous sommes face à notre finitude.

 

                                                          Serge

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13 mars 2011 7 13 /03 /mars /2011 15:36

         

          Je suis allé dans un temple. A l’intérieur, deux écriteaux. Sur le premier était écrit : « Appelés par Jésus Christ ». L’inscription était suivie d’une grande flèche verte indiquant la direction de l’autel. Je me suis assis sur le premier banc n’osant suivre la flèche jusqu’au bout. J’attendais. Une voix allait-elle m’inviter à avancer ? Si oui qu’allait-elle me dire ? Tout  appel a une raison. Le temps avait suspendu son vol. La conscience ne me parlait plus. Elle m’oubliait enfin. Toute l’attention était tournée vers la voix que je n’entendais pas. Cette voix n’existe peut-être pas. Peu importe. Quel délicieux moment d’attente !

         Puis un homme est entré vêtu d’une robe noire surmontée d’un rabat si blanc que les yeux avaient du mal à s’en détacher. Il suivit la flèche jusqu’à s’installer derrière l’autel. Aurait-il entendu la voix l’appeler ? Il était bien le seul. Tous les autres, entrés bien avant lui, restions installés sur les bancs  face à cet autel, point ultime des indications de la flèche et d’où, pensions –nous, devait s’élever la voix de l’appel. Nous  étions tous, semble-t-il,  aussi sourds les uns que les autres.  Puis, derrière moi un impertinent murmure à son voisin : « c’est le pasteur ». Se saisissant du micro, l’homme, dans son costume de fonction déclare: « Ceci n’est pas un autel. C’est une table autour de laquelle nous pourrons nous installer et partager, la parole, le pain, le vin. Nous pourrons prier les uns pour les autres ». Bref, une table de salle à manger. Plus de mystère, plus d’inconnu. Rien sur l’appel, rien sur une voix extérieure venant jusqu’aux oreilles. Me voilà à nouveau face à ma conscience et à mes émotions, bref face à moi-même. Et moi qui pensais entendre une voix venue d’ailleurs, une voix qui fait sortir de soi, qui  met en mouvement vers un « je ne sais où », une voix qui invite à résister à tout ce qui anéantit.

 

         Sur le deuxième écriteau, était mentionné : « Envoyés par Jésus- Christ ». Il portait lui aussi une flèche. Elle indiquait la sortie. Ce type d’indication est toujours utile en cas d’incendie. Mais alors pourquoi une telle inscription ? Je posais la question à un habitué des lieux : « Pouvez-vous me dire où est déposé le courrier qui nous est envoyé ? ». Il ouvrit de grands yeux. Manifestement il ne comprenait pas. Tout en lui montrant l’écriteau, je lui expliquais qu’un certain Jésus-Christ devait m’envoyer quelque chose de non précisé. Il partit d’un grand éclat de rire et à son tour d’expliquer que c’était moi l’envoyé   que je n’avais rien à attendre. Il alla jusqu’à me rassurer : « Le temple ne fait pas poste restante, vous pouvez partir tranquille ». Déçu je lui fis remarquer que sur l’écriteau était dessinée une enveloppe, l’enveloppe que j’attendais et que je rêvais d’ouvrir. Son rire se perdit dans les salutations de tous ceux qu’il connaissait. Je me ressaisis me disant que de toute façon je n’allais pas renoncer à entendre la voix qui appelle et encore moins à recevoir quelque chose envoyé par ce Jésus-Christ. Bref une manière de me venger un peu. Et si les écriteaux disaient vrais !

 

                                                                                                 Serge

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4 octobre 2010 1 04 /10 /octobre /2010 20:55

 

         Nombreux sont les hommes et les femmes qui se sentant mourir font part de leur souhait à leur proche érigeant parfois leur parole en testament oral devant impérativement être exécuté. Vu les circonstances ces paroles disent bien souvent la peine du mourant devant se séparer de ce monde et de ceux qui l’aiment et le chérissent. Elles sont comme un cri de détresse adressé non pas à Dieu , comme le fait par exemple le psalmiste dans sa prière , mais aux hommes.

 

         Ces paroles appelées parfois « dernières volontés » peuvent être l’expression de l’ultime pouvoir exercé par le malade pour exister malgré sa faiblesse et se donner l’impression qu’il établit ainsi l’ordre et la justice dont ont besoin ceux qu’il laisse derrière lui. Il veut leur épargner bien des soucis, ceux de l’organisation des obsèques comme ceux de sa succession. Les assurances décès savent exploiter ce sentiment et  proposent différents kits où tout est réglé par avance. Le mourant n’a plus qu’à mourir !

 

         Ces paroles dites  par le mourant sur « son lit de mort » comme le précise la vox populi,sont souvent irrationnelles, peu logiques et difficilement applicables. S’il était important de les écouter, voire de les acquiescer, les prendre à la lettre peut semer la discorde auprès des siens et mettre dans l’embarras ceux qui se sentent obligés d’appliquer des directives quasi inapplicables. N’est-il pas plus sage et plus éducatif de préparer les héritiers à savoir dialoguer, renoncer et partager pour prendre une décision qui sera toujours un compromis d’avis différents mais qui ouvrira les portes sur l’avenir au lieu de clore un temps qui se terminerait avec la disparition du défunt. Vouloir, avant de mourir, tout mettre en place pour faciliter la tâche des héritiers et éviter qu’ils ne se disputent est la plupart du temps voué à l’échec. Dans le meilleur des cas, c’est enterrer, en même temps que le mort, tout un passé qui ne demande qu’à vivre pour rendre le présent heureux et préparer le futur.

 

         Quant aux témoins de « ces dernières paroles », ils doivent ,me semble-t-il se sentir libres de les appliquer dans leur totalité, partiellement ou pas du tout et ne pas se laisser enfermer dans un discours dont le but premier était d’aider à mourir celui qui l’a prononcé.  Il n’est pas toujours facile de mourir !

 

        

        

                                                      

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28 septembre 2010 2 28 /09 /septembre /2010 21:36

 

            Ce matin, sept heures, la radio me réveille en musique. Comme c’est agréable. Pas de voix toujours un  peu agressives mais l’harmonie que transmet la musique. Des morceaux connus pour l’âme qui se réveille, d’autres tout à fait nouveaux pour éviter la rengaine, des paroles de chansons pour mettre en route la pensée. Un vrai bonheur ! Ce bonheur est d’ailleurs si réel et si grand que je mets plus de dix minutes pour enfin me demander ce qui se passe. C’est l’animateur qui me surprend : «  à la suite d’un préavis de grève… » .

 

            Mais alors, puisque ce matin c’est le bonheur qui domine, pourquoi m’obstiner ainsi à écouter des infos tous les matins à sept heures ? Certes, il n’y a pas de station de radio donnant de la musique en continu. A chaque heure carillonnée, la plupart donnent des infos, diffusent des publicités ou changent de programmes.

            Il y a aussi les habitudes prises. Depuis combien d’années mon réveil déclenche-t-il toujours à la même heure, la même station de radio ? Je ne saurais le dire et l’entrée dans le temps de la retraite n’y a rien changé. Décidément, l’humain a bien du mal à s’arracher aux routines qu’il a mises en place souvent contraint et forcé. N’aurait-il pas appris à créer, inventer, imaginer ou   plus simplement encore à changer l’ordre des choses et bouleverser les habitudes ?

 

            Le pire, je viens de l’entrevoir : j’ai une addiction aux infos. Elles sont la drogue dont j’ai besoin tous les matins. J’ai le sentiment qu’elles me permettent de démarrer. Je crois qu’elles  me plongent dans le bain du déroulement de la journée. Entre temps, elles me pèsent, me bousculent et m’alourdissent tout au long de la journée comme cet alcool que le dépendant n’a pu s’éviter de consommer à jeun et qui lui donne  déjà la nausée. Perte de bonheur ? Certainement. Les infos, pour celui qui n’est pas un professionnel de la politique  ou de la sociologie, n’apportent que des événements éphémères, passagers sans grande signification. Elles occupent l’esprit mais ne l’enrichissent pas. Elles sont bel et bien cet opium qui permet que nous restions occupés sans avoir la possibilité de réfléchir. Elles nous donnent l’illusion que nous avons participé au contexte de  la vie. Elles nous font croire  que nous savons alors que le savoir  passe essentiellement  par la lecture d’articles professionnels quels que soient les domaines observés. Certes il y a de grands événements qui font  notre histoire et la balisent, mais est-ce utile d’écouter les infos tous les matins pour en prendre connaissance ?

 

            Ah s’il pouvait y avoir grève tous les jours ! Et si, plus simplement, je décidais de faire grève… des infos et…d’écouter de la musique tous les matins en optant pour une revue hebdomadaire de ce qui s’est passé dans la semaine écoulée ?

            L’ennui c’est que l’on ne se débarrasse pas d’une addiction aussi facilement parait-il !

 

                                                                                                   

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16 septembre 2010 4 16 /09 /septembre /2010 21:50

 

Selon les spécialistes les chefs des mouvements terroristes utiliseraient « la vie Eternelle » pour mieux manipuler les jeunes appelés à être des kamikazes. Ces derniers se laisseraient convaincre par les promesses sur ce qu’ils adviendront une fois morts et accueillis au ciel. La plus connue de ces félicités serait la promesse de soixante dix vierges pour les garçons.

 

Décidément la vie Eternelle est - avec la question de l’existence de Dieu - non seulement une interrogation majeure pour les humains comme le remarque l’académicien Jean d’ Ormesson mais elle est aussi la cause de beaucoup de drames. En effet n’oublions pas que le point de départ de la Réforme avec la guerre de religion qui l’accompagna démarra par la question des indulgences dont le coût permettait de construire la basilique Saint Pierre de Rome mais aussi d’acquérir le pardon de l’Eglise, corps intermédiaire entre Dieu et les hommes pour être reçu dans les cieux.

 

C’est parce que la question de la vie Eternelle est effectivement une interrogation fondamentale pour les humains que les religions s’en sont emparées chacune proposant ce qu’il pourrait y avoir de meilleur dans le ciel avec une telle surenchère que l’on assiste à de nombreux dérapages.

 

Ne serait-il pas plus sage de renoncer à cette fameuse Vie Eternelle en se disant que nous sommes de passage sur terre et que nous en repartons comme nous y sommes arrivés : subrepticement. C’est vrai qu’au départ de ceux que nous aimons et devant notre propre mort il est difficile  d’accepter que tout se termine là. Dans ce cas ne faut-il pas s’en tenir à ce que nous croyons individuellement et qui nous est indispensable pour vivre sans pour autant faire de la vie Eternelle un projet collectif à imposer à tous les autres ? Le  prosélytisme la concernant s’avère bien souvent dangereux pour l’individu comme pour la société.

 

Et si de surcroit l’oubli de la vie Eternelle nous faisait mieux considérer et aimer la vie sur cette terre, la notre comme celle de notre prochain, ne serions nous pas plus disponibles pour mieux l’organiser  ? La Vie Eternelle comme deuxième chance amène les  humains à négliger pour eux et pour les autres la vie terrestre qui est bien là, qui n’est pas une hypothèse et qui demande beaucoup de préparation en lieu et place d’une simple croyance.

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15 septembre 2010 3 15 /09 /septembre /2010 22:21

 

 

Notre gouvernement s'offusque de ce que des responsables européens n'acceptant pas la politique de notre pays concernant les Roms, aient pu rappeler la déportation des juifs et le comportement des nazis.


Certes nos ministres de l'intérieur, des affaires européennes et de l'immigration ne sont pas des nazi mais ils devraient se souvenir - ou apprendre s'ils étaient encore trop jeunes pour s'intéresser à l'actualité - qu'en 1961, lors du procès  d'Eichmann en Israël, la philosophe Hannah Arendt, qui suivait les débats, conclut dans un de ses reportages  que le criminel de guerre nazi n'est nullement un fanatique mais un simple exécutant persuadé de faire son devoir. Et c'est ainsi qu'il pouvait tout naturellement se référer à la morale de Kant ou encore aux Evangiles.


Tout ceci pour dire que le mal n'est pas que l'affaire d'un monstre. Il peut être seulement l'affaire de quelqu'un de policé, bien habillé, respectueux. Depuis nous avons eu l'exemple de Papon.


Messieurs Besson, Hortefeux ou encore Lelouch devraient méditer cette remarque  d' Hannah Arendt et prendre au sérieux le fait que de simple exécutant au départ on peut devenir le pire des monstres  de par les situations ainsi engendrées. Le mensonge est déjà une porte entrouverte sur le pire. On ne nait pas nazi mais on peut le devenir.

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14 septembre 2010 2 14 /09 /septembre /2010 10:17

Il est clair que l'on ne peut qu'être saisi par l'émotion et par le resprect pour ces moines qui ont donné en quelque sorte leur vie pour tous ces villageois qui venaient les consulter pour des raisons de santé mais aussi pour trouver un peu de réconfort suite à leur malheur. Par ailleurs , le film  ne peut être qu' une interprétation du vécu et le réel est toujours tout autre. Or il se trouve que le côté interprétation est très perceptible dans ce film et qu'il laisse supposer une réalté bien plus tragique encore de la réalité vécue par les moines. C'est ainsi que ce film a l'avantage de ne pas saisir le spectateur pour le plonger dans un tragique dont  il ne pourrait pas sortir sans sanglots tout en lui permettant de s'interroger sur la démarche même des moines et leur fonctionnement.

 

La première interrogation porte sur la liberté de ces religieux ,non par rapport à l' Eglise et à l'institution , mais par rapport au vécu du groupe au sein du couvent. Dans un premier temps nous voyons des hommes capables d'une liberté de pensée et d'expression tout à fait individuelle.Les uns pensent qu'il faut partir soit pour retourner en France ou dans d'autres lieux de l'Algérie, d'autres veulent rester coûte que coûte, enfin certains font part de leur hésitation. Puis au fil des jours ils se rangent à l'idée qu'il faut rester et donner sa vie pour Dieu. Ce qui les conduit à une telle décision et à une perte de décision individuelle est très contestable. Dans leurs offices reviennent des versets bibliques les invitant à donner leur vie comme s'il n'y avait pas d'autres versets dans les écritures venant dire à peu près le contraire. Ces versets sont psalmodiés et répétes ce qui, ici  semble conduire à un parfait conditionnement. Dans l'Evangile Jésus fuit souvent pour échapper à la foule et les apôtres comme Paul par exemple passeront par la fenêtre pour ne pas être pris.Par ailleurs l'idée selon laquelle l'amour pour Dieu doit être le plus grand  pour justifier l'entrée au couvent ou pour risquer sa vie me paraît très contestable. Dans l' Evangile c'est l'amour pour les autres qui me paraît être premier et c'est bien ce que, paradoxalement ,faisaient les moines.

 

Ma deuxième interrogation porte sur une sorte de neutralité dans un conflit qui n'en est même pas un puisque les terroristes tuent sans revendications et sans raison, au nom de Dieu. Aucun chrétien ne doit pouvoir accepter que l'on tue au nom de Dieu. Les moines ne pouvaient pas accepter que les terroristes portent des armes dans leur couvent et le prieur le leur dit clairement, mais il est innacceptable qu'ils portent des armes pour tuer et -pas pour se défendre seulement- en tous lieux dans le pays, à plus forte raison au nom d'un Dieu quel qu'il soit. Dans une telle situation la neutralité au nom de l'amour du prochain est impossible, c'est la résistance qui s'impose et je suis bien conscient que les modalités de cette résistance sont difficiles à définir mais ne pas résister c'est apparaitre -certes injustement- mais apparaître tout de même comme complice aux yeux des victimes innocentes.

Dans une guerre où deux camps s'opposent clairement il y a des victimes de part et d'autre , ici il y a des victimes innocentes d'un côté seulement.

 

Enfin l'image où l'on voit le Prieur  pleurer et prier pour le terroriste abbattu m'est insupportable. Il a été tué pour éviter qu'il continue à massacrer des innocents. Le pasteur résistant allemand Dietrich Bonhoeffer qui a été pendu pour avoir participé à un complot pour tuer Hitler aurait des choses à nous dire là dessus.  Frêre Christian n'est - il pas ici prisonnier des croyances et des dogmes qui gèrent la vie après la mort.  C'est au détriment de ceux qui subissent la souffrance et la destruction sans motif et qui  eux,sont bien vivants.

Cette attitude a probablement fait basculer l'opinion de l'armée légale en défaveur des moines parce qu'elle est venue s'ajouter à leur refus aux autorités en place de quitter le pays pour des raisons de sécurité . Ce refus était devenu incompréhensible.

 

En conclusion, un film qui ne joue pas seulement sur  le registre de l'émotion mais qui cherche à faire réfléchir est un bon film . A voir.

 

 

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Qui suis-je ?

     Titulaire d'une maitrise de théologie et d'un DESS de psychopathologie clinique, j'ai été amené à exercer plusieurs fonctions  et plus particulièrement la mise en place d'un centre socio- culturo- spirituel protestant puis la direction pendant 12 ans d'un centre de cure pour malades alcoliques. J'y ai découvert l'importance d'apprendre à écouter l'humain dans toutes les dimensions qui le constituent. Aujourd'hui, inscrit au rôle des pasteurs de l' Eglise Réformée de France, j'essaie de mettre des mots sur mes expériences et de conceptualiser mes découvertes.
serge soulie

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