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19 mars 2010 5 19 /03 /mars /2010 10:06
bretelles 135

 

            Les porteurs de bretelles ne me contrarieront pas: il y en a toujours une qui glisse..J'en avais d'abord conclu à une dissymétrie. Une épaule plus haute que l'autre ! après tout pourquoi pas. Mais ne voilà t-il pas que ce n'est jamais la même épaule: une fois la gauche, une fois la droite. J'ai affiné ma conclusion: il ne peut s'agir que d'une asymétrie mobile autrement dit d'une asymétrie qui varie selon les jours.

            Pour corriger la bretelle qui descend je la raccourcis un peu. Logique non!  Cà ne marche pas. Il faut la rallonger. Illogique !

            Lorsque j'étais enfant nous nous amusions à changer les paroles de notre hymne national: "allons enfants de nos bretelles qui soutiennent mes pantalons. Nous y mettrons des ficelles..."Impossible de chanter çà aujourd'hui: outrage à la république! risque d'expulsion après instruction du dossier.

            Bien évidement, les bretelles je ne les porte pas en public. La honte! Pas même devant mes enfants.  -" Papa tu n'es pas in". Rendez vous compte moi qui veux toujours apparaître comme un père jeune . J'ose les mettre tout juste devant ma femme. Et encore! lorsqu'elle est de bonne humeur.

            Heureusement Gainsbourg avait quelque peu changé le rythme et la mélodie de notre Marseillaise.  Dans les stades on ne la reconnait plus . Ouf ! S'il m'arrivait d'aller au stade je pourrais la chanter.

            Gainsbourg ? Encore un Serge ! Faudrait pas que ce nom ne fasse que des anars! On ne sait jamais le nom pourrait être interdit. Je regarde la liste des personnalités. Mais voilà, il y a Serge Dassault. Je l'ai échappé belle. Serge nous sauve la mise. Et dire que les mauvaises langues l'ont accusé de ne favoriser que son camp. Merci Serge Dassault.


                                                      Serge

              

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16 mars 2010 2 16 /03 /mars /2010 10:08

 

            L'alternance est un des piliers de la démocratie . Elle permet que le moment venu les élus en place soient dépossédés de leur pouvoir et des avantages que leur procure ce pouvoir non seulement par les indemnités perçues  et les avantages afférents  selon les postes occupés mais aussi par la place privilégiée que cela leur donne pour faire des affaires.

            C'est ainsi que avidité du pouvoir et cupidité les amènent à tout mettre en place pour conserver leur poste et éviter coûte que coûte l'alternance . Dans de nombreux pays , nous voyons des présidents, élus pour la première fois par voie démocratique changer la constitution afin de se maintenir au pouvoir. Aucune région du monde n'échappe à ce phénomène. Certes l' Europe où les démocraties sont implantées résiste mieux que des   pays d'Afrique ou d'Amérique du sud, mais nous ne pouvons pas passer sous silence certaines réformes en Italie  et en France où les nouveaux types d'élection sont faits pour favoriser le parti au pouvoir.

             Par ailleurs ce maintien au pouvoir se fait aussi par d'autres réformes moins visibles mais tout aussi importantes comme les modes de scrutin, les réformes dans la justice, la police ou encore la recherche et l'éducation nationale. Après tout un peuple peu instruit est bien plus malléable.

            Le peuple souhaite l'alternance . Il n'en fait pas mystère à travers les élections.  Mais Il n'arrive pas à déjouer les pièges qui lui sont tendus. C'est ainsi qu'il  n'a pas d'autre choix que d' élire à des élections locales les uns et aux nationales les autres. Nous sommes sur deux plans différents, ce n'est donc pas une vraie alternance. Il est à noter que ce phénomène est commun à beaucoup de pays européens et la social démocratie est la première à en faire les frais. Pourquoi?

            De nombreuses réponses sont données par des experts et des professionnels. Toutes ont très certainement  une part de vérité . Elles ne doivent pas oublier les réponses qui tournent encore et toujours autour de l'argent et du pouvoir. Ceux ci, ces dernières décennies,  se sont constitués,  grâce à la prospérité, autour de capitaux importants détenus  par les décideurs, ceux qui possèdent les moyens de production, de service, de financement et de création d'emploi.  Ils constituent désormais une "classe" indétrônable qui laisse peu de place aux autres sinon celle qu'ils veulent bien leur accorder. Nous nous rendons compte chaque jour combien il est difficile pour de jeunes actifs de s'insérer dans la société.  Indirectement cette classe de possédants fait et défait les campagnes électorales. Les règlements actuels ne suffisent plus à  les  rendre équitables. Il ne peut donc pas y avoir -ou très difficilement- d' alternance à un même niveau de responsabilité politique.  C'est très préoccupant pour l'avenir de la démocratie et aucune réflexion ne semble s'engager sur ce problème chacun cherchant à conserver sa place. Nous restons sur des acquis qui ne correspondent plus à ce que devrait être une démocratie et un état moderne. C'est un retour aux classes sociales avec une bipolarisation : possédants d'un côté et dépendants d'un autre avec la disparition progressive des classes moyennes.   L'histoire de notre pays serait-elle condamnée à n'avancer que par soubresauts avec toutes les conséquences désastreuses qui en résultent ou peut-on imaginer des avancées linéaires, contrôlées et au profit de tous.

                                                     Serge SOULIE

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13 mars 2010 6 13 /03 /mars /2010 10:14

                Elles reviennent avec force  dans le discours des politiques. Les uns en font le parangon d'une bonne gouvernance, les autres les rendent responsables de tous nos maux.  Quel dommage! elles méritent mieux.

                Incontestablement elles ont touché à notre manière de percevoir le travail alors qu'elles sont présentées  comme une simple réduction " du temps travaillé". De ce décalage naissent  des controverses  stériles se substituant à une question essentielle qui est celle de l'utilisation du temps dans nos vies.

                Elles ont  créé beaucoup d'énervement  chez  les employés comme dans  l'encadrement lors de leur mise en place parce qu'il ne s'agissait pas seulement de réajuster un emploi du temps mais d'acquérir une nouvelle conception  du travail. Un tel changement  ne peut se faire qu'avec le temps et les ruades actuelles prouvent qu'il  n'est pas terminé .  Plus grave encore:  rien n'est mis en place pour faire évoluer les mentalités.

 

 Il est urgent:


                - De ne s'enfermer dans aucune idéologie concernant les 35 heures  et oser regarder la réalité telle qu'elle se présente. On y verra alors quelles ont posé problème dans certains secteurs mais aussi qu'elles ont permis des embauches.

                -  De se débarrasser des discours politiciens selon lesquels on peut travailler plus sans prendre le travail des autres. Le chômage nous montre qu'il n'y a pas du travail pour tous. Il faut  partager  l'  existant .  Il y a plusieurs manières pour faire ce partage : diminuer le travail pour tous ou bien permettre aux uns de travailler autant qu'ils le veulent et mettre les autres au chômage. Cette dernière solution est très onéreuse, elle génère à la fois de l'angoisse(maladie, soins, sécurité sociale),de la désocialisation,  de l'oisiveté et de la paresse. Est- bien ce que nous voulons?

                - De cesser de croire que Dieu à fait l'homme pour le travail. Dans le mythe de la Genèse, le travail est présenté comme la conséquence d'un mauvais comportement de l'homme "tu mangeras ton pain à la sueur de ton front". Plus subtilement  Jésus retournera l a chose en disant que l'homme n'est pas fait pour le sabbat (le repos) mais le sabbat pour l'homme".

                - De regarder dans notre histoire le progrès (des techniques par exemple)et des évolutions. Ils ont permis  que le temps de travail nécessaire à la satisfaction des besoins de la vie ne cesse de diminuer. Une réflexion sur les besoins de l'humain ne peut être évitée si on veut un tant soit peu corriger les injustices et les inégalités.

                -De s 'interroger sur ce que représente le travail pour l'homme:

                       * la satisfaction des besoins indispensables (nourriture, logement, habillement..)

                       * Un moyen de s'accomplir en tant qu'humain: l'animal ne travaille pas de lui-même.

                       * Créer des liens avec ses semblables, être reconnu et partager un savoir faire.

             - Enfin examiner le type et les conditions de travail de ceux qui proposent de travailler plus (ici au delà des 35h) et de le comparer à ceux qui sont invités  (ou obligés ) de travailler davantage.

Le travail est-il une proie sur lequel chacun se jette et où les plus forts se servent en premier ou un gâteau à partager avec une part pour chacun? 

                                                             Serge Soulié

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7 mars 2010 7 07 /03 /mars /2010 17:33

 

Etude à partir du texte biblique   


         -      Luc 13/ 1-9    -          

 

            Jésus s’oppose ici à l’idée selon laquelle l’humain serait puni selon ses péchés. Si des galiléens ont été massacrés ce n’est pas parce qu’ils étaient plus grands pécheurs que les autres galiléens. Si la tour de Siloé s’est écroulée sur dix huit personnes ce n’est pas parce qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem. S’il y a eu un tremblement de terre à Haïti et si les immeubles se sont écroulés sur des millions de morts ce n’est pas parce que les haïtiens ont pêché plus que nous, si les vendéens sont morts à cause des inondations ce n’est pas parce qu’ils étaient plus coupables que d’autres.

 

            En affirmant que tous ces morts ne sont pas plus coupables que d’autre, Jésus semble rendre inutiles toutes les religions dont Freud disait déjà –mais cette analyse a été depuis reprise par beaucoup d’autres y compris par les religions elle -  que leur rôle principal était de délivrer l’humanité  du péché et du sentiment de culpabilité. C’est bien ce que nous disons en tant que chrétiens lorsque nous affirmons que Jésus est mort pour nous.

            Il y a ceux qui disent que Jésus n’est pas venu fonder une nouvelle religion mais rendre caduques  celles qui existent. En effet, d’une part il s’est montré très sévère vis-à-vis de la religion juive et d’autre part,  en prêchant la grâce donnée d’emblée à tout homme, sans condition,  idée reprise par Paul dans l’épitre aux Romains, il rend caduque toute attitude religieuse voire toute croyance dont le but serait d’obtenir le salut qui nous est donné par avance.

 

Cette position me parait assez juste et proche de ce que nous dit le récit de Luc. Il est toutefois difficile de le dire aussi clairement parce que, si nous affirmons que le christianisme n’est pas une religion,  nous nous coupons des autres religions et du dialogue indispensable qui doit s’établir avec celles-ci.  Par ailleurs, les chrétiens en sont-ils vraiment persuadés ? En effet, il est difficile, non seulement pour le chrétien mais pour le commun des mortels, de renoncer aux mérites. Les expressions qui nous viennent à l’esprit spontanément sont « à chacun selon ses mérites, il le mérite bien, il n’a que ce qu’il mérite ». Pour nous le mérite fait parti du bon sens commun, il est porteur de justice et satisfait aux impératifs de la morale. Il justifie les richesses les plus extravagantes et les décorations les plus douteuses.

 

          Cette  notion de mérite est tout à fait étrangère à la pensée de Jésus comme le démontre aussi un certain nombre de ses paraboles telles que        « l’ouvrier de la onzième heure ». Jésus ne se satisfaisant pas de ce qui nous paraît aller de soi concernant le mérite, il nous interpelle .

 

Qui décide du mérite d’un autre ? Les décisions seront-elles les mêmes suivant la place de celui qui décide : Est-il un ami ? Un supérieur hiérarchique ? Appartient –il au même clan (politique, religieux, syndical, associatif…) ? Est-il  intéressé  par la situation? Si c’est un  homme s’adresse- t- il à une employée revêche ou à une séductrice avérée ? Si c’est une femme même chose bien sûr.

Que juge- t-on pour attribuer un mérite : La personne ou le travail accompli ? S’il s’agit du travail quels sont les critères de référence pour l’apprécier et qui a mis en place de tels critères ? Quels facteurs sont pris en compte : le temps, l’humeur et la qualité des relations de la personne avec ses collègues, la rigueur dans le travail, la répétivité du geste ou à l’inverse l’inventivité ? Autant de réponses qui impliquent des choix.

Comment définir ce qui est objectif ? Comment saisir ce qui est subjectif ? Et comment prendre en compte toutes les interférences de l’objectivité et de la subjectivité ?

         

   Il apparaît assez clairement -sauf situation exceptionnelle ou faute professionnelle avérée- que l’on peut trouver autant de raisons déclarant le mérite d’une personne et d’augmenter son salaire que de la déclarer déméritante et de ne rien lui donner en plus (ce qui revient à le lui baisser). On peut alors comprendre pourquoi Jésus ne semble pas vouloir s’engager dans un système rétributif mais faire grâce à tous, on peut aussi comprendre pourquoi toutes les religions ont tant de mal à accepter la grâce et préfèrent empiler exigences et obligations.

            Enfin, et c’est très important, dans la création il y a des forts et des faibles, des malades et des bien portants, des adroits et des maladroits, des stables et des instables, sans oublier les bien nés et ceux qui sont mal tombés. Faut-il faire des discriminations ou privilégier la solidarité et la répartition qui deviennent dans ce cas des données fondamentales de l’amour du prochain. Bien sûr, il ne s’agit pas de renoncer aux exigences utiles à un bon fonctionnement, il ne s’agit pas de renoncer aux efforts nécessaires et de reconnaître ceux qui en font ; il s’agit de s’interroger sur la place que nous donnons à ceux qui n’ont pas les moyens (intellectuels, matériels, psychologiques) de la prendre par eux-mêmes.

            Dans les milieux protestants réformés, nous insistons sur la grâce parce qu’elle nous paraît être le fondement du message de Jésus en rupture avec les pensées philosophiques et religieuses de l’époque. Mais nous l’enfermons dans un cadre religieux en faisant une promesse opérante pour un salut futur. Et dès que nous en voyons des signes sur cette terre nous ne l’acceptons plus. C’est ainsi que nous nous  joignons souvent  à la foule de ceux qui ne supportent pas que chacun n’ait pas seulement selon ses mérites. Alors, sans nous en rendre compte nous disons : s’il a cotisé moins il touchera moins, il n’a qu’à vivre avec ce qu’il a. Nous refusons la solidarité, la répartition des revenus et des richesses (par le truchement des impôts) comme si tout le monde pouvait acquérir les mêmes choses, avait les mêmes chances. Autrement dit nous refusons les manifestations terrestres de cette grâce et nous nous contentons de l’utopie qu’elle représente sans essayer de l’ancrer dans notre monde.

 

            Jésus semble nous dire ici que nos attitudes, bonnes ou mauvaises n’attirent pas les imprécations de Dieu ou à l’inverse des bénédictions contrairement à nos pensées naturelles toujours superstitieuses. Enfant, je me souviens avoir entendu ma grand-mère s’interroger sur le fait que les justes et bons avaient souvent des malheurs alors que tout roulait sans problème chez de nombreux méchants. Elle ne comprenait pas que chacun ne reçoivent pas selon ses mérites. Alors elle concluait un peu désabusée par cette maxime en patois : « ploü toutsoun sul bagnat » ce qui signifie : il pleut toujours sur ce qui est déjà mouillé »  Elle voulait dire par là que le mal attire le mal, le bien attire le bien et que ce qui arrive n’a rien à voir avec des bénédictions ou des malédictions divines, qu’il faut prendre les choses comme elles viennent et s’adapter à elles. Pour elle, il ne fallait pas chercher des explications dans la religion et s’interroger sur Dieu mais apprendre à  vivre dans le monde tel qu’il se présente. A y regarder de près, c’est bien l’attitude de Jésus et ce serait une erreur que de réduire son appel à la conversion à une adhésion à des préceptes religieux et à l’entrée dans une religion. Il ne nous demande pas de changer de comportement pour nous attirer les faveurs de Dieu mais pour que notre monde soit meilleur et que chacun y trouve sa place et son bonheur.

            Inutile de spéculer sur le pourquoi des massacres et sur l’effondrement de la tour de Siloé. Ce qui est impératif c’est de s’organiser pour que ces massacres n’aient pas lieu et de mieux construire les tours pour éviter qu’elles ne s’effondrent. Il y a beaucoup de travail et de progrès à faire, les changements demandés par Jésus n’ont pas vraiment eu lieu

 

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                  La Parabole du figuier

 

 

 


 

Après avoir par ces récits  du massacre des galiléens et de la tour de Siloé expliqué que le mal n’était pas une vengeance divine, Jésus dit la parabole du figuier. Le passage d’un texte à l’autre n’est pas évident. Et pourtant ils se suivent, ce n’est peut-être pas un hasard.

            Il m’a semblé qu’ici Jésus veut illustrer ce refrain qui conclue chaque fois les deux premiers récits :

« Non vous dis-je, mais si vous ne changez pas de comportement, vous mourrez tous comme eux ».

Alors que jusqu’ici Jésus nous parlait  de l’action de l’homme à travers l’organisation sociale et politique de la Galilée et de l’œuvre de construction avec la tour de Siloé, cette parabole, renvoie à la nature. Que Jésus se serve de la nature pour faire passer le message selon lequel il faut changer de comportement n’est pas surprenant. C’est bien ce que fait Jean Baptiste qui est allé jusqu’à s’habiller selon la nature  d’une manière un peu provocatrice :

            Il va dans le désert

            Il porte un vêtement de poil de chameau.

            Il a une ceinture de cuir

            Il mange des sauterelles

            Du miel sauvage

            Il baptise en pleine nature, dans le Jourdain

 

Notons au passage que ce baptême n’est pas comme on a l’habitude de le dire la conséquence d’une conversion, il est un retour symbolique aux origines puisqu’on y descend au fond de l’eau, il est une immersion dans la nature  et enfin la condition pour que le Seigneur vienne et non pas une conséquence de sa venue comme dans le baptême tel que nous le pratiquons et qui suit une rencontre avec Jésus-Christ. 

 

            La grâce que Jésus manifeste avec ces deux premiers récits passe ici par une sorte de réconciliation avec la nature. Ce figuier, avant de le couper, il faut le travailler, voir s’il peut encore porter des fruits. Il est hostile par sa stérilité, ce n’est pas une raison pour le supprimer.

Après tout, il serait plus rentable de le couper et sur le terrain y construire (au prix de l’immobilier ! ) et même entrer en conflit avec les voisins en les expropriant pour agrandir le terrain et ainsi construire deux, trois…tours. L’humain est très dévastateur pour la nature.

           

            Hans Jonas, le premier philosophe de l’écologie –qui a dû quitter son pays à l’arrivée d’Hitler au pouvoir – fait l’analyse selon laquelle la violence de la technologie occidentale qui :

            Va jusqu’à des milliers de Km pour puiser les matières premières

            Soulève des montagnes entières

            Modifie de nombreux paysages par la construction de ponts et de barrages

Conduit à une catastrophe globale si aucune prise de conscience n’intervient pour y mettre fin. La puissance technique acquise par l’homme peut bouleverser l’environnement et la sécurité de l’homme.

            Il propose ce que l’on appelle « le principe de précaution » qui consiste à s’abstenir de ce que l’homme peut faire techniquement  pour ne pas anéantir la nature et le cadre de vie, briser le cadre naturel et l’intégrité physique de l’homme. (Il a été le premier à évoquer les dangers du clonage.)

            Pour Hans Jonas la morale de la nature  doit prendre le relais de la morale religieuse chrétienne de Kant qui est une morale du prochain ; Je dirai que ces deux morales doivent collaborer et marcher ensemble.

 

            C’est ce que nous montre Jésus avec la parabole du figuier. Cet arbre naturel, il faudra le supprimer s’il ne porte pas de fruit mais un certain nombre de précautions sont à prendre d’abord, afin que la nature soit respectée et qu’elle puisse jouer son rôle. Cultiver le figuier avant de le couper c’est changer de comportement.

 

            Dans une approche morale classique nous imputons toujours le mal au cœur de l’homme. Ici Jésus fait le lien entre le mal et notre relation à la nature. Notre attitude la détruit, dérègle l’écosystème et engendre la violence et la corruption si des limites ne sont pas posées à l’exploitation de la nature. Que de guerres, de famines à cause du pétrole.

 

           Dans ce texte avec ces trois récits, Jésus fait passer ses interlocuteurs d’un sentiment religieux et superstitieux, d’un questionnement sur ce qui plait à Dieu ou lui est désagréable, à une responsabilité à l’égard du monde qui nous entoure.

           Il nous invite à harmoniser la nature avec l’action de l’homme pour la paix et la justice.

           Formulé encore autrement je dirai que dans ce texte il y a basculement d’une interrogation métaphysique (qu’est-ce que le péché) vers une action concrète (soigner le figuier avant de le couper).Il s’agit bien d’une conversion, d’un changement de comportement.

 

                              Serge SOULIE

 


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3 mars 2010 3 03 /03 /mars /2010 11:51

 

 

            Le débat sur le port de la burqa bat son plein. Dans les journaux, partisans et opposants d’une loi visant à l’interdire s’affrontent.  On voudrait que cette affaire soit spécifiquement liée à l’islam. Les arguments développés par les uns et par les autres sont pour la plupart circonstanciels. Ils  ne vont pas au fond du problème qui pose la question de « comment défendre la liberté de la femme en lui interdisant de se voiler » ? Nous sommes en plein paradoxe.

Cacher la femme est une question inhérente à d’autres  religions, à d’autres cultures, à d’autres civilisations.

 

             Les spécialistes du Coran sont le plus souvent d’accord pour dire que le port du voile, et encore moins de la burqa ou du niquab,  ne sont mentionnés comme une obligation. Pour eux, nous sommes  là en présence de traditions et de coutumes variant d’ailleurs d’un pays à l’autre.

 

            De nombreuses musulmanes ne souhaitent pas porter de voile, et plus particulièrement  la burqa. Il suffit d’écouter par exemple la présidente de l’association « ni putes ni soumises »  ainsi que  la  ministre : Fadela Amara.

 

 

            Enfin, quand bien même Mahomet aurait préconisé le voile, il n’aurait pas été le premier. Il suffit de regarder dans  la Bible une épitre (une lettre) de celui que la tradition chrétienne appelle Saint  Paul - principal auteur du nouveau testament hors des Evangiles-  envoyée aux premiers chrétiens de Corinthe 550 ans avant les premières révélations  du Prophète. Après avoir affirmé que Dieu est le chef du Christ, Christ  le chef de l’homme, et l’homme le chef de la femme (il ne nous dit pas de qui la femme est le chef !) propose que la femme se voile puisqu’il est honteux  pour elle d’avoir la tête rasée ou les cheveux coupés. Le voile est selon lui la marque de l’autorité dont elle dépend à savoir l’homme et il n’est pas convenable que la femme prie Dieu sans être voilée.

            On retrouve dans ce texte clairement affirmé que le voile est le signe pour la femme,  de son appartenance et de sa soumission à l’homme. Il écrira dans une autre lettre : « femmes, soyez soumises à vos maris ». Les signes d’appartenance et de soumission sont bien les griefs faits le plus souvent au port du voile.    

            Certes  Saint Paul  s’intéresse d’abord à la tenue de la femme dans les assemblées religieuses, rien n’est dit sur les lieux publics.  Mais il semble qu’à cette époque la femme était perçue comme devant être soumise et appartenant à son mari. Son statut était proche de celui des esclaves.  C’est ainsi que 5 siècles plus tard, la position  du prophète Mahomet paraît bien plus avancée pour ne pas dire révolutionnaire.  

 

 

            En conséquence, il faut être prudent lorsqu’on parle du voile.  Il  n’est  pas une injonction du Coran,  mais une pratique des époques qui nous précèdent.

Je me souviens d’ailleurs que ma grand-mère, dans les années 50, se couvrait la tête et mettait un voile transparent sur son visage toutes les fois où elle se rendait au temple, reprochant à ma mère (sa bru) de ne pas  en faire autant. La question  prioritaire est  de savoir  ce que la religion garde des traditions et des textes des livres dits « sacrés » comme la Bible ou le Coran. 

Peut-on s’autoriser d’autres interprétations  qui permettraient à chacun de pratiquer sa religion tout en abandonnant ces traditions. Il ne suffit pas d’interdire la burqa pour défendre les droits des femmes,  ce serait pour elles leur retirer des droits religieux. Il me paraît plus important de s’intéresser aux raisons pour lesquelles les femmes la portent. J’ai pu remarquer que des écrivains musulmans posaient la question des coutumes ancestrales dans leur religion ainsi que celle de l’interprétation des textes du Coran, comme s’est posée et se  pose encore  l’interprétation des textes de la Bible.  Je vois dans ces interrogations plus d’avenir que dans de simples interdits toujours près à être exploités par les plus radicaux !


La problématique soulevée par le voile n’est pas à chercher seulement dans l’islam mais dans les profondeurs de l’histoire.

 

            Que l’on me comprenne bien, je ne défends pas la burqa. Je dis seulement que ce qu’on lui reproche, à savoir la soumission et la dépendance, est aussi justifié dans la Bible. Il a fallu des siècles pour s’en émanciper ; et le combat n’est pas terminé, loin s’en faut. Il suffit de regarder aux dogmes du catholicisme et aux pratiques de certaines églises protestantes en particulier aux USA.  Voile, burqa, niquab, ne peuvent être  attribués seulement à la pratique religieuse. Il ne suffit pas de les interdire mais de s’interroger sur ce qui permettra à toutes celles qui  souhaitent pratiquer leur religion, d’évoluer vers des formes de vie  qui n’enferment pas la femme dans la dépendance et la soumission à l’égard de l’homme. Les femmes ont droit à la liberté, condition première de l’amour. Les religions peuvent en être convaincues puisqu’elles se veulent en  être les messagères.

 

            Si une loi interdit le port de la burqa, ce n’est pas seulement parce qu’elle représente  la dépendance et la soumission de la femme,  c’est aussi parce que dans l’organisation de notre société  laïque, il y a des pratiques publiques impossibles  y compris lorsqu’elles sont fondées religieusement. Le religieux reste sous le contrôle de l’Etat pour ce qui est de sa manifestation publique.   Ceci dit nous nous devons de mieux y  réfléchir afin de respecter la même laïcité pour tous. On ne peut pas d’un côté interdire l’appel à la prière du haut d’un minaret et sonner les cloches pour aller à la messe ou au culte.  On ne peut pas avoir comme jours fériés des fêtes chrétiennes et aucun jour pour les autres religions.  On doit cesser de poser des crucifix et des vierges  aux coins  des rues et sur les collines si on  impose aux autres  la plus grande discrétion sur les signes religieux. Une civilisation prometteuse ne se fait pas en excluant  les pratiques des autres mais en harmonisant les apports de chacun. Un juste équilibre est à trouver.  C’est le rôle de l’Etat.  

 

                                                                       Serge SOULIE

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2 mars 2010 2 02 /03 /mars /2010 12:54

 

 

             Lorsque nous lisons un article nous aimons  en connaître l’auteur. Si son nom ne nous dit rien, nous pouvons imaginer le personnage, sa physionomie, son âge. C’est ainsi que nous sommes parfois très étonnés de voir la tête de tel intervenant que nous n’avions qu’entendu sur une radio et qui apparaît sur les écrans de télévision. « Je ne l’imaginais pas ainsi  » disons-nous un peu surpris pour signifier notre bonheur ou notre déception.

            Faute de l’avoir rencontré ou vu en image nous cherchons des renseignements sur ses origines, sa religion, sa parenté et tout ce qui peut le concerner. Cela nous rassure, nous rend le texte plus proche, plus vrai et plus vivant. 

 

            Connaître , d’une manière ou d’une autre , l’auteur d’un article a aussi des inconvénients. Tout d’abord, il y a le risque d’accorder plus de crédit à ce que nous pensons de lui qu’à ce qu’il veut nous dire à travers son écrit. Nous ne jugeons pas des idées exprimées mais nos propres croyances sur le sujet et sur l’auteur. L’anonymat à ceci de positif qu’il nous place devant le texte et l’interprétation ne dépend plus que du texte lui-même et du lecteur.

Ensuite nous prenons le risque de figer l’auteur dans une identité donnée sans nous apercevoir de son changement et de l’évolution de sa pensée. Hors, l’expérience nous apprend que suivre le cheminement d’une pensée est tout aussi riche que la pensée elle-même. Enfin, l’actualité nous montre que l’identité fait débat. Là où jadis elle était une réponse : chaque humain appartenait à telle religion, à telle famille, à telle catégorie sociale et exerçait tel métier, elle est devenue aujourd’hui une question. Les rôles ne sont plus définis, chacun peut choisir selon son gré ; il est possible d’en changer : on change de religion, de métier, de famille (divorce), de genre (homo et hétérosexualité). Rien n’est figé et définitif. « Je est un autre » disait le poète, expression reprise souvent par la psychanalyse pour signaler l’opacité du moi.

 

            Je me suis trouvé confronté à la question de l’identité, lorsque, mettant ce blog en place je devais répondre à la question « qui suis-je ? ». J’aurais aimé ne rien dire. D’abord pour vous, cher lecteur, afin que vous ne soyez pas perturbé par l’idée selon laquelle je serais ceci ou cela. Ce que je souhaite partager avec vous en serait parasité. Enfin pour moi-même, tant il m’est difficile de me laisser enfermer dans des mots et tant je voudrais protéger non pas « ce que je suis » mais « ce que je deviens ».

 

             Au travers de mes écrits, au travers de mes affirmations et de mes contradictions vous me découvrirez peut-être : je suis ce que je me raconte. Mais là n’est pas l’essentiel. L’important est que chacun puisse se dire par ses écrits et ses lectures. Je reste convaincu d’une chose, pour définir notre identité, on n’est jamais mieux servi que par les autres.

 

                                  Serge SOULIE.

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1 mars 2010 1 01 /03 /mars /2010 21:27
 La situation actuelle.

           En France 5 millions de personnes, dont 1/3 de femmes 2/3 d’hommes, sont répertoriées comme malades alcooliques. Tous services confondus, 35 % de personnes hospitalisées, ont des difficultés avec l’alcool. Celui-ci cause 45000 morts par an. (Chiffre à comparer avec les morts du sida ou de la drogue qui n’atteint pas un millier)

           Mais l’alcoolisme c’est aussi près de 29,3% d’hommes et 11,7 % de femmes de la population adulte qui abuse de l’alcool.
Cet abus se manifeste :

   - de manière chronique (plus de 3 verres/ jour / homme ou 2 verres/ jour/ femme.

   - de manière occasionnelle mais répétée

   - de manière cyclique

          Ces personnes ne sont pas classées comme alcooliques mais ce mésusage de l’alcool a des conséquences dramatiques, non quantifiées et non perçues par les intéressés comme par l’entourage et la société en général.

       Colère et emportements non justifiés avec perte de contrôle de soi.

       Grande fatigue attribuée au travail ;

       Difficultés conjugales (trouble de la sexualité, adultères, divorces)

       Peu d’intérêt pour les enfants.

       Altération des facultés de la compréhension et de la réflexion.

           Les causes de cet alcoolisme se situent au niveau du vécu de chacun :
terrain favorable dû à la génétique, héritage social et familial, besoin d’être aimé et compris, besoin de fuir ou d’aménager la réalité pour la rendre supportable. La société à travers ses us et coutumes met à disposition le produit et incite chaque citoyen à prendre de l’alcool.


 La lutte contre la dépendance et les excès d’alcool.

           La lutte contre l’alcoolisme est née dans les pays anglo-saxons dès 1820 sous forme de « sociétés de tempérance » qui invitaient tout un chacun à s’abstenir de boissons alcoolisées. Il faudra attendre 1883 pour qu’une de ces sociétés arrive en France : la Croix Bleue, d’inspiration protestante. La croix d’or et Vie libre d’inspiration catholique puis les alcooliques anonymes avec une démarche spirituelle précise et généraliste ont vu le jour dans la première moitié du XXème siècle.
          Il faudra attendre les années 1950 pour que la médecine s’intéresse vraiment à l’alcoolisme, en donne une définition précise et le classe parmi les maladies pouvant atteindre tout humain ; mette enfin en place de véritables stratégies de soin :

- Cure de dégout (abandonnée actuellement)

 - Piqûre chauffante, quasi abandonnée

  -Traitement par psychotropes (anxiolytiques, antidépresseurs, hypnotiques) et vitamines

  -Groupes thérapeutiques (groupe de paroles, accompagnement ambulatoire…)

 L’approche médicale a été un très grand progrès mais elle a aussi ses limites .

           Elle cible les personnes dépendantes mais laisse ceux qui abusent du produit sans que la dépendance soit installée.

           Le malade s’installe dans son statut de malade et attend la guérison comme venant extérieurement à lui-même.

         L’administration de médicaments psychotropes affaiblit la capacité mentale et intellectuelle  de  la personne.

           Il n’est pas du rôle de l’approche médicale d’intervenir sur la recherche de la raison et du sens de la vie, domaine sur lequel butte la personne qui s’alcoolise.


          Pour ce qui est des excès de l’alcool et de la place que ce dernier occupe dans notre environnement social, il y a peu de choses mises en place ; il y a trois ans la cour des comptes soulignait l’opposition qu’il y a entre les impératifs de santé publique et le poids économique du secteur de la production et de la commercialisation de l’alcool.
 Quant à la lutte pour la sécurité routière si on ne peut que se réjouir des résultats obtenus, on peut déplorer que ses slogans soient presque un encouragement à s’alcooliser pourvu que l’on ne conduise pas.


 Quelques suggestions pour en sortir :

Déclarer l’alcoolisme cause nationale au même titre que le cancer.

Faire comprendre à la population que l’alcool est un produit dangereux, qui ne peut être consommé qu’exceptionnellement ou pas du tout !
Il ne peut être banalisé comme c’est le cas actuellement.

Travailler pour qu’il y ait un changement de statut de l’alcool dans la société.
Consommer de l’alcool même modérément, n’est pas une norme. Il reste une drogue au même titre que le tabac.
La possibilité de vivre sans ce produit doit être pleinement reconnue.

 Il faut démystifier la place de l’alcool dans notre société. Exemple : ne plus l’associer aux  victoires, à la fête, à l’apéritif.
Savoir accueillir sans offrir de l’alcool.
Raréfier les points de ventes.

Cesser de faire de ce produit une base culturelle. Il fait partie des us et des coutumes. La culture, à l’inverse, recherche l’inédit. Elle nous élève au dessus de nos habitudes. Elle nous amène à choisir nos amis, nos comportements, nos pensées, les choses.

 Repenser la consommation d’alcool et la liberté publique comme cela a été fait pour le tabac. Il y a trop de tables, trop d’endroits, trop de fêtes, trop de traditions où la liberté publique n’est pas possible car non organisée par la loi.

Conclusions

             Lorsqu’une personne dépendante de l’alcool cesse de boire elle est montrée du doigt. Elle s’entend dire « vous êtes malade ». Elle se sent rejetée, mise à l’écart, pas comme les autres, pas dans la norme. C’est pourquoi il est très difficile d’arrêter de boire sans livrer un combat, sans entrer dans une opposition qui n’est pas à la portée de tous. Seule une révision de la place de l’alcool dans notre société peut aider à la guérison de la dépendance et au recul des méfaits de l’alcoolisme en général.
            Aujourd’hui celui qui vit sans alcool parce qu’il a choisi, qu’il soit un ancien malade alcoolique ou pas, ressemble à ce mât sur lequel s’est fait enchaîner Ulysse pour ne pas succomber au chant des sirènes en se précipitant dans l’océan. Beaucoup viennent à lui pour ne pas succomber à ce produit dangereux, pour garder la distance.

                                                                          Serge SOULIE
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28 février 2010 7 28 /02 /février /2010 09:27


       Il est toujours là le vieux garagiste, affairé dans son garage. Légèrement voûté, pour avoir trop mis le nez sous le capot  des voitures. Quelques cheveux raides et grisonnants, bien peignés,  lui cachent la nuque.  Il va et vient d'un moteur à l'autre. Il fait toujours trois choses à la fois. Regardez le : il met de l'huile dans la culasse du cabriolet de Madame la marquise, tout en exposant le diagnostic catastrophique de la panne du gros  4X4 de Monsieur le  Directeur ce qui ne l'empêche pas d'actionner avec son pied droit le cric qui soulève la voiture de la vieille dame. Il va changer la roue.
     
       L'autre jour, de l'autre côté de la ville, j'ai dû ranger ma citadine sur un trottoir, l'embrayage avait lâché. J'ai couru sans réfléchir chez mon garagiste . Il bricolait  deux choses à la fois , comme à son habitude. Après avoir entendu ma mésaventure, avec la  main non occupée il m'a tendu un trousseau de clés, m'a désigné une barre de tractage et la dépanneuse. Me voilà parti pour remorquer ma voiture jusque dans son garage.

       Sur son agenda, il est marqué " fermeture samedi prochain " pour cause d'anniversaire. Sa famille l'a obligé à marquer pareille sottise grommelle-t-il.  Le garage sera fermé.  Voilà quatre vingt ans qu'il n'avait jamais pensé à sa date de naissance.Ceux qui l'aiment ont pensé pour lui. Bon anniversaire Monsieur le garagiste ! moi aussi, je vous aime bien!

       Le matin pour acheter le journal,  le portail franchi, je peux tourner à gauche ou à droite.  Je pars toujours du même côté. Du côté du garage bien sûr. Pour voir mon garagiste. Tout travaille chez lui : la tête, les jambes, son corps. Je le salue, il me salue. Je le regarde. Je suis heureux, il me rend paresseux !

        Dans quelques mois il se retrouvera peut-être seul dans son garage. Son fils va prendre la retraite. Il va fêter ses soixante ans.  Il travaille au garage depuis plus de quarante ans. " Il l'a bien méritée sa retraite " dit le père, " Ici le travail est très dur, je ne trouve pas de remplaçant, les jeunes ne veulent plus travailler ".

         Mais non , Monsieur le garagiste. Le problème est que, de nos jours, les voitures ne tombent plus en panne.

                                                                                                        Serge SOULIE

       
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26 février 2010 5 26 /02 /février /2010 21:38
 

Trois chercheurs travaillant dans des labos d’université, de polytechnique, normale sup ou science po, médaillés du CNRS, ont envoyé une lettre à leur supérieur pour refuser plusieurs dizaines de milliers d’Euros de « prime d’excellence scientifique ». Pour le plus haut gradé d’entre eux cela représente 15000 euros annuels sur quatre ans renouvelables. Ils demandent que ces fonds soient alloués au recrutement et à la valorisation salariale dans leur secteur ou versés à la Fondation de France. Leurs motifs sont sans ambigüité : ils refusent la politique de différenciation salariale conduisant à un système de compétition systématique où « les capitaines » pourront négocier  leur salaire avec à leur service des contractuels traitables et corvéables à merci.

 

Cette attitude pourrait passer pour un coup de gueule ou, au mieux,  un acte militant parmi d’autres si elle ne remettait pas en cause les plus bas instincts de l’homme qui consistent à gagner toujours plus,  avoir toujours plus de pouvoir pour dominer les autres, ne pas se soucier des autres sinon pour leur laisser quelques miettes. La volonté d’introduire le mérite dans tous les services publics ou des slogans faciles du style « travailler plus pour gagner plus » flattent ces instincts. Le succès électoral le confirme.

 

Les propositions de nos chercheurs nous rappellent  d’une part que tout résultat est le fruit d’un travail collectif dans lequel chacun a sa place .Il n’y a pas de positions serviles.   D’autre part, chacun doit être correctement rémunéré pour son travail  sans que cette rémunération soit sans cesse indexée sur la qualité du résultat, sur la quantité  ou encore  sur le temps passé à la tâche. Il faut savoir tenir compte de la réussite ou des aptitudes de chacun sans leur donner une valeur marchande.  Nous sommes là devant une attitude de bon sens. Tout le monde ne peut pas avoir accès au plus haut grade mais tout le monde doit pouvoir gagner sa vie.  Tout le monde n’a pas les mêmes possibilités mais tout le monde doit trouver sa place dans la société.

 

Leurs propositions sont d’autant plus remarquables que notre société s’est développée sur cette idée selon laquelle tout ne pouvait s’acquérir que par le mérite y compris, ce qui à une époque donnée était le plus important, le  ciel. Notons d’ailleurs ici cette curieuse et ridicule position de l’Eglise qui depuis le moyen âge a tant développé la théologie des mérites jusqu’à en imprégner la totalité des domaines de la société française alors même que Celui qu’elle considère comme son chef -Jésus, le Christ- s’insurgeait contre tous ses contemporains qui voyaient dans ce qui leur arrivait une juste rétribution. En parlant de grâce, il prenait à contre pied toutes les religions et le modus vivendi de l’époque.   Cette idée de mérite ressurgit encore aujourd’hui avec tous ceux qui contestent la solidarité et la répartition dans nos organismes sociaux pour mettre à la place des systèmes de capitalisation qu’ils qualifient de plus équitables et de plus justes.

 

Le 25 février  Serge SOULIE

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25 février 2010 4 25 /02 /février /2010 13:52
Cantona

    En 2009, en marge du festival de Cannes, le jury œcuménique a attribué son prix au film de Ken Loach : looking for Eric. Ce jury  est composé de professionnels du cinéma et chrétiens engagés  désignés années après années par deux associations : Signis pour les catholiques et Interfilm pour les protestants. Le prix est décerné à un film de la compétition officielle pour ses qualités artistiques, ses valeurs humaines et spirituelles. Le prix a été accordé à             « looking for Eric » parce qu"’il exalte des valeurs mises à mal de nos jours telles que l’amitié, la solidarité, le sens de la famille, le dialogue avec soi-même et avec les autres."
    Ce film correspond bien, semble-t-il, aux critères que s’est donné le jury. On ne peut pas s’étonner que des chrétiens mettent en avant ces valeurs morales concernant la famille et l’être humain. Dans ce milieu on reste encore très souvent persuadé que la religion fonde la morale. La tentation est de voir en celle-ci les dernières traces de la société judéo chrétienne ce qui vaut bien un prix ! Heureusement le film laisse  la possibilité de penser que cette même morale apparaît comme une exigence dès que des humains se tournent vers leur conscience et vers le prochain.

Looking for Eric et la réflexion théologique.
    
    Plus encore que la morale, la pertinence du questionnement  sur Dieu et sur Jésus semble être une des caractéristiques du film. «  Ce n’est pas ce qu’à voulu dire l’auteur »  diront les puristes. Peut-être. Mais n’est ce pas la grandeur d’une œuvre que d’en suggérer plus que le message initial voulu par son auteur ? Notons par ailleurs  que les références spirituelles sont bien présentes dans le film : Cantona y est acclamé comme Jésus !

    Ce film est une incitation à ne pas baisser les bras et à chercher en soi les forces qui amènent à changer les situations les plus compliquées à partir de choix successifs où des risques sont pris.
    Ces forces sont puisées  ici dans l’image spéculaire, une sorte de double de soi parfait mais qui n’existe pas dans la réalité.  Cette perfection autoriserait à appeler ce double  Dieu qui est représenté ici par Cantona et qui dans le champ de la religion chrétienne n’est autre que Jésus. Jésus représente Dieu, il est l’image de Dieu comme l’homme à son tour est appelé à devenir image de Dieu. Dieu ne peut être représenté ni par des objets ni par des mots, il ne peut l’être que par Jésus et par tout humain qui s’y prête. Je note qu’à la fin Cantona est appelé Jésus. Il est donc intéressant de regarder au rôle joué par Cantona.  Ici l’idole est devenue active et agissante  parce qu' intégrée. Elle n’a plus besoin d’être placée hors de soi pour être adorée ce qui rendrait son adorateur entièrement servile Elle est, non un modèle mais un interrogateur et un conseiller qui procède par énigmes et paraboles, ce qui fera avancer Eric jusqu’au dénouement de la situation la plus compliquée. Ce dénouement le fera apparaître comme celui qui a su élever les deux garçons dont il a hérité malgré lui alors que l’on aurait pu penser qu’il avait raté leur éducation.

    Le parallèle entre Jésus et Cantona a pu marcher uniquement  parce que Dieu était posé au départ comme double parfait d’Eric. Ce double parfait  fera que Cantona ne sera pas seulement une idole aliénante et extérieure mais la représentation et la mise en route d’une énergie fondamentale nécessaire au changement.

    Cantona joue le rôle de Jiminy Cricket qui vient parler à l’oreille de Pinocchio lorsque celui-ci fait des bêtises parce qu’il n’écoute pas sa conscience. Mais alors que Jiminy ne fait que poser des interdits, Cantona incite Eric à réfléchir et à choisir. Il le  laisse inventer des solutions et mettre en œuvre  les meilleures tout en l’invitant à d’autres choix si celles-ci échouent. Ces inventions de solutions et ces possibilités de choix passent bien sûr par le pardon, le renoncement et par la certitude qu’il n’est pas possible de prendre au mot ce que chacun dit ou ce que l’on croit. Aucune situation n’est figée, aucune parole ne s’épuise dans le sens qu’on lui donne à priori, pas plus du côté de celui qui énonce que de celui qui écoute.

                        Introduction à une réflexion sur le cinéma à partir du film :
                              « Looking for Eric »  pour le groupe Chrétien Citoyen.

                                                        Serge SOULIE


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Qui suis-je ?

     Titulaire d'une maitrise de théologie et d'un DESS de psychopathologie clinique, j'ai été amené à exercer plusieurs fonctions  et plus particulièrement la mise en place d'un centre socio- culturo- spirituel protestant puis la direction pendant 12 ans d'un centre de cure pour malades alcoliques. J'y ai découvert l'importance d'apprendre à écouter l'humain dans toutes les dimensions qui le constituent. Aujourd'hui, inscrit au rôle des pasteurs de l' Eglise Réformée de France, j'essaie de mettre des mots sur mes expériences et de conceptualiser mes découvertes.
serge soulie

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