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21 juin 2010 1 21 /06 /juin /2010 11:30

            Selon un dernier sondage prenant en compte les dernières péripéties de l' équipe de France, 75 % des français trouvent que cette équipe a un comportement scandaleux parce qu'elle ne représente ni la France ni les français.

            Erreur. Cette équipe est conforme au peuple français et à ses dirigeants et de tous les entraîneurs réunis en Afrique du Sud , Domenech est certainement celui dont l'équipe reflète le mieux son pays et ceux qui le dirigent.

 Détails:

            Domenech reste en place bien que la majorité du monde du foot et des supporters demandent un changement. Comme notre gouvernement.

            La presse est manipulée par des huis clos, de fausses infos relevant de l'esbroufe. Comme nos médias qui heureusement pour certaines tentent de résister.

            Joueurs et dirigeants s'invectivent en suivant l'exemple  du président de la république  .

            L'individualisme s'impose, chacun tirant sa couverture à soi comme le font nos politiques au pouvoir.

            La cupidité triomphe à l'exemple de nos ministres.

            Alors de grâce, sachons apprécier une équipe de foot qui donne au monde entier le vrai visage de la France et de ceux qui la gouvernent. D'ailleurs les étrangers ne s'y trompent pas à en croire ce qu'ils écrivent. Enfin, pourquoi ne pas donner la légion d'honneur à l' entraineur. Cette médaille pourrait-elle mieux représenter ailleurs ce qu'elle représenterait ici?

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18 juin 2010 5 18 /06 /juin /2010 11:56

 

 

Comment aider une famille à se séparer du cercueil de celui ou celle qu'ils aimaient tant sans succomber à des rites laissant croire que la mort est dominée et qu'elle ne sera qu'une rupture passagère. Lors de la disparition d'un ami, sa famille m'avait demandé de prendre la parole au cimetière - où se trouvait aussi de nombreux amis-  avant que ne se referme le tombeau.  En voici le texte.

 

                    Vous connaissez cette parole que  vous entendez souvent lors des enterrements : " Tu étais poussière et tu redeviendras poussière "

            C'est ce que l'auteur du livre de la Genèse, premier livre de la bible, fait dire à Dieu après qu'Adam se soit reconnu tout nu et ait mangé du fruit de l'arbre défendu.  C'est une façon d'expliquer le sens de notre passage sur cette terre.

            Cette explication n'est pas anodine parce que ce passage sur terre ne se fait pas sans de fortes émotions à cause des ruptures qu'il implique.

            - Il y a la naissance ( l'arrivée) qui donne de la joie

            - Il y a la mort ( le départ) qui procure beaucoup de tristesse.    

            C'est pourquoi dans un autre livre, celui du prophète Essaie, celui-ci fait dire à Dieu:

            "Quand les montagnes s'effondreraient, quand les collines chancelleraient ma bonté pour toi ne faiblira pas , mon alliance de paix ne sera pas ébranlée, je t'aime d'un amour éternel et je te garde ma miséricorde ." 

            Ce texte m'inspire 3 choses:

            La première est que dans un jour comme celui-là nous avons besoin de paix  au plus profond de nous. Il y a 15 jour, le lundi,  jour pour jour à la même heure j'étais devant le cercueil de ma mère. J'étais à votre place, j'écoutais et le pasteur parlait. Je ne sais plus ce qu'il a dit mais ses paroles m'ont fait du bien, elles m'ont apaisé. Elles venaient prendre le relais de ce corps que nous mettions en terre  et je puis vous dire que j'avais besoin de paix en mon cœur comme en ont besoin aujourd'hui l'épouse, les enfants et tous ceux qui aiment celui qui nous quitte.  Ce jour là j'ai fait l'expérience que l'homme " ne vit pas de pain seulement mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu" et Dieu pour s'exprimer emprunte la bouche des hommes.  Ce sont les paroles qui nous font vivre . Nous nous souvenons d'elles comme le malade qui repasse les paroles de son médecin pour croire à la guérison,  comme les parents qui répètent  celles du maître de leur enfant pour s'assurer de son avenir ,ou encore les enfants pour se souvenir des bons conseils de leur parents.

            La deuxième chose  est que le départ de ceux que nous aimons  nous invite à regarder  sans crainte la fragilité de notre propre existence et à reconsidérer notre échelle de valeur . La vie est pour beaucoup d'entre nous, difficile , il faut se battre pour survivre, pour que chacun ait sa part, il y a beaucoup d'injustices, nous devons subir de la fatigue mais aussi des contrariétés, des frustrations qui nous éloignent parfois un peu de l'essentiel. Ici le texte nous rappelle que l' essentiel c'est bien l'amour, non pas le sentiment ou la compassion même si elle est indispensable mais  nous devons avoir à l' Esprit le souci d'aimer et d'être aimé autrement dit de vivre en bonne relation avec tout le monde, en communication comme on le dirait aujourd'hui. Ceci ne veut pas dire penser et croire  comme l'autre mais garder la capacité d'échanger et de construire notre monde avec lui. Ceci est vrai dans la famille, avec les voisins, c'est vrai aussi entre les peuples, entre les nations.  L'utopie serait qu'il n'y ait plus  qu'une famille, qu'un peuple, qu'une nation.

            Enfin  , comme le dira un autre  grand personnage  de la bible , l'apôtre Paul, à qui on attribue de nombreux écrits du nouveau testament , si "l'amour ne périt jamais", ce n'est pas l'amour construit par les hommes. Nous le voyons bien autour de nous celui-ci finit trop souvent en  mésententes dans les couples , dans les familles, dans le voisinage, dans le monde sans parler de la mort qui met fin à toute relation et cause beaucoup de peine. Le départ de ceux que nous aimons,  nous invite à regarder un peu plus loin que notre quotidien. C'est tout le message de la foi chrétienne. Elle nous invite à regarder à un homme dans lequel nous pouvons nous reconnaitre , ce n'est pas un illuminé, ni un faiseur de morale , ni un" je sais tout" qui nous écraserait par son savoir, ses origines, ses prétentions. Cet homme appelé Jésus, le Christ, le Messie, l'Emmanuel ou tout autre nom encore selon les traditions, c'est quelqu'un qui vit avec nous ce qu'il pense avoir compris ce qu'est l'amour. Plus je m'intéresse à lui et plus je découvre qu'il a su porter en lui et vivre ce que nous disent les plus sages, les meilleurs philosophes et les penseurs les plus avertis.  Il a su par ses actes et ses paroles, extirper la haine de ce monde, celle qui est dans nos cœurs.  Il a fait de Dieu un Père  alors que les religions en font encore trop souvent un instrument pour porter des jugements, pour exclure, parfois même pour tuer. Dieu y est encore représenté comme un juge qui aurait une balance où il pèserait nos bonnes actions et nos mauvaises afin de  nous condamner selon le plateau le plus lourd.

            Jésus à rendu caduc tout cela , il a arraché cette balance d'entre les mains de Dieu , nous n'avons plus de souci à nous faire de ce côté là, le salut nous est acquis et nous sommes libres pour participer à la construction d'un monde plus souriant où chacun a sa place.  Vous y avez la vôtre, j'y ai la mienne, nous sommes attendus.

 

                                                                      

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12 avril 2010 1 12 /04 /avril /2010 22:06

 

            Alors que je faisais part à un ami , proche du peuple d'Israël, de l'intérêt suscité en moi par les découvertes historiques permettant de se faire une idée du "comment ce peuple s'est constitué", je me suis pris une volée de bois vert sans avoir pu exprimer   mes interrogations à la suite de cette lecture. Je me suis tu et je suis parti afin de ne pas porter atteinte à notre amitié. Moi qui pensais pouvoir m'entretenir avec un connaisseur et un hébraïsant me voilà,  sans voix, bien déçu.

            Quelques temps après,  à y regarder de plus près, je prenais conscience que ce type de virulence accompagnait très souvent les défenseurs d'Israël.  Je connaissais les positions souvent idéologiques prises par ceux qui défendent exclusivement les palestiniens, je découvrais des positions tout aussi radicales parmi les défenseurs de l'autre camp.  Dans ces conditions, pas étonnant qu'il ne puisse y avoir de dialogue possible.

            Les partisans, à tous prix,  d'un territoire pour Israël, devraient tout d'abord s'interroger sur la mission du peuple qui selon eux est le peuple de Dieu. En effet ce peuple reçoit l'ordre d'aller vers la terre promise, la terre que Dieu lui  montrera. Il est à noter que les frontières de cette terre ne sont jamais précisées et qu'ainsi le peuple reste suspendu au doigt de Dieu, ce Dieu qui pointe une  terre promise, toujours montrée, jamais définie. C'est ainsi que ce peuple reste un peuple en marche  sans jamais recevoir l'ordre de s'installer.   

            L'histoire est venue contrarier la vocation donnée à ce peuple.  Il y aura les croisades, l'inquisition .  Au 19 ème et 20 ème siècles  les pays de l' est  repoussent et  méprisent les nombreux juifs installés en leur sein . Cette attitude renforcera la naissance du sionisme . Certains juifs envisagent déjà de reconquérir les territoires dont ils ont été chassés depuis près de 2000 ans. Ils veulent avoir une terre .  Hitler se servira de ce désir des juifs pour leur contester dans un premier temps la nationalité allemande puisqu'ils se réclament d'une double nationalité (juive et allemande), pour les éliminer ensuite de manière systématique. La plus grande tragédie de l'histoire.

            On comprend alors que ceux qui se reconnaissent juifs -ou qui sont reconnus tels par les non juifs-  n'aient qu'une hâte, celle de revenir ( et par extension de créer)  dans un pays où ils seront enfin chez eux et en sécurité. Qui pourrait contester un tel sentiment et une pareille volonté après la shoah? Ceux qui contestent Israël se voient obligés de nier celle-ci, autrement dit nier l'évidence.   Les nations unies sont allées dans ce sens en attribuant à Israël le territoire convoité tant elles se sentaient responsables de la Shoah. Il  fallait expier les fautes de l'occident. Ce faisant personne n'a pris conscience que le besoin de protection de ceux qui se disent juifs , joint à cette décision des nations unies allait à l'encontre de la vocation du peuple juif puisque celle-ci est d'avancer vers la terre promise. Enfermer ce peuple, par sa volonté ou par ceux qui le soutiennent entre des murs et dans un territoire déterminé va à l'encontre de l'appel initial de Dieu. Autrement dit par la faute des hommes, on contredit une demande de Dieu.

            Bien sûr ces remarques ne signifient pas qu'Israël n'ait pas droit à un territoire où il se sentirait en sécurité . Est-ce vraiment possible puisque pour atteindre un tel but il faut chasser  le  peuple palestinien installé  depuis près de 2000 ans . Ne serait-il pas plus judicieux de déplacer le combat que mène ce peuple avec tous ceux qui le soutiennent en renonçant à l'enfermer dans des enceintes clauses  mais en lui donnant la possibilité de s'installer dans le monde entier pour être fidèle à sa vocation. Combat autrement plus difficile! La terre entière lui appartient. Il est d'ailleurs  remarquable de constater que ce peuple qui n'a pas de terre à lui est sans cesse invité à faire droit aux étrangers. Quel paradoxe. Israël est toujours chez lui, les autres sont des étrangers. Cette vision divine est actuellement inversée et c'est certainement la raison pour laquelle il  n'y a pas de solution. Quant à  la division en deux états, elle  parait bien compromise.

            Utopie, diront les uns. Certainement. La mission de Dieu n'est-elle pas toujours utopique d'où sa difficile recevabilité par les humains?

            Pourquoi Israël seulement, diront les autres. Certainement. Mais la venue de Jésus n'a t-elle pas ouvert à tous les peuples la terre entière comme c'est le cas pour Israël ? Jésus dira que le fils de l'homme n'a pas de lieu où reposer sa tête.

            Lorsque l'humain croit résoudre les conflits en érigeant des murs, l'histoire nous montre qu'il se méprend. Les plus solides de ces murs tombent un jour ou l'autre. Faut-il alors persister dans cette voie avec Israël? Je n'en suis pas certain. Ne serait-il pas   sage de travailler afin que tous ceux qui se réclament du judaïsme puissent s'installer sur toute la terre et rendre le territoire d'Israël convoité à ceux qui l'ont occupé pendant deux millénaires ? Peut-on aller à l'encontre d'une vocation première qui a été perçue comme venant de Dieu et validée par près de trois mille ans d'histoire puisque tout cela a  commencé avec Abraham et qu'il n'y a jamais eu une nation, un territoire mais un peuple en marche. Un territoire et une nation sont un faux rêve,  une illusion pour les juifs, illusion induite par la méchanceté des hommes qui se perpétue depuis des siècles et s'oppose à la volonté divine.  

                                                                                                           Serge SOULIE

 

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2 avril 2010 5 02 /04 /avril /2010 20:52

 

 L'alcoolisme reconnu comme maladie


            Aujourd'hui, l’alcoolisme est reconnu quasi unanimement comme une maladie. Le corps médical, a été le premier à faire cette démarche ; l'OMS le dépeint  comme «  des troubles mentaux et du comportement liés à la consommation d'alcool » ;  le  public,  adhère également à la notion de maladie tout en feignant d’ignorer la dangerosité des boissons alcoolisées. L’emploi du mot alcoolisme est  le plus souvent  évité au profit de termes plus précis comme  œnolisme, éthylisme, exogénose, intoxication OH et plus  généralement encore dépendance ou addiction. Ces termes  veulent écarter toute idée de jugement attachée au mot alcoolique dans le langage courant.  Les malades eux-mêmes n'aiment pas ce terme  parce qu'ils ont  du mal à se reconnaître comme tels. C'est ainsi que l'on est en droit de se demander si ce mot est évité pour ne pas les choquer et les contrarier à  moins que ce soit par  manque de courage ou par excès de précaution de la part des soignants.  Evitons les mots qui fâchent!


                 1- Raisons   amenant à faire de l'alcoolisme une maladie.


             Au 19 ème siècle l’alcool était une boisson magique aux propriétés divines. Pour s’opposer à ses effets, les antialcooliques l’avaient désignée comme une boisson diabolique,  autrement dit   comme le mauvais objet.  Ainsi, ceux qui s'adonnaient à un tel breuvage étaient considérés comme gagnés par le vice, ce qui leur valait d'être marginalisés et rejetés. Ils  faisaient l'objet de condamnations à la fois religieuses, pénales et sociales.  Du bon utilisateur rabelaisien du 16 ème siècle où l’ivresse était considérée comme un bonheur,  on était passé au mauvais utilisateur modèle Zola, l’alcool étant la cause de bien des malheurs. Le concept de maladie permettait de sortir de la vision manichéenne de l’alcoolisme.

            Cette nouvelle définition provoquait  alors un nouvel intérêt pour le malade qui  désormais, faisait l’objet de toute l’attention des soignants.  La souffrance physique et morale leur devenait insupportable dans une société qui se veut aller de l'avant dans tous les domaines et tout particulièrement dans celui de la douleur.  Le désordre social occasionné par la dépendance était mis en évidence à travers les violences conjugales, les mauvais traitements aux enfants et les accidents en tout genre.  Le coût de l’abus d’alcool devint un enjeu économique  qui ne pouvait rester sans réponse. 

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                               Enfin,  les progrès scientifiques et l’apparition de nouveaux médicaments  encourageaient les médecins à imaginer des soins efficaces. L'espéral avec les cures de dégoût,   la piqûre chauffante et son injection de sulfate de magnésium et plus récemment l’aotal, portaient beaucoup d'espoir. Ils ont été largement utilisés. La mise  sur le marché  de psychotropes aux  nouvelles molécules  limitant considérablement les effets secondaires laissait espérer la mise en place d’un accompagnement au long cours venant tempérer les effets d’un sevrage difficile à mettre en place et à supporter.  A cela s’ajoutait une demande importante des associations, pas toujours satisfaites des résultats  obtenus auprès des malades alcooliques et en quête de nouveaux  moyens pour venir à bout de la dépendance. Les médecins étaient sollicités et vilipendés s'ils ne répondaient pas.

            Tout était en place pour que l’alcoolisme soit reconnu comme  une maladie. La démarche s’effectuera dans les années 50-60. Le concept est maintenant acquis depuis une quarantaine d’années. L’alcoolisme est soigné au même titre que toutes les maladies. Des protocoles de soins ont été mis en place et validés par la conférence de consensus par exemple.

            La médicalisation radicale de la dépendance à l’alcool a eu des aspects incontestablement positifs dans le traitement de cette pathologie et des pathologies associées.  Elle a aussi appauvri l’analyse des mécanismes menant à la dépendance et stoppé les recherches d’autres méthodes du traitement d’une telle addiction. C’est ce que nous allons développer maintenant. Je demande toute votre attention car vous ne trouverez pas les arguments développés ici dans la littérature de la spécialité.


            2- Aspects  positifs de l'alcoolisme traité comme maladie


            La notion de maladie a facilité la prise de conscience et l'acceptation d'une problématique   chez le patient comme dans son entourage. On avait  moins de  honte pour reconnaître un abus  chronique d’alcool. Entreprendre une démarche de soin devenait alors possible pour le malade soutenu par l’entourage familial comme professionnel. On a vu alors des enfants, des conjoints ou des employeurs accompagner leurs "malades alcooliques"  dans des services de soins à l'hôpital ou dans des centres de cure ou de post cure. L'effet a été positif sur les soignants qui ont pu s'affranchir du sentiment de rejet qu'ils avaient à l'égard de la personne alcoolique, cette dernière devenant un malade comme les autres. Par ailleurs des méthodes purement techniques avec injection de produit chimique visant au sevrage comme la cure de dégoût, la piqûre chauffante ont été quasi abandonnées  et ont fait place à l'écoute,  à l'entretien psychologique et  à l'accompagnement thérapeutique. Le malade n'est plus seul en face du médecin, il est inséré dans un réseau de soutien auquel participent soignants, travailleurs sociaux et suivant les circonstances des intervenants plus spécifiques comme des délégués de justice  ou des chargés d'insertion professionnelle par exemple. 

N'oublions pas aussi les aspects pratiques de cette reconnaissance de la dépendance en tant que  maladie  comme  la prise en charge par la sécurité sociale des soins et des indemnités journalières, et par  les caisses complémentaires  du forfait journalier. Ou encore l'influence sur les lois du travail pour inciter la personne à se soigner tout en la protégeant  par une réglementation. 


            3- Aspects négatifs de l'alcoolisme traité comme maladie


            Il y a aussi des aspects gênants sinon négatifs dans cette définition de l'alcoolisme vu seulement comme une maladie.

                        a) auprès du malade lui-même.


            Le premier de ces aspects facilement observable dans les lieux de soins, est l'installation de la personne dans son statut de malade.   "Puisque je suis un malade, j'attends que l'on me soigne,   mon état de santé est entre les mains des médecins, je n'y suis pour rien".  Beaucoup de malades se flattent d'avoir un des meilleurs alcoologues de France  et ils attendent de voir si  le service dans lequel ils sont actuellement  fera mieux que les services par lesquels ils sont passés et qui n'ont pas su les sortir d'affaire. Cette attitude s'ajoute à celle niant toute responsabilité dans le processus qui les a conduits à l'alcoolisation. C'est toujours la faute aux autres ou aux conditions de la vie.  Il n'y a aucune prise en charge de leur situation. Ils attendent passivement sans pour autant définir l’objet de leur attente écrasés par le nihilisme de la dépendance.  Inversement, toujours dans ce premier aspect nous mentionnerons la culpabilité que la notion de maladie fait peser sur certains patients. "Si je suis malade, c'est de ma faute. Je suis un faible et un lâche. Je n'ai pas su dire non. Tout ne dépend que de moi. Je ne vaux pas grand chose." Il y a une sorte d'accablement venant anéantir toute tentative d'effort pour en sortir. La personne ne se sent pas à la hauteur.  Certes, on peut penser qu'il y a là une mise en scène pour laquelle les alcooliques sont très doués, mais il est incontestable qu'un sentiment de dévalorisation, souvent bien antérieur à l'alcoolisation peut-être ravivé. Ce sentiment  est démobilisateur pour la prise en charge de la dépendance par le patient lui-même.


            Enfin, définir la dépendance à l’alcool comme une maladie uniquement, n’est-ce pas priver le médecin d’un espace de liberté qui d’une part, plus ou moins consciemment,  parfois sous la pression de la demande, se sentira obligé de prescrire des médicaments au patient, entretenant  ainsi indirectement auprès de lui, l’illusion qu’ils sont  la réponse à son addiction et dévalorisant  du même coup, la véracité de sa parole , perçue comme secondaire par rapport au médicament prescrit. D’autre part n’est-ce pas placer la démarche médicale sous la contrainte de certains protocoles qui ne se justifient plus dans le cas de l’alcoolisme mais  coûtant  inutilement  chers et  dans le pire des cas  rendant impossibles des démarches mieux adaptées mais contraires aux strictes définitions de la maladie.


                        b) auprès de la collectivité.


            Le deuxième aspect concernant le malade touche à la culture et à la société. Dire à un homme ou une femme qu'il est un malade ne remet pas en cause la part de responsabilité que la société et la culture environnante ont à l'égard de tout processus d'alcoolisation. Une telle désignation isole la personne, fait peser sur elle toute la responsabilité comme nous venons de le voir. Envisager l'humain hors du contexte dans lequel il vit est- ce bien raisonnable? Nous savons bien que nous sommes le produit de notre environnement même s'il y a des exceptions. Les enfants d'ouvriers deviennent ouvriers ou employés, les enfants de cadres deviennent des cadres. Pour sortir de son déterminisme et dépasser sa situation, l’humain a besoin d’analyser  et  de mieux connaître  l’environnement  dans lequel il est advenu.  C'est le cas ici. L’analyse de la situation qui   a amené à l’alcoolisation sera déterminante, non seulement pour devenir abstinent mais pour consolider l’engagement dans une vie sans alcool.  Nombreuses sont les  personnes qui rompent avec l’alcool quelque temps,   peu mènent cette  abstinence jusqu'au bout en faisant un mode de vie peu susceptible d’être remis en question. Autrement dit,  il ne s'agit pas seulement d'agir sur le corps en se privant d'alcool,  mais de changer le  rapport  à l'alcool  de l’être tout entier.  Or ce rapport a été défini au départ par la société dans laquelle chacun évolue. Il ne changera pas si  ce qui le constitue reste inconnu.


            Enfin les intérêts économiques sont souvent passés devant l’intérêt des soins aux personnes alcooliques. C’est ainsi que se sont parfois créés des services d’alcoologies répondant en tout premier lieu à des nécessités économiques locales avec des équipes soignantes dont les compétences en alcoologies n’étaient pas acquises. S’orienter vers le traitement de l’alcoolisme était d’abord un créneau porteur pour l’avenir de l’établissement quand le traitement de la tuberculose ou du SIDA ne l’était plus. Créer de la valeur ajoutée en mettant en place des protocoles généraux appliqués à la dépendance à l’alcool, c’est renchérir considérablement les coûts des soins à la personne alcoolique.

                 

Des raisons pour s'alcooliser de manière abusive (occasionnellement ou régulièrement).

         Afin d’élargir le champ d’intervention dans le traitement de l’alcoolisme devenu problématique individuelle ou collective, essayons de décrypter les raisons qui conduisent à un tel abus de l’alcool dans les sociétés occidentales en particulier tout en nous attachant aux raisons se présentant comme des invariants à toutes les cultures.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                          La La première de ces raisons, nous  la tirons de l’analyse qu’Alexis de Tocqueville fait dans son livre « de la démocratie en Amérique ». L’auteur y compare la société aristocratique basée sur le commandement des uns et l’obéissance des autres et la société démocratique basée sur la notion d’égalité et de semblable. Dans la première les humains « sont le plus souvent liés d’une manière étroite à quelque chose qui est placé en dehors d’eux, et ils sont souvent disposés à s’oublier eux-mêmes », dans la deuxième, (la société démocratique), c’est l’individualisme qui triomphe,  « le dévouement envers les autres devient plus rare : le lien des affections humaines s’étend et se desserre. La démocratie ramène chaque homme sans cesse vers lui seul et menace de le renfermer enfin tout entier dans la solitude de son propre cœur ». Nous ajouterons qu’avec les nouveaux moyens de communication cet individualisme et ce repli sur soi s’est accru dans la mesure où chacun, sans  lien avec les autres, peut recevoir toutes les informations et tout ce dont il a besoin. Comprenez qu’il n’est pas question pour nous de critiquer  ici la démocratie et nous serons toujours du côté de ceux qui veulent l’améliorer, la corriger en s’appuyant sur la démocratie elle-même, mais nous prenons acte de la solitude qu’elle engendre,  solitude faisant le lit d’un mésusage de l’alcool. Si les conditions de travail et de la vie  exagérément dures et  mobilisant toutes les énergies de l’homme ont contribué à l’alcoolisation des individus, aujourd’hui nous pouvons constater que la solitude due à la rupture du lien  d’avec les autres (y compris souvent sa famille) fait largement la place à un produit qui permet de rêver peut-être et d’oublier sûrement. 

 

La deuxième raison nous oriente vers l’œuvre de Freud. Selon lui l’être humain est un champ de bataille partagé entre deux pulsions, la libido, pulsion sexuelle, et la pulsion de mort. Ces deux pulsions, tantôt  s’opposent comme la vie s’oppose à la mort, l’amour à la haine,  tantôt pactisent et composent. Lorsque la pulsion de vie domine, l’humain cherche le bonheur et la vie. Aristote dans son éthique part du principe que tous les humains veulent être heureux. C’est sans compter sur la pulsion de mort qui tire en sens inverse, vers le malheur, vers la souffrance vers la mort. La sagesse populaire le dit parfois : « il fait tout pour son malheur ». Malheureusement ni les pouvoirs publics ni les associations privées n’osent mettre en garde les individus contre la pulsion de mort. Et cependant elle est au départ des suicides  et du malheur,  plus simplement encore, des échecs de toute prévention du sida, du tabac, de la drogue, de l’alcool. « Il faut bien mourir de quelque chose !». Combien d’alcooliques sortis d’affaire vous diront que tout compte fait ils voulaient en finir avec la vie.  Non, tous les hommes ne veulent pas vivre heureux ! Comment renverser ce vouloir ? C’est toute la question du désir qui est posée, ce désir qui crie encore et encore, ce désir qui n’est jamais tout à fait satisfait. Ce désir reste la spécificité de l’homme, la marque de l’humanité. Beaumarchais avait déjà noté que ce qui distingue les hommes des bêtes c’est que les hommes boivent sans soif et font l’amour en tout temps.  Pas les bêtes. Elles ne sont pas marquées du sceau du désir, seulement de celui de l’instinct, ici celui de la reproduction de l’espèce. Ce désir nous ne voulons pas qu’il soit seulement refoulé ou qu’il continue à crier encore et encore  pour se noyer et disparaître dans les eaux (ou l’alcool) où il voulait se désaltérer. Nous ne voulons pas qu’il  nous entraine dans des chemins de traverses. Nous voulons qu’il soit sublimé : dans l’activité  quotidienne,  mais aussi dans  l’art, la culture, la spiritualité…  Ici, notre pays à beaucoup de progrès à faire car ces domaines restent l’apanage de quelques privilégiés,  les autres ont droit à une télé abrutissante, à des manifestions sportives aliénantes et des drogues –parmi lesquelles l’alcool –qui font oublier la réalité ou la  travestissent.

  

En troisième remarque  nous noterons que L’alcool est un médiateur social. Il permet et facilite les échanges. C’est autour d’un verre que l’on se retrouve sans pour autant avoir à formuler explicitement les raisons de la rencontre. Celle-ci se présente comme anodine y compris lorsque  la problématique abordée devient sérieuse. L’appréhension est maitrisée et les tensions à venir contenues.  L’échange est facilité par l’absorption de la boisson alcoolisée. Le geste de porter le verre à la bouche est important, il renvoie à tout l’affectif premier de la vie, quant au produit, il a aussi ses effets par son goût et les sensations qu’il procure. Il est un lubrifiant, il permet que la parole glisse y compris lorsqu’elle est dure à entendre.

 

 L’alcool sert aussi de monnaie d’échange. On ne paye pas un service rendu, on offre un verre,  un verre  valorisé par sa teneur en alcool, boisson  en quelque sorte sacrée –je vais y revenir- donc non critiquable. Une somme d’argent prête toujours à jugement du style « il est généreux » ou au contraire « quel radin ! ». Le troc service/alcool ne clôt jamais tout à fait l’échange qui se continue au même titre que le besoin de boire.

 

Enfin, toujours dans ce rôle de médiateur, l’alcool se substitue aux sentiments. Il est signe d’amitié sans que l’émotion due au sentiment soit exprimée. C’est moins risqué. Pas besoin de se dire ou de montrer son ressenti. Le verre dit à la fois tout et rien ; il laisse l’interlocuteur libre de son interprétation. Autre avantage : il facilite la réunion de groupe  évitant ainsi le face à face. A plusieurs, la discussion se dilue, il  y a moins de risque de cristallisation  et la confrontation  peut-être évitée.

 

Résumons en disant que les ivresses créent du lien entre les hommes à  l’instar des saturnales des romains de l’antiquité où ce n’étaient plus les esclaves qui servaient le maître mais le maître qui servait les esclaves. Elles anéantissent toutes les barrières sociales et provoquent un  oubli de soi.

A l’inverse, il y a les ivresses qui isolent, qui permettent d’éviter la rencontre avec l’autre et favorisent les activités solitaires jusqu’à danser sans partenaire au son de la techno, faire de la gym sur une console Wii. La personne a le sentiment qu’elle est le maître absolu de son existence et qu’elle a atteint le summum de la liberté.  La préférence des consommations de cocaïne et d’amphétamines chez les jeunes ou le désintérêt du vin au profit des alcools forts s’inscrivent dans cette dynamique de recherche de liberté, de toute puissance et d’échappées vers des paradis artificiels.

 

Nous emprunterons la dernière raison à un sociologue philosophe, Roger Bastide. Cet auteur dans un livre « le sacré sauvage »   nous montre comment le sacré dont tous les humains ont besoin a quitté les lieux où il était institué à savoir l’Eglise et tout ce qui tourne autour pour apparaître sous d’autres formes dans la société profane. Le sacré structurait notre société avec ses rites religieux à l’intérieur comme à l’extérieur de l’église, il y avait les processions les pèlerinages, les signes de croix, les fêtes religieuses (baptême, communion, mariage), tout cela disparaît petit à petit et un nouveau sacré, s’organise autour de la prise d’alcool dans notre société. Il y a des rites (choix des bouteilles, horaires de consommations (apéro), il y a des pèlerinages (route des vins), il y a des sociétés  secrètes (caveaux), il y a des saints (saint émilion…). On retrouve toute la panoplie du sacré religieux. On pourrait faire la même comparaison avec le sport. Ce sacré a un avantage sur le sacré religieux : il est adapté à chaque situation, à chaque groupe, à chaque région comme les lares ou les pénates du temps des romains, chaque famille avait ses dieux. Le sacré structure le temps, il structure l’espace, il nourrit les discussions… bref il devient indispensable au bon fonctionnement de la société. 


               Nous vous disions en introduction que pour arracher  l'alcool à la représentation de boisson magique donnée par le divin, les militants des ligues antialcooliques avaient dû la diaboliser et  en faire le « mauvais objet » pour reprendre une expression empruntée à la psychologie. On l'arrachait ainsi à la sphère du sacré, cette sphère dont les humains semblent avoir  besoin. Aujourd'hui, nous sommes à nouveau entrés dans un système de sacralisation. Autrement dit l'alcool est un produit que l'on ne peut ni critiquer ni toucher. Il est sacré. Ecoutons ce qui se dit autour de nous, quelque soit le milieu: « on peut boire sans problème avec modération, il faut savoir  se faire plaisir, l’alcool fait partie de notre culture, ceux qui ont du goût savent que l’alcool est bon, qu’il peut accompagner de bons plats, l’alcool fait du bien, il fait marcher l’économie, seuls les sots dépassent les doses, une ivresse n’est pas mortelle.»


                Toute la difficulté vient de ce que ces expressions sont vraies et irréfutables. Les contester serait tomber dans une vision manichéenne selon laquelle l’alcool serait bon ou mauvais, diabolique ou divin. Ne revenons pas au 18 ème siècle.  Le danger est qu’elles font de ce produit une boisson sacrée et intouchable. C’est ainsi que l’alcool se cache et se protège derrières ses propres effets. Les comportements dont il est responsable sont dénoncés et lui, en grand maître est ignoré tout en étant mentionné - à l’exception des accidents de la route. Certes l’alcool est reconnu comme favorisant le passage à l’acte mais il reste dans tout les cas un adjuvant, jamais la cause principale. Violence, inceste, viols, crimes seraient alors des comportements volontaires inscrits au plus profond de leurs auteurs comme si  ces bas instincts  n’étaient pas universels à la nature humaine mais  ne pouvant dans la plupart du temps  se manifester qu’en des circonstances exceptionnelles comme l’absorption de produits psychotropes.  Certains font valoir que tous les alcooliques ne violent pas et ne tuent pas. C’est évident et c’est heureux ! Ajoutons toutefois qu’avec l’alcoolisation ce risque augmente considérablement sans oublier pour être complet les désordres moins spectaculaires mais bien réels comme les accidents du travail, les factures impayées, l’éducation des enfants négligée…

 

L'alcool est un intouchable. Il pétrit notre culture. Il en est le ciment. Il en rassemble tous les éléments en une unité. L'alcool fait UN. Il est tout, partout. On ne peut pas s'en dépêtrer. Il colle à la vie. Il est devenu un fléau pour la société.

Se pose la question : comment en sortir?

 

 

 

Sortir de l'alcoolisme

 

            Nous disons  bien sortir de l'alcoolisme et pas seulement de la dépendance. Celle-ci   concerne  les  5 millions de personnes reconnues comme ne pouvant plus se passer d'alcool et traitées  par médicament, en ambulatoire ou par hospitalisation. L'alcoolisme fait référence à l'usage de l'alcool, par l'ensemble des individus et par la place qu’il tient  dans  la société.

 

            Vous trouverez des gens compétents ainsi que des conseils pertinents  pour vous indiquer les méthodes actuellement en vigueur pour sortir de la dépendance.  Souligner au passage les efforts, ces dernières années, du corps médical pour mettre au point une démarche de soins sérieuse. Ce sérieux rejoint le souci des associations dont la préoccupation essentielle est bien l'abstinence du malade alcoolique.


            Ceci dit,  reconnaissons que si de nombreux dépendants à l’alcool s'essaient à l’abstinence,  peu la tienne très longtemps de manière durable. Ceci  montre bien qu’une  vie sans alcool est pour eux une privation,  la non  consommation du produit n’est rendu possible que parce que celui-ci reste un interdit. Pour l’alcoolique, le retour à la normale serait de reprendre des boissons alcoolisées. Boire de l'alcool est bien une norme. C'est entrer à nouveau dans la culture dont on avait dû momentanément sortir. Etre abstinent  est aussi insupportable que de s'alcooliser trop fortement et de se retrouver  marginalisé. Dans les deux cas, c’est vivre hors norme. On comprend alors que le temps de l’abstinence soit la plupart du temps limité dans le temps. Le problème reste, les  soins se succèdent. Les médecins ne parlent pas de guérison mais de stabilisation  d'une  situation, la reprise de la consommation pouvant redevenir nécessaire pour le patient qui ne supporte plus d’être mis à l’écart du mode de vie commun à tous.


            Pour ce qui est du mésusage de l'alcool qui touche plus du quart de la population, il est pour le moins ignoré sinon caché. Comme nous l'avons dit, on ne touche pas au sacré, on ne détruit pas un modus vivendi.   C'est ainsi que la prise de l'alcool est devenue un fléau.  Que d'accidents, que de crimes ou délits, que de misères humaines (divorces, , suicides, impayés, pertes d'emploi, viol, violence) seraient évitées sans cette consommation excessive d'alcool.

            Nous   explorerons quatre pistes susceptibles de nous indiquer des voies à poursuivre pour sortir de la dépendance de manière durable ou pour ne pas se laisser prendre par les abus de l’alcool.

 

            1) Travailler sur la notion de norme.  Pourquoi " prendre des produit alcoolisés"   est –il devenu  une norme? Le terme d'apéro est  synonyme d'alcool parfois même de pastis. On ne reçoit pas des amis sans leur  en offrir. Les produits alcoolisés sont perçus  comme des signes  exclusifs d'amitié et  de convivialité. On se sert d'eux pour créer des liens.  Dans ce cas, comment traverser les  évènements  de la vie sans consommer de l’alcool ? Ce serait pourtant un signe fort témoignant qu'il est possible de vivre autrement et de ne pas faire du "non alcool" une spécialité réservées aux personnes dépendantes. Nous pouvons tous apprendre à déguster un bon plat sans forcément y associer un vin. Faut-il vraiment un blanc pour  déguster une choucroute? Un   rouge pour apprécier un fromage? Qui a décrété que de telles associations sont le summum du goût ? Il serait plus juste de dire  que l'on se retrouve alors avec des saveurs différentes, aucune ne pouvant prétendre à l'universalité que ce soit avec ou sans alcool.

Il en va pareillement de la fête. Oui, l'alcool crée une certaine euphorie, détache pour un moment de la réalité et procure de l'agréable. Est-ce condamnable ? Non.  Sachons seulement que cet agréable là n’est pas le seul possible.  Il  y en a d’autres,   différents mais tout aussi intéressants. Fumer un joint procure aussi du plaisir, des sensations heureuses. Faut-il fumer un joint pour autant? Oui si on fait ce choix là mais  restons lucides et intelligents, d'autres choix sont possibles. Allons plus loin encore : il n’est pas possible de ne pas faire des choix. Pour plagier Sartre, nous dirons que nous sommes condamnés à faire des choix. L’ennui est que  l'humain n’en est pas conscient,  il ne se pose pas la question. Si on l’interroge, il pense avoir choisi, alors qu’il n’a fait  que  se  conformer à une norme   héritée de la tradition qui se perpétue en s'adaptant. Comment retrouver sa liberté de choix ? Voilà l'enjeu.

 

            2) Sortir de l’idée que sans l'alcool il n'y a plus de culture française. Nous rejoignons ici la question de la norme. Qu'est-ce que la culture? La culture, c'est ce qu'il y a de meilleur nous dit Anna Arendt.  C'est ce qui tire vers le haut, qui élève  au dessus de nos habitudes parce que rare, différent  et porteur d'avenir. Elle est un projet. Où sont la nouveauté et l’originalité lorsqu'on prend du pastis ou du whisky à l’apéro,  du vin à table ? La culture nous amène à choisir nos amis, nos comportements, nos pensées. Elle est souvent confondue avec les us et les coutumes ce  qui, au nom de la tradition  et de l’habitude,   permet de justifier des comportements néfastes pour l'être humain et pour la collectivité tout entière. 

 

            3) Opposer des résistances claires, fortes et bien définies à la pression invitant chaque individu à consommer de l'alcool. Rejeter les sollicitations, souvent perverses, et dont le but inavoué est bien la prise de boissons alcoolisées.   Il ne s'agit pas d'une résistance par rapport à soi même,  à nos propres tentations,  mais d'une résistance  à un système social qui voudrait nous encadrer et nous imposer des attitudes, des croyances et des gestes. Nous n'avons pas le choix: celui qui n'entre pas dans la résistance ne peut que devenir un collaborateur. C'est la définition de la rechute: une nouvelle collaboration avec l'alcool. Bien sûr cette résistance n'a pas besoin d'être toujours  radicale comme c’est le cas pour  la personne devenue dépendante, mais elle devra toujours être présente et ne pas oublier de se manifester au risque, un jour de tomber dans l'abus sans le vouloir et sans s'en apercevoir. Il faut savoir rester un rebelle. L'alcool est un envahisseur. Devant lui, on collabore ou on résiste.  C'est la question  de l’affirmation de soi qui conduit à l’autonomie et à la capacité de choisir.    

 

            4)  Seules des paroles d’autorité et des positions souveraines peuvent libérer de l’alcool.  Nous trouvons dans la littérature des récits et des mythes  illustrant cette affirmation. Je me réfèrerai ici à un texte de l’Evangile de Marc  (Marc 5 V.1à 10).  Un homme qui avait sa demeure dans les sépulcres (dans une tombe. J'ai connu çà!) est possédé par un esprit impur. Personne ne peut le lier tant sa force est décuplée. Il brise chaines et fers  en criant et se meurtrissant avec des pierres. Il accourt au devant de Jésus, se prosterne devant lui et lui tient tête lui criant :"qu'y a t-il entre Toi et moi?". En effet à cette époque le diable est considéré l’égal de Dieu. Les deux se combattent durement. Mais Jésus ne s’engage pas dans ce combat. Il reste calme et cherche à   identifier le démon  en lui demandant son nom. Celui-ci répond: " légion car nous sommes plusieurs". Jésus lui ordonne alors de sortir: "sors de cet homme"  L’ordre est abrupt. Les démons n’insistent pas. A peine osent-ils  demander l'autorisation d'aller se réfugier dans des pourceaux ce qui d'ailleurs leur sera fatal puisque ces derniers, possédés à leur tour,  se précipitent du haut d’une falaise dans la mer. Démons et cochons sont noyés ce qui convient parfaitement à une société qui interdit le porc.  Personne  n’avait jusqu’ici parlé  aux démons  avec autant d'autorité.  Ils sont confrontés à une parole précise et irréfutable.  


            Avec le démon de l'alcoolisme, il faut cesser de tergiverser et de  faire des compromis. La parole qui le repousse se doit d’être sûre, claire et ferme. Hors d’une telle attitude le doute s’installe dans l’esprit de ceux qui se laissent animer par l’alcool et des espaces se libèrent pour tous ceux qui ont intérêt à ce que le plus de gens  en consomment. De surcroit ; non seulement la parole libère mais elle provoque un rassemblement comme dans ce récit où le possédé se joint à Jésus.  Un groupe  qui dit non représente un danger inadmissible pour tous les ambassadeurs de l’alcool.  

 

            Pour qu’une parole fasse autorité face à la problématique de l’alcoolisme, deux conditions sont à  remplir :


                        La consommation d’alcool doit être prise en compte prioritairement. . Certes, il peut y avoir des pathologies associées comme la dépression. Elles ne pourront être appréciées et éventuellement traitées qu’après l’arrêt de toute prise du produit. La clinique a montré que sept personnes sur dix se disant dépressives cessent d’éprouver un tel sentiment quelques semaines après l’arrêt de la consommation. Le discours adressé aux personnes dépendantes laisse trop souvent entendre que la consommation d’alcool est un facteur parmi d’autre dans les causes de la dégradation de la situation du malade. L’abus d’alcool doit être énoncé prioritairement et à l’exclusion de toute autre cause dans un premier temps. Il en est de même vis-à-vis du fonctionnement de la société. Répéter qu’il s’agit de boire modérément brouille la parole utile à l’éradication du fléau.


                        Une distance doit être observée entre le malade et l’intervenant qu’il soit soignant ou associatif. Comme dans le récit de l’homme possédé, deux pouvoirs s’affrontent : celui de l’alcool qui agit de l’intérieur de la personne à travers son besoin compulsif d’alcool et celui de la parole de l’intervenant qui est extérieure. C’est de cette extériorité qu’elle tient l’autorité. On peut étendre ce face à face à l’ensemble des pratiques sociales liées à l’alcool. Pour se faire entendre il faut savoir quitter l’espace commun pour s’élever sur une estrade.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                         

 

Conclusion

 

            En faisant de l’alcoolisme ,une maladie ,le corps médical a su se mobiliser pour traiter la dépendance à l’alcool. Cette approche a permis à de nombreux malades d’entrer dans le circuit des soins.

            Il reste maintenant à poursuivre l’accompagnement de la personne sevrée afin qu’elle accède à la liberté pleine et entière face au produit auquel elle s’est aliénée. Cet accompagnement ne peut se faire sans une remise en cause des mécanismes sociétaux conduisant les uns à la dépendance chronique et les autres à un abus occasionnel pouvant s’avérer dangereux.

            Cette remise en cause, au-delà même du comportement de dépendance, permettra de lutter  plus généralement contre les pratiques liées à la consommation d’alcool. Elle pourra déboucher sur la découverte qu’il est tout à fait possible de vivre sans faire appel aux boissons alcoolisées. Prendre de l’alcool ou simplement en offrir deviendra alors un choix et non un réflexe. Les « anciens buveurs » seront moins sollicités et moins isolés, parce qu’ils pourront se joindre à ceux qui auront choisi de vivre  autrement, sans ce produit. A cette condition, ils pourront se dire guéris, le mot devenant ici synonyme de libres. Jusqu’ici ce n’est pas seulement l’alcool qui leur avait confisqué la liberté mais les attitudes et les coutumes du corps social faisant bloc autour des représentations de l’alcool.

            Notre démarche rend caducs les mots tels que abstinence, stabilisation, maladie et son corolaire  guérison qui s’effacent devant des termes comme liberté, choix différent  et vivre autrement. C’est ainsi que ceux qui ne consomment  pas d’alcool ne sont ni des malades ni des convalescents ni des exceptions, quel que soit leur passé. Ils sont comme tout le monde, chacun faisant valoir ses différences dans le domaine qui est le sien.  

 

                                                                            Serge Soulié.

 

 

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27 mars 2010 6 27 /03 /mars /2010 14:31
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                Alors que j'effectuais un stage dans une association  d' une de nos grandes villes françaises, le comité de rédaction  du journal édité par cette même association en un millier d'exemplaires m'envoya faire une enquête pour demander aux lecteurs  ce que signifiait pour eux la fête de Pâques. Il y a quarante ans de cela on constatait déjà que sont de moins en moins nombreux ceux qui connaissent l'origine de nos fêtes chômées.

                Je rencontrais une dame d'une cinquantaine d'années qui me raconta son histoire et dont le passé alcoolique avait détruit de nombreuses années de sa vie.  Elle y avait perdu une bonne partie de sa santé et plus encore disait-elle tous ceux qu'elle aimait et tout particulièrement son mari et ces enfants placés dans des établissements adaptés. Pour elle Pâques signifiait ce moment où elle avait pu passer de cette vie de personne dépendante de l'alcool au bonheur qu'elle vivait actuellement.  Elle comparait l'alcool à la mort qui la retenait dans ses griffes et l'abandon de toutes boissons alcoolisées à une résurrection. Elle insistait beaucoup sur ce passage d'une situation à une autre et sur cette liberté conquise depuis qu'elle avait pris et tenu la décision de ne plus s'alcooliser.

                En bon étudiant, je lui faisais remarquer que le mot  pâques signifiait passage dans l'ancien comme dans le nouveau testament : passage d'une terre et d'une situation à une autre pour le premier, passage de la mort à la vie pour le second.

                Elle m'avoua n'avoir jamais compris grand chose à la religion mais avoir vécu une expérience qui en quelque sorte l'avait arrachée à la mort et lui avait ouvert une nouvelle vie.

                Toujours en bon étudiant en théologie,  je m'inquiétais alors de savoir ce qui en était pour elle de la résurrection après sa mort réelle.

                Ma question parut la contrarier. "Je vous ai dit que j'étais morte et que maintenant je suis bien vivante, me dit-elle en substance,  presque sèchement. Pourquoi voulez -vous que j'en rajoute. Je suis vivante pour l'Eternité que je meure ici et maintenant ou que je vive sur cette terre encore quelques temps".

                Ce fut ma première grande leçon de théologie qui me fit sortir de la théologie telle que je l'avais  comprise jusque là.  Elle ne savait pas ce qu'était Pâques dans la religion mais elle en avait fait l'expérience. Pour moi, c'était le contraire : j'étais passé à côté.

                                                                                              Serge SOULIE

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26 mars 2010 5 26 /03 /mars /2010 16:42

 

            La  nuit dernière,  un condamné au Texas a attendu la mort jusqu' à l'heure qui lui avait été indiquée. Trente cinq minutes avant l'heure fatidique, il apprend qu'on ne viendra pas le chercher pour l'exécuter, la chambre fédérale ayant ajourné  sa peine . Il suffit de se mettre quelques instants à sa place pour être parcouru des frissons de l'horreur. Bien sûr  certains argumenteront  disant qu'il est impossible de se mettre à la place d'un autre puisque n'ayant pas connu ce qu'il a vécu, les états d'âme ne sont pas les mêmes. D'autres feront remarquer que dans de nombreux pays  le condamné à mort n'est pas averti de son exécution. Bref, on peut toujours trouver plus barbare qu' aux USA.

            Il est frappant de voir que la peine de mort  est considérée comme un acquis quasi irréversible par les médias, comme par le peuple, dans de nombreux états. Ainsi va le monde  Les   opposants à la peine de mort ne sont toujours qu'une poignée. Plus étonnant encore de voir des pasteurs justifiant dans leur prêche la peine capitale comme ils s'opposent d'ailleurs à la couverture  santé pour tous ainsi qu' à d'autres dispositions en faveur des plus défavorisés.

            En France, nous dit-on près de 70 % des personnes sont toujours favorables à la peine de mort. Raison de plus, pour tous les convaincus, de crier haut et fort leur opposition à ce type de" tuerie" qu'elle que soit la forme par laquelle elle est donnée. Malheureusement, motus et bouche cousu y compris des Eglises persuadées cependant que la mort ne peut être une réponse au crime le plus abject.

            Dans le film "la dernière marche", la scène de  l'exécution par injection létale du condamné à mort se déroule avec en arrière plan la scène du viol et du crime  commis par l'exécuté et son complice. Le metteur en scène a bien vu la chose. L'horreur des actes commis nous ferait approuver la peine de mort tant elle nous paraît être un juste retour des choses. C'est ainsi qu'elle se présente toujours comme naturelle et allant de soi. Y être opposé demande un effort sur soi même et plus particulièrement lorsqu'elle nous touche de près. Comme le disait un poète dont l'épouse avait été assassinée  et qui sentait monter en lui  un  sentiment de vengeance :" je voudrais qu'il y ait dans cette situation quelqu'un pour me désarmer". Dire non à la peine de mort est un acte de civilisation , son abolition  doit être   posée comme un principe intouchable et garanti par une organisation internationale.  

            Non, les U.S.A ne sont pas encore un pays suffisamment  civilisé pour être pris pour modèle!                                       Serge SOULIE

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26 mars 2010 5 26 /03 /mars /2010 15:53

 

 

            L’Eglise catholique se retrouve embourbée dans des problèmes de pédophilie touchant le plus haut niveau de sa hiérarchie pour avoir pratiqué de tels actes ou tout au moins pour les avoir couverts. C’est bien cette dernière attitude qui lui est le plus reprochée, non qu’elle ait fermé les yeux sur de tels comportements, les prêtres en question ayant été interpelés et s’étant vu proposer un accompagnement visant à les sortir de tout penchant pédophile mais parce qu’elle a caché à la société civile ces actes hautement condamnables et parce que son souci de préserver son image semble être passé devant celui de rendre justice aux victimes. Il fallait cacher en priorité de telles ignominies.

 

            Il serait bien maladroit et peu fraternel de jeter la pierre à cette Eglise d’une part parce qu’il faut protéger tous ces prêtres qui chaque jour exercent leur sacerdoce avec dignité et dans l’intérêt de tous, petits et grands ; d’autre part parce que l’ Eglise catholique depuis plus d’un quart de siècle a cherché à se réformer et  être un facteur de paix et de réconciliation dans ce monde, laissant derrière elle et condamnant  les pages les plus noires de son histoire où se trouvaient liés le sabre et le goupillon avec trop souvent le soutien aux pires dictateurs et à leur crimes. Il lui reste à consolider cette voie nouvelle qu’elle semble avoir pris. Telle est en tout cas notre espérance.

 

            Il serait tout aussi maladroit et peu fraternel de ne pas l’interpeller sur ce qui nous paraît utile afin que cessent les comportements déviants  de quelques prêtres, déviances plus subies et pathologiques que volontaires bien évidement. Ce serait une grave erreur pour l’Eglise catholique  que de penser qu’elle doit être la seule à régler ce problème, la parole extérieure, venue d’ailleurs,  étant  toujours souveraine et ayant  plus d’autorité sur le mal que la parole issue du milieu où ce mal a pu se développer.

 

            Et nous touchons là un point essentiel de ce qui l’a conduite à l’erreur : l’image que cette Eglise a d’elle-même. Elle se veut parfaite, sacrée, représentant le royaume de Dieu sur terre. Une telle théologie ne peut qu’être remise en question avec sévérité afin qu’elle puisse entrer dans le monde et ne plus se considérer comme une entité à part de par son magistère, intégrant seulement  quelques éléments du monde dans une forme de syncrétisme. C’est aussi cette attitude qui l’amène actuellement :

- d’une part, à penser que le problème se réglera en sélectionnant par des entretiens et des tests les candidats à la prêtrise. Comment peut-on prétendre déceler toutes ces pathologies et les prévenir ensuite ? Aucune technique ne le permet. Les expertises psychiatriques des criminels en sont une preuve formelle. Par ailleurs il faut bien voir que la personnalité d’un individu n’est jamais figée. Ce qu’elle est aujourd’hui ne préjuge pas de ce qu’elle sera demain. Tout dépendra des facteurs intervenants au fur et à mesure que se déroule son existence : environnement, choc émotionnel, cheminement de la pensée…

- d’autre part, à nier avec insistance que le célibat des prêtres ne changerait quasiment rien. Certes il y a des pédophiles mariés dans toutes les catégories de la population et dans toutes les religions. Cependant, l’ampleur du phénomène parmi les prêtres n’est en rien comparable à ce qui se passe dans d’autres professions ou fonction et les institutions n’ont aucune velléité à cacher de tels agissements, le contrevenant ne se sent pas protégé. Dans la situation actuelle, cette obligation de célibat peut attirer  ceux qui, le plus souvent inconsciemment, veulent fuir la sexualité avec un partenaire. Nous sommes là en présence de situations névrotiques pas toujours décelables par des examens cliniques. L’engagement du célibat leur permet de  trouver des justifications et de supporter l’angoisse qui les taraude. Ils se cachent derrière le statut du prêtre. De la même manière ce célibat imposé fragilise des équilibres vis-à-vis de la sexualité chez des personnes, qui découvrant le plaisir et la satisfaction de la relation sexuelle avec un partenaire, ne seraient jamais passées à l’acte. A cela s’ajoute l’isolement affectif dans lequel se trouve  le prêtre. On pourrait comparer cette situation à un  homme qui, sans alcoolisation,  ne frappera jamais son épouse mais deviendra violent sous l’effet de celle-ci, alors même que tous les alcooliques imbibés ne frappent pas leur conjointe. Nous portons en nous des actes qui ne peuvent se développer que dans des circonstances bien particulières. La pédophilie en est un. Il vaudrait mieux tout faire pour  éviter de telles circonstances plutôt que de les mettre en place.

Pour toutes les professions, dans toutes les fonctions, il me semble qu’il serait sage de laisser chacun libre de choisir ou pas le célibat. L’imposer, c’est déjà enlever la liberté de choix et favoriser des comportements névrotiques qui échapperont toujours en grande partie à toute investigation.

Refuser d’admettre que le célibat favorise grandement le passage à l’acte dans la pédophilie relève du déni et s’est encore une fois défendre les dogmes de l’Eglise au dépend de toute démarche humanisante.                  

                                     Serge SOULIE  

 

 

           

 

 

 

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22 mars 2010 1 22 /03 /mars /2010 09:58

 

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            Ils sont nombreux ceux qui dans notre société portent une croix. Le plus souvent autour du cou, parfois sous forme d'une broche épinglée au revers d'une veste. D'autres encore l'ont tatouée sur une partie de leur corps.

            Nombreux aussi ceux qui ne savent pas ce que représente  exactement  cette croix. Elle est pour eux, une référence à la religion, parfois au Christ, ils ignorent la tragédie qui se cache derrière cette croix. Ils ne savent plus qu'avec un marteau et quelques clous, elle est un instrument de supplice des plus cruels. Du temps de Jésus c'était le supplice infligé aux criminels, elle avait pour but de tuer en faisant souffrir.

            La tradition chrétienne a sa responsabilité dans cette vision des choses parce qu'elle a présenté la crucifixion comme un bienfait, Jésus ayant versé le sang pour chacun . Il est d'ailleurs utile de rappeler ici presque ironiquement qu'il n'est pas mort d'hémorragie mais par étouffement. Au delà de la torture subie il a été en plus, étouffé par les hommes. La tradition  considérant que Jésus est mort volontairement sur la croix en à fait un homme qui monte en croix comme un artiste monte en scène. Chacun se réjouit que Jésus soit mort pour lui - cela lui donne presque l'autorisation de faire du mal au prochain puisque Jésus est aussi mort pour le prochain - et de ce fait il n'entend pas le drame que représente la Croix.

            En 2009, l'Evêque de Gap voulant rappeler l'aspect dramatique de la mort de Jésus a exposé dans la cathédrale une sculpture de   Paul FRYER  représentant Jésus attaché sur une chaise électrique. Rappelons que, eu égard à la torture subie, la chaise électrique aurait été un confort pour Jésus.   Les réactions ont été immédiates et violentes l'accusant d'attitudes blasphématoires à l'égard du Christ. Les journaux titraient: "Monseigneur Di Falco insulte Jésus Christ"

            C'est ainsi que la croix est portée comme une gourmandise et pas comme un instrument de torture. Qui oserait porter un tel objet de supplice? Si Jésus avait été fusillé, porterions nous une Kalachnikov au revers de nos vestons ou autour du cou? Si les porteurs de croix avaient à l'esprit le drame qu'elle représente, ils ne pourraient plus la porter tel un bijou. Nous sommes envahis de frissons lorsque nous sommes en présence de la corde du pendu, de la chaise électrique du dernier condamné ou plus simplement de l'objet qui a été la cause  de  la mort d'un humain , la voiture accidentée par exemple.  Certes le chrétien ne regarde pas à la croix pour célébrer la torture mais un innocent condamné  et martyrisé. Toutefois,  ne plus voir le drame c'est trahir la portée du message de cet événement.

            Soyons juste. La théologie catholique en s'attachant à représenter le Christ en croix (le crucifix) veut insister sur la souffrance du crucifié. Parmi les fidèles la souffrance de l'homme est bien moins perçue et le crucifix a tendance à disparaître pour faire place à la croix nue et souvent stylisée afin que disparaisse l'instrument de torture. Il y a des portraits du Christ en croix qui sont saisissants comme celui de Philippe de Champaigne où le Christ levant les yeux vers le ciel semble implorer le Père: "mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné". Ces paroles avec "père éloigne de moi cette coupe " , paroles prononcées  peu de temps avant la crucifixion, font apparaître le Christ dans toute son humanité, tout proche de nous. Et je reste persuadé que Jésus découvre ici un Dieu autre que celui qu'il avait pensé jusque là, à savoir un Dieu qui peut  par sa puissance le  délivrer  miraculeusement. Ces paroles font de Jésus un frère parce qu'il partage la souffrance de tout humain,  voire  son désespoir en pareille circonstance. Ce sont les disciples qui en le proclamant ressuscité ont rendu l'espoir au monde.  Comme Jésus nous pouvons espérer ayant appris par l'événement de la crucifixion que ce ne sont pas des interventions divines qui font l'histoire mais notre responsabilité humaine.*

            La théologie protestante (calviniste) voulant insister sur la résurrection a supprimé le Christ en croix. Dans les temples trône le plus souvent une simple croix°. Mais s'il s'agit de signifier la résurrection pourquoi ne pas avoir choisi la pierre du tombeau que les femmes au matin ont trouvé roulée lorsqu'elles sont allées embaumer le corps de Jésus? Comme il aurait été facile aujourd'hui d'aller au bord de la rivière ou de l'océan, ramasser un galet, faire un trou et mettre un cordon!

            En fait ce qui se cache derrière la croix c'est bien une théologie sacrificielle selon laquelle Dieu aurait sacrifié son fils et son sang nous aurait" lavé de tout péché". Outre le fait que cette expression est difficile à comprendre quelles que soient nos compétences en matière de lessive elle ne rend pas justice à un père qui aime son fils. Dans ce cas ,c'est bien le père qui meurt à la place du fils. Il y a eu dans l'histoire de nombreux exemples.

            En ce qui me concerne j'ai le sentiment que le  Dieu de ma pensée et de mes désirs meurt chaque jour pour me laisser la place de fils , pour me donner de  partager cette place avec Jésus, avec tous les humains de la terre et d'ailleurs - s'il y en a -  et enfin, pour que la souffrance subie par Jésus soit évitée à tous les humains.           

            Alors, me direz-vous, le croyant peut-il porter une croix? Je répondrais par cette phrase attribuée à Albert Schweitzer: "Si tu veux croire en Jésus, commence à faire quelque chose en son nom". Porter une croix ou coller un poisson à l'arrière de sa voiture me parait bien dérisoire et dans certaines circonstances un contre témoignage.

* Bien sûr je comprends qu'il y ait d'autres interprétations  possibles de la crucifixion comme de la résurrection

 Je dirai simplement que cette compréhension se situe au carrefour de ma recherche, ma réflexion et ma foi en un Royaume autre tel qu'en parlait Jésus- Christ.

° On peut dire aussi que la croix a été retenue bien qu'elle soit un instrument de torture parce que la mort qu'elle a entrainée a été vaincue par la résurrection

                                                                      Serge SOULIE

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22 mars 2010 1 22 /03 /mars /2010 09:34

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            Comme après chaque élection chacun s'efforcera de tirer les enseignements des régionales. Je n'en retiendrai qu'un : l'effondrement, voire la quasi disparition du modem qui se veut au centre, ni de droite ni de gauche.

            Voter au centre est pour certains électeurs une preuve de sagesse et d'équilibre. C'est être raisonnable et échapper à tout esprit partisan. Beaucoup de chrétiens partagent cette manière de penser.  Le bon sens semblerait leur donner raison par comparaison à d'autres domaines  où une position médiane, faite de compromis s'avère être la meilleure solution.

            Il se trouve qu'en politique les qualités de la modération ne sont pas dans un parti du centre mais dans l'alternance au pouvoir de la  droite  et de la gauche dans les différents niveaux de responsabilité.  Les uns corrigeant les excès des autres et voilà l'action politique chaque fois recentrée sans négliger le contre pouvoir représenté par  l'opposition  du moment , tout particulièrement lorsqu'elle est unie et  permet ainsi de tempérer les ardeurs de ceux qui gouvernent.

            Cette attribution de la gouvernance du pays tantôt à un bloc, tantôt à un autre semble être un facteur de stabilité pour la démocratie en place.  C'est bien ce qui se passe aux Etats Unis, et en Angleterre par exemple. La démocratie y parait irréversible . Il en est de même pour  l'Europe avec quelques "accidents" suivant les pays où la démocratie après un temps de dictature, a due être rétablie.(Allemagne, Espagne , Grèce).

            Le nom des blocs - ou des pôles-  en position de gouverner ont des noms  différents suivant les pays : droite /gauche en  France , démocrates/républicains  aux USA, travaillistes / conservateurs en Angleterre, CDU/ SPD en Allemagne. La fixité des termes désignant  les blocs montre bien leur stabilité alors que ces termes sont très variables dans d'autres pays comme  l' Italie ou encore l' Espagne voire la France où le nom du pôle de droite varie.

            Le terme de" blocs" ne désigne pas ici un seul parti mais plusieurs se regroupant le moment venu autour du parti majoritaire de leur camp afin de pouvoir gouverner avec une majorité. Actuellement, en France,  ce regroupement se fait autour du parti socialiste et de l'UMP. Cette variété de partis autour du parti central est un gage de richesse pour chaque camp qui doit ainsi trouver des équilibres en son sein même autour de propositions diverses.   Permettre à la fois que toutes les sensibilités s'expriment et retrouvent ensuite  une unité  de  gouvernement  le moment venu est tout un art.  S'y ajoute l'art de choisir un leader qui saura prendre de la hauteur vis à vis de son propre camp d'abord, de tous les citoyens du pays ensuite s'il est élu.

            Dans quelques pays, le bipartisme est obligatoire, seuls deux partis sont autorisés et enregistrés. C'est une atteinte à la liberté, le besoin de s'exprimer en se regroupant dans des entités politiques diverses  étant un invariant des sociétés humaines .  Par ailleurs ce bipartisme imposé se confond souvent avec des luttes de clans , de religion ou d'ethnie différentes. On quitte le domaine du politique pour celui du racisme et on exacerbe les rivalités. L'alternance de deux camps qui gouvernent chacun à leur tour n'a rien à voir avec ce bipartisme. Celui-ci est dangereux et contre nature, celui-là est un des piliers pour la pérennité de la démocratie.

            La dernière élection nous confirme que la croyance en un troisième parti, en l'occurrence un "parti du centre" n'est pas une utopie mais une illusion. En France le parti centriste a filé pour 80% à droite et le modem qui  persiste à  être ni de droite ni de gauche est en très mauvaise posture. La crise ne vient  ni de son leader, ni de la conjoncture mais de l' impossible existence   d'un troisième parti automne dans un système démocratique.  Si un parti du centre venait à s'imposer, il viendrait remplacer au mieux le parti principal (celui de droite ou celui de gauche) et de ce fait il ne serait plus un parti "du milieu". Le champ politique ne peut se réduire à un polygone à trois angles fût-il équilatéral, il est constamment tiraillé vers la constitution de deux pôles. Vouloir éviter ces tiraillements par un troisième parti c'est favoriser  l'instabilité.    

            Lorsque deux entités politiques de gouvernement sont en présence, elles tendent automatiquement vers le centre autrement dit  vers la modération.  D'une part pour capter le plus possible d'électeurs d'un côté comme de l'autre et par contre coup elles marginalisent les extrêmes qui ne voudraient pas se joindre à elles.   D'autre part, l'entité qui n'est pas au pouvoir représente l'espoir pour tous ceux qui ne se sentent pas représentés et contestent l'action gouvernementale, évitant ainsi tout débordement dans les mouvements sociaux.

            Croire à un " parti du centre" c'est à la fois éviter de faire un choix -attitude difficile dans tous les domaines de la vie- et  se rassurer quant à l'option  prise  dont on n' est jamais tout à fait certain et dont on sait par avance qu'elle est imparfaite. Le " centrisme" dont tout le monde rêve est bien dans l'alternance au pouvoir des partis de gouvernement , jamais parfaits , mais dont la fin de leur gouvernance est  rendu possible par le vote des électeurs  qui prévoient leur remplacement. Mais, comme il est difficile, en politique comme ailleurs, de renoncer à la quête du modèle parfait !

                                                        Serge SOULIE                                                                                                                                                                      
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19 mars 2010 5 19 /03 /mars /2010 10:57

 

            Je les ai vu partir, Jacques  Brel, Georges Brassens, Leo Ferré ou encore Barbara mais aucun ne m'avait donné autant d'émotion. Je n'avais jamais ressenti ce désir pressant d'assister aux obsèques pour un dernier adieu. Le départ de Jean Ferrat a changé la donne sans que je comprenne pourquoi puisque d'une part je ne l'avais jamais vu sur scène et d'autre part je n'écoute pas plus souvent ses chansons que celles de tant d'autres chanteurs au talent plus ou moins reconnu . Enfin s'il fallait hiérarchiser mes préférences, c'est Brassens qui l'emporterait.

            Jean Ferrat était peut-être le moins savant de tous, il disait lui même qu'il avait dû travailler dès l'âge de  quinze ans pour subvenir aux besoins de sa famille mais s'il utilisait des mots simples c'était toujours à bon escient, des mots qu'il allait chercher dans le langage commun,  des mots qui en disaient toujours plus parce qu'il savait les placer. Enfin des mots qu'il ne tirait pas seulement de la littérature mais qu'il puisait dans le  plus profond de l' être. Il parlait avec le cœur et ses refrains s'inscrivaient tout naturellement dans notre mémoire sans  qu'aucun effort  ne soit nécessaire. L'émotion est le ciseau graveur de nos cœurs.

            On a dit que Jean Ferrat était un chanteur engagé, un militant. C'est vrai, il le disait clairement et son séjour à Cuba a été un moment fort de son existence. Mais cet engagement n'avait rien d'agressif. Il était puissant parce qu'il s'inscrivait dans la vie de tous ceux qui ont souffert et souffrent encore. Il invitait au changement et donnait l'espoir par la poésie ; à travers elle , il touchait au plus intime de soi comme au vivre ensemble de tous dans ce monde.

            Jean Ferrat nous faisait aimer la France qui l'a protégé, après la déportation de son père, à travers des plus modestes d'entre nous. Quel contraste avec tous ceux qui nous amèneraient à la haïr si nous n'y prenions garde et si nous nous laissions aller à l'abandon de la poésie.

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Qui suis-je ?

     Titulaire d'une maitrise de théologie et d'un DESS de psychopathologie clinique, j'ai été amené à exercer plusieurs fonctions  et plus particulièrement la mise en place d'un centre socio- culturo- spirituel protestant puis la direction pendant 12 ans d'un centre de cure pour malades alcoliques. J'y ai découvert l'importance d'apprendre à écouter l'humain dans toutes les dimensions qui le constituent. Aujourd'hui, inscrit au rôle des pasteurs de l' Eglise Réformée de France, j'essaie de mettre des mots sur mes expériences et de conceptualiser mes découvertes.
serge soulie

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