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4 juin 2012 1 04 /06 /juin /2012 22:25

         C’était un dimanche comme les autres. Un dimanche où la crainte de m’ennuyer pendant le culte était bien présente. Comme d’habitude. Entendre en alternance la récitation de textes qui vantent Dieu où vous accusent ; chanter des cantiques justifiant la position assise ou debout ; écouter une explication de texte plus ou moins brillante sur un passage de la bible ; répéter des gestes tel l’offrande ou boire à la coupe et enfin  terminer en demandant à Dieu d’intervenir dans les malheurs du monde ; voilà qui n’est pas très entrainant. Alors j’ai somnolé. Le pasteur parlait. Comme il était loin. La sono toujours aussi mauvaise nous éloignait encore l’un de l’autre. Et mes oreilles sifflaient. Toujours les acouphènes. Quel supplice.

 

         Soudain, à je ne sais quel moment, des mots me tirent de la léthargie dans laquelle j’avais sombré :  « Jésus te déclare juste et non coupable ».  L’écho répète sans fin « Jésus te déclare juste et non coupable ». Tout mon corps se redresse. Je me sens léger. Intégré au monde qui m’entoure. Me voilà transporté sur une autre scène. Je suis dans un tribunal, organisé de manière simplifiée, comme j’ai pu le voir dans certains quartiers de New York, devant un juge, Jésus est à mes côtés. Le juge égrène les chefs d’inculpation à mon encontre. Je me reconnais.  A chacun, Jésus intervient « il n’est pas coupable ». A chaque fois je me sens libéré. Pas de discutions. Pas de plaidoirie. C’était comme si délesté, je remontais d’un puits sans fond vers une clarté encore inconnue.

 

         Je revins à moi. Que venait-il de se passer? La justification par la foi !le salut par la grâce ! Voilà des formules classiques pour un protestant, des formules que je connaissais et qui m’ont souvent demandé des efforts intellectuels importants. Je les avais comprises. Aujourd’hui je les vivais. Je prenais conscience que je vivais une culpabilité écrasante dont je croyais être débarrassé. Freud avait raison. La culpabilité se loge en tout être et tout être est coupable. L’illusion est de se croire non coupable. Il fallait qu’une voix de l’extérieur déclare à mes accusateurs « il est non coupable ». Je commençais alors à entrevoir de quoi j’étais coupable.

 

         De retour à la maison je racontais à mon épouse ce qui venait de m’arriver. Au fur et à mesure de ma narration je me rendais compte que Jésus avait menti au juge. J’étais bel et bien coupable. Mais alors qui est-il ce Jésus pour marteler de telles affirmations ? Comment pouvait-il se prêter à de telles déclarations ? J’entends certains me dire : « il a versé son sang pour toi ». Je reste persuadé que se sont les hommes qui ont versé son sang persuadés qu’ils ne sont pas coupables. Cette culpabilité leur pèse d’autant plus. Elle sourd au plus profond d’eux-mêmes. Pour les déclarer non coupables, il faut un tiers venu d’ailleurs. Un tiers dont la liberté est telle qu’Il ignore le jugement.  Un tiers qui n’est pas issu seulement  du royaume des hommes.  S’il l’était, il  serait un menteur et mériterait la mort. Ceux qui ont condamné et sacrifié Jésus s’étaient rangés de ce côté là.  Les autres, l’ont déclaré fils de Dieu, venant d’un royaume autre.

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Qui suis-je ?

     Titulaire d'une maitrise de théologie et d'un DESS de psychopathologie clinique, j'ai été amené à exercer plusieurs fonctions  et plus particulièrement la mise en place d'un centre socio- culturo- spirituel protestant puis la direction pendant 12 ans d'un centre de cure pour malades alcoliques. J'y ai découvert l'importance d'apprendre à écouter l'humain dans toutes les dimensions qui le constituent. Aujourd'hui, inscrit au rôle des pasteurs de l' Eglise Réformée de France, j'essaie de mettre des mots sur mes expériences et de conceptualiser mes découvertes.
serge soulie

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