On sait qu’en 1755, le tremblement de terre de Lisbonne, suivi d’un puissant tsunami et de nombreux incendies fit entre 50 000 et I00 000 morts. Théologiens et Philosophes ne manquèrent pas de s’affronter dans de nombreux débats sur la question du mal et le caractère arbitraire avec lequel les gens mouraient. « C’est injuste, ils ne le méritaient pas » dirait-on aujourd’hui.
Voltaire nous dit-on eut une vive controverse avec Rousseau et « fut guéri » de la théodicée de Leibniz qui défendait le meilleur des mondes. Quant aux scientifiques de l’époque, surpris par un tel séisme ; ils s’attachèrent à mettre en place la sismologie moderne dont on voudrait aujourd’hui qu’elle nous en dise plus encore.
Après ces violents séismes, celui d’Haïti comme celui du Japon les questions du mal et du pourquoi de tels cataclysmes se posent avec beaucoup moins d’acuité. Le progrès des sciences et les évolutions de la pensée font que l’on n’attribue pas systématiquement à Dieu les catastrophes naturelles. Les victimes se limitent à invoquer la divinité pour les sortir de la souffrance et de l’enfer dans lequel elles se sentent enfermées sans pour autant lui en attribuer les causes. Dieu n’est plus coupable. Ce sont désormais les nouvelles connaissances qui désenchantent le monde et génèrent la plus grande angoisse : Que se passera-t-il en effet si la couche d’ozone ne nous protège plus, si la glace des deux pôles fond et fait monter le niveau des mers et des océans de plus 60 mètres ? Il n’est plus possible d’envisager la disparition de la planète dans un proche lointain seulement par la faute des humains (par le nucléaire par exemple) ou encore dans plusieurs millions d’années par remaniement de tout le système solaire. Les catastrophes naturelles pouvant être proches suffisent à détruire notre planète. Tenons-nous prêts à mourir.
Ainsi, nous voilà revenus en arrière, du temps où les humains craignaient le pire au moindre caprice de la nature faute de connaissances. Incantations, rites religieux, invocation des esprits étaient leur seul espoir pour chasser le pire. Nous savons aujourd’hui que tout cela ne marche pas et si Dieu n’a pas d’action sur la violence de la nature, si la science malgré toutes nos connaissances n’y peut rien alors l’angoisse a de beaux jours devant elle. C’est encore notre relation à la mort qui est posée. Nous sommes face à notre finitude.
Serge