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8 septembre 2023 5 08 /09 /septembre /2023 12:13

La mort n’est rien

            Je me suis déjà exprimé sur le fondement principal du christianisme à  savoir  la résurrection du Christ. Considérant que son corps n’est plus dans le tombeau tout en étant vu comme vivant à plusieurs endroits, et me référant à cette nouvelle science qu’est l’approche quantique selon laquelle la matière se transforme en énergie et réciproquement, je concluais que le corps du Christ (la matière) mis dans le tombeau était devenu énergie. Tout un chacun pouvait alors le percevoir pourvu qu’il soit connecté avec l’énergie universelle qui anime toute chose et tout être dans la nature.

            Je voudrais, à travers cet article dire que ce qui arrive à Jésus, le Christ, avec sa mort est aussi ce qui se passe après la mort de tous les humains quels qu’aient été leur comportement et leur croyance pendant la vie. Au moment de la mort, le corps matière devient énergie et se joint à l’énergie universelle. Les anciens disaient que l’esprit retourne à Dieu. La différence vient de ce que dans cette formule l’esprit est indépendant, il est identifié. Il y a le bon et le mauvais esprit. Le mot énergie a l’avantage de laisser entendre qu’elle est universelle, chacun y participe sans jugement, sans discrimination aucune. Autrement dit, dans cette ligne de pensée le mot Dieu désigne cette force persévérant dans tout ce qui existe, et intégrant la totalité du connu comme de l’inconnu. Il est possible alors de dire que Dieu est en nous et que nous sommes en lui. C’est par cette force que nous sommes tous liés et connectés avec l’univers.

            Les religions monothéistes –et peut-être les autres aussi-  considèrent que les morts sont dans une situation d’attente qui se terminera par  l’avènement du royaume de Dieu où chacun sera jugé selon ses mérites. L’histoire nous apprend que cette situation d’attente a conduit les humains au meilleur comme au pire. Les religions ont dicté ce que devaient faire les humains pour accéder à ce royaume. Elles ont prétendu  représenter Dieu sur la terre. Elles lui ont attribué ce qu’elles-mêmes pensaient. Elles ont pu ainsi exercer leur pouvoir sur les êtres humains. Au cours des siècles, des livres ont été déclarés comme étant la  « Parole de Dieu » révélée à des prophètes ou à des saints. Ces livres sont devenus sacrés. Aujourd’hui encore ils sont  importants et méritent d’être connus. Ils nous disent ce que certains ont cru, pensé et expérimenté à un moment donné de leur vie. Ils l’expriment chacun à sa manière. Leur vision et leur témoignage nous aident à organiser notre vie en adéquation avec les  situations actuelles. Ceci ne doit pas pour autant nous écarter de tout autre écrit. Ce n’est plus le texte dit « sacré » qui commande mais l’examen approfondi de ce qui est bon pour l’humain et la vie en général. Seul l’amour reste un absolu. Vivre à la recherche de cet amour, c’est toucher le manteau divin. L’amour n’est pas une obligation. Il est un élan vers l’autre et un désir du divin.

            Cette mise en perspective de la mort et de la résurrection de Jésus avec notre mort, illustre parfaitement combien la mort ne place pas l’humain dans une situation d’attente. La mort et la résurrection sont concomitantes. L’une ne va pas sans l’autre. L’énergie de Vie succède à la matière qu’est le corps. Cette énergie de vie est présente dans l’énergie universelle où sont unis les vivants et les morts.  La mort n’est pas l’anéantissement de la vie. La mort et vie ne s’opposent pas. La mort est l’antithèse de la naissance. Lorsque la mort survient, le  voyage terrestre se termine mais la vie continue sans être réduite à la matière. La totalité de celle-ci, transformée en énergie ou substance  se joint à l’énergie universelle. Jusque-là, du temps de la matière vivante, elle ne l’était que partiellement. Par ce mécanisme nous pouvons dire que les morts cheminent avec les vivants comme le Jésus mort cheminait avec les vivants, autrement dit avec le ressuscité. Il n’y a pas de jugement, personne n’est exclu. La grâce est totale et pour tous. S’il en manquait un, Dieu ne serait ni complet ni infini.  

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2 août 2023 3 02 /08 /août /2023 12:02

Protestant ?

              Si on demandait aux français ce qu’est un protestant, le plus grand nombre aurait du mal à  répondre. D’abord parce qu’ils ne se posent pas la question ; ensuite parce que le mot n’évoque pas à lui seul ce qu’est un protestant dans notre pays, enfin les territoires à majorité protestante comme les Cévennes, la Drome, le Poitou ou la montagne du Tarn ont vu cette population disparaitre. Ajoutons que ce n’est pas en regardant les émissions religieuses le dimanche matin que l’on peut découvrir ce qu’est le protestantisme. L’émission  « Présence protestante » est devenue un rendez-qui n’interpelle pas. Les passages bibliques sont le centre de l’émission qui prétend les illustrer de manière naïve et simplette. Il peut y avoir des dérapages comme le dimanche 30 juillet où  les intervenants laissaient entendre que le problème de la prédation sexuelle est le même chez les pasteurs et chez les prêtres. Certes un pasteur, comme tout autre humain,  peut aussi commettre des actes de pédophilie. La différence est que dans l’église catholique ce problème est systémique. L’église l’a bien compris et met en place ce qu’elle pense utile pour que ces actes cessent.  Nous ne pouvons que la soutenir dans cette voie. Lui dire que c’est la même chose chez nous, c’est banaliser le problème là où elle doit être encouragée pour se débarrasser de ce risque.    

            Le mot « protestant » pris à la lettre fait penser à un mouvement politique d’opposition et non à une religion.  A l’origine il y a eu la protestation de Luther mais les protestants n’ont jamais voulu être des opposants. Ils se sont voulus « réformateurs ». A cet égard, la désignation de l’église protestante par « Eglise Réformée » était plus explicite qu’ « Eglise protestante unie de France ». Le changement d’appellation n’a pas d’autres raisons officielles que d’intégrer les églises luthériennes afin d’offrir un meilleur témoignage.  Mais l’introduction du mot protestant embrouille les choses. En effet il y a de nombreux types de protestantismes. Il est impossible de se reconnaitre dans tous. Aujourd’hui j’ai parfois du mal à me considérer protestant tant certaines formes de protestantisme sont éloignées de ma manière de concevoir les choses.

            Le mot « réformé » est porteur de l’enracinement dans l’église. Les réformateurs n’ont pas nié leur héritage. Ce mot porte aussi l’esprit critique et évolutif. Il appelle au changement. Réformer c’est ne pas  s’enfermer dans une tradition, des rites, des dogmes,  des croyances. Etre réformé c’est faire la différence entre le religieux et le spirituel.  Tant mieux s’ils sont unis mais ils peuvent avoir du sens bien que séparés. Un des problèmes de l’église actuellement c’est de voir comment ils peuvent marcher ensemble et se soutenir l’un l’autre.  Le spirituel donne sens au religieux quand ce dernier soutient le spirituel.

            En ce qui me concerne être protestant c’est rendre à César ce qui est à César autrement dit faire passer les lois de la république avant les lois religieuses. C’est faire en sorte que la laïcité favorise en tout premier lieu la vie des plus démunis pour l’apprentissage et l’éducation. Ce n’est pas toujours le cas actuellement. Etre protestant c’est aussi ne pas se laisser entrainer par des idéologies pour mieux observer la réalité afin d’y répondre du mieux possible pour tous. Etre protestant c’est vivre une certaine spiritualité sans se laisser enfermer dans des attitudes religieuses.  Cette spiritualité nous conduit à nous aimer nous-même et à aimer notre prochain. C’est enfin devenir soi pour rester créatif et disponible quelles que soient les circonstances. Bref, c’est placer l’humain au centre de nos préoccupations là où les religions veulent, sans concession  y  mettre Dieu et tout un système religieux. Le divin est en nous et nous sommes en lui. Etre protestant c’est être conscient de cette réalité et la vivre. C’est gouter en permanence à la présence divine.

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22 juillet 2023 6 22 /07 /juillet /2023 12:05

Cher ami

             Dans ta dernière lettre tu  demandes où j’en suis du point de vue de ma foi. Après huit années de combat contre le cancer je comprends ta demande. J’aurai préféré que tu me questionnes sur mon état de santé qui ne s’améliore pas. Tu sais très bien que je ne peux pas répondre à cette question étant donné ta conception de la foi. Par ailleurs tu connais mes positions concernant les positions du christianisme. Pour toi, comme pour la plupart des croyants Dieu est un être suprême, extérieur à notre monde qui agit envers nous selon nos comportements, nos attitudes et nos croyances. Tu aurais aimé que des réunions de prière soient organisées afin de prier pour ma guérison sinon pour  un accueil auprès du père. Et bien non. Ma foi est tout autre.

            Ce n’est pas nouveau. Ce n’est pas une évolution de ma pennée théologique comme tu peux le penser. J’avais treize ans et quelques jours avant la mort de mon père, je demandais à ma mère pourquoi elle n’allait pas prier auprès de mon père avec des membres des églises évangéliques afin qu’il guérisse et ne meure pas. Je voyais qu’il était en fin de vie. Sa réponse a été immédiate : «  Dieu  connait la situation. Il sait que ton père est très malade Notre Dieu n’est pas un dieu païen. Nous n’avons pas à lui dicter ce qu’il doit faire».  Autrement dit, elle refusait tout marchandage avec Dieu. Elle était prête à accueillir ce qui lui était donné. J’étais blessé dans mon affection pour mon père. Les priants l’étaient dans leur conception de Dieu. Mes parents allaient rarement à l’église. Ils lisaient parfois  la bible mais ne priaient pas ensemble ou à haute voix.  Seule ma mère nous apprenait des chansonnettes sur Jésus.

            Après des études de théologie et mon engagement comme pasteur dans l’église Réformée de France  je m’engageai à pratiquer la foi selon ses dogmes, ses rites et ses traditions. Je n’étais pas toujours à l’aise car je sentais bien que j’avais une conception de Dieu et de l’église différente. Pour moi, Dieu ne pouvait pas être assimilé à un personnage, aussi grand et puissant soit-il. La lecture de la bible ne me paraissait pas suffisante pour étayer la vie chrétienne. Dieu était déjà pour moi une force, une intelligence et un esprit plus grand que le mien mais en aucune manière un être suprême.

            A cinquante ans en changeant de boulot j’apprenais à mettre des mots sur mes conceptions enrichies par les expériences professionnelles comme personnelles. Je découvrais comment les nouvelles  sciences et la spiritualité pouvaient se rejoindre si on délaissait les anciennes croyances. Je suis convaincu aujourd’hui qu’il est possible de réinventer non pas les religions mais une autre manière de concevoir la vie. Depuis toujours il y a des expériences qui nous interpellent comme Epicure et autres écoles grecques, des penseurs qui révolutionnent la pensée, la franc maçonnerie qui a inventé une manière autre pour faire communauté. Je reste persuadé que dans un millénaire  les religions monothéistes auront disparu à l’exception peut être du judaïsme qui n’est pas vraiment une religion ce qui explique qu’il soit persécuté à toutes les époques et dans tous les pays. Lors de la dernière guerre, beaucoup de juifs étaient arrêtés alors qu’ils ne savaient pas qu’ils étaient juifs. Le judaïsme est un chemin de recherche dans tous les domaines. Einstein, Freud et beaucoup d’autres en sont les témoins.

            Il ne me reste plus qu’à écrire les dix commandements (le mot te plaira. Pour autant,  je ne me prends pas pour Moise) qui nous mettraient sur le chemin de concevoir la vie autrement que ce qui a été inventé par les religions. Ces commandements pourraient s’appeler « le droit à la vie » en référence à la déclaration universelle des droits de l’homme. J’ai cru pendant un temps  qu’ils  pouvaient  être porteurs de ce changement. Les positions de la ligue des droits de l’homme  lors des derniers  évènements nous prouvent que non. Elle a pris position pour les extrêmes, les semeurs de désordre, les casseurs et les destructeurs. A sa manière, elle s’est montrée agressive à l’égard des gouvernants et des forces de l’ordre. Elle a joué une population contre une autre là où nous attendions une réconciliation. Nous devons chercher d’autres références, d’autres modèles qui affirmeront qu’une intelligence universelle et un esprit supérieur habitant chaque être humain, savent ce qui est nécessaire. L’avènement d’un monde nouveau ne viendra pas de l’extérieur, du politique.. L’humain doit apprendre à traiter ce qui se passe au plus profond de lui-même. Telle est la condition pour que la politique change.  

            Dès que j’aurai écris les commandements nouveaux, je te les envoie. Cela prendra du temps. Ils seront toujours à retoucher.

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20 juillet 2023 4 20 /07 /juillet /2023 07:12

 

         Les médias tiennent l’évènement qui va les occuper jusqu’aux obsèques de la défunte. Ils fonctionnent ainsi quitte à se répéter d’une chaine à l’autre, d’un journal à l’autre. Mais ne nous plaignons pas. Il y a pire. Ils ont le droit de faire grève, ils ne sont pas soumis à répéter ce que souhaite le gouvernement, ils sont divers et les droits de la république les protègent. Et tant pis pour ceux qui ne cessent de vilipender notre fonctionnement  démocratique. Qu’ils aillent voir ailleurs.  Leur  présentation est parfois agaçante, ils se soumettent à la pensée du moment, celle qui ne fera que booster l’audimat. C’est ainsi qu’ils ne cessent de répéter que Jane Birkin était  une femme libre. Mais alors qu’est-ce que la liberté ? Je ne prendrai pas le risque de la définir. Je ferai seulement trois remarques.

            Pour être une femme libre faut-il avoir eu des enfants avec trois hommes différents ? La femme fidèle à son conjoint (marié ou pas) toute la vie ne pourrait-elle pas être une femme libre ?  Celle qui décide de vivre son célibat de manière chaste n’aurait-elle pas la possibilité d’être une femme libre ? Simone de Beauvoir nous avait déjà fait le coup. Il suffit de lire son histoire pour se convaincre qu’elle n’était pas libre ni à l’égard des hommes, ni à l’égard des femmes et encore moins dans ses pensées politiques. Elle était dépendante de Sartre, de l’écrivain américain Nelson Aldren  et de tous ses amants. La légende laisse croire qu’elle est à l’origine du féminisme mais quel féminisme ?  Il me semble que les femmes peuvent accéder à une toute autre liberté. Les légendes sont puissantes parce qu’elles travestissent la réalité.

            On nous dit que la liberté  de Jane l’a poussée la à être généreuse. C’était une fidèle des restos du cœur. Bravo. Relativisons toutefois cette générosité. Lorsque l’on est assis sur des millions on peut être généreux. Il n’y a  pas de risque. Je pense à cette famille nombreuse qui a parfois du mal à joindre les deux bouts bien que les parents travaillent dur.  Ils sont libres. Ils ne laisseraient pas passer une collecte des restos du cœur ou de la banque alimentaire sans donner ne serait-ce qu’une bouteille d’huile ou un paquet de pâtes.

            Enfin vient l’adoration des fans. Avec la fin de la religion, je pensais que nous allions sortir de la pensée  magique et des superstitions. IL n’en est rien !  Certes la messe et les offices religieux n’invitaient  pas  vraiment à réfléchir. L’humain  a toujours eu du mal à regarder ce qui se passe à l’intérieur de lui-même. Tout compte fait il devient évident que le Dieu des religions est plus libérateur que les dieux devenus stars.

           Pour conclure je note que l’on ne dit jamais qu’un homme est un homme  libre. La chose parait acquise. A moins que nous, les hommes nous ne soyons que des esclaves. Je note aussi que le poète qui disait que dans le couple il n’y a que de l’amour éternel, les liaisons  soumises au temps n’étant que plaisir, est peut-être en train de perdre la partie.

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13 juin 2023 2 13 /06 /juin /2023 09:35

Incinération/ crémation

            Lors d’une conversation avec des amis en grande peine après avoir  perdu leur fils âgé d’une trentaine d’années nous en sommes venus à échanger sur les nouvelles normes concernant l’homologation des anciens cimetières dans les propriétés privées. La pollution des sols était au premier plan. Connaissant leur conviction au sujet de l’écologie, j’osais leur parler de la crémation. Ceci était d’autant plus évident que quelques jours auparavant un responsable des pompes funèbres me disait prévoir que d’ici une dizaine d’années la crémation deviendrait obligatoire à cause du manque de place dans les cimetières. Ceci me paraissait sensé du point de vue de la pollution. J’y voyais aussi une aide dans le processus du deuil. La crémation devenait alors non seulement une lutte contre la pollution (plus de cimetières privés ou publics) mais plus encore une invitation à repenser la mort.  

            Leur réaction fut immédiate et me surprit. Ils s’opposaient à la crémation. Leur argument était d’une part qu’il fallait laisser une trace pour rappeler l’existence du disparu, d’autre part qu’il fallait pouvoir se recueillir sur la tombe des disparus par respect pour eux, pour ne pas les oublier et entretenir l’amour qu’on leur portait.  Pour avoir accompagné puis présidé de nombreuses cérémonies funèbres, j’avais pu constater qu’effectivement les familles tenaient au tombeau et se rendaient assez souvent au cimetière pour penser à leurs morts et apporter des fleurs. A mes yeux ces habitudes étaient plutôt négatives. J’y vois trois raisons.

-Tout d’abord le cout de l’entretien de la tombe -voire de la construction d’un tombeau- pour des familles en difficultés financières qui consacraient plus d’argent au mort qu’au vivant. Le chagrin et la peine viennent troubler la raison, ils éloignent du réel.

-La visite au cimetière peut devenir une astreinte. J’ai vu des hommes et des femmes qui après la perte de leur conjoint se rendaient  au cimetière tous les jours pendant plusieurs années. J’ai même rencontré une maman qui après avoir perdu sa fille unique  depuis plus de vingt ans se rendait toutes les semaines au cimetière. « Je ne vis que pour ma fille » disait-elle. N’y a-t-il pas là une manière d’entretenir la douleur de la séparation, de s’enfermer dans une vie répétitive, étroite pour renoncer à une vie renouvelée ?

-Enfin, vouloir conserver le corps sinon en l’embaumant, tout au moins en entretenant  et fleurissant la tombe, n’est-ce pas s’enfermer dans l’illusion que ce corps reviendra à la vie telle que le défunt l’a connue.  Une dame de quatre-vingt-dix ans, percluse de rhumatisme, me disait qu’elle voulait bien ressusciter à condition de revenir à l’âge de vingt ans. Pour ceux qui croient à la résurrection, je rappellerai que le tombeau où Jésus avait été déposé était vide. La résurrection du Christ ce n’est ni le corps qui retrouve la vie, ni un retour dans le corps initial lors des apparitions. Le corps aperçu relève de l’imaginaire du croyant. L’apparition ne dure qu’un temps à un moment précis. Jésus ayant remis son esprit entre les mains du divin avant de mourir, cet esprit se manifeste à celui qui veut le voir. La matière corporelle est devenue esprit autrement dit force de vie. L’apparition du Christ n’est pas un évènement, c’est une confession de foi.

Je peux ici faire part de mon expérience. Il y a plus de dix ans maintenant, j’ai perdu ma mère. Elle tenait une grande place dans ma vie puisque ayant perdu mon père lorsque j’avais treize ans, elle nous a élevés seule avec ma sœur et mon frère avec la tendresse d’une mère et l’autorité d’un père. Son décès a été une lourde épreuve avec beaucoup de culpabilité tant je me rendais compte de ce qu’elle avait fait pour ses trois enfants. J’avais un  sentiment d’ingratitude vu ce qu’elle avait fait pour moi afin que je devienne un homme comme elle se plaisait à le dire.

Elle a refusé la crémation et repose aux cotés de notre père, son mari avec qui elle a vécu seulement pendant treize ans. Quinze jours après son décès, je revenais sur sa tombe pour accompagner un de nos fils qui n’avait pu être là lors des obsèques. Quelle déception : je ne retrouvais plus ma mère mais un tas de terre. L’inscription de son nom sur une mini stèle ne changeait rien. De retour chez nous à plus de quatre cent kilomètres je décidais de ne plus revenir au cimetière. J’encadrais  alors trois photos où elle était tantôt avec mon épouse, tantôt avec nos enfants et même ses  petits-enfants. Je plaçais ces photos dans le couloir menant aux chambres afin qu’elles ne soient pas exposées aux yeux de tous mais que je puisse les voir selon mon envie. Très vite je sentis une émotion de joie et de reconnaissance qui montait en moi lorsqu’en passant je regardais, sans m’attarder, les photos. Depuis, avec le temps,  je sens un sourire s’esquisser autour de ma bouche toutes les fois que je regarde. C’est un pur bonheur.

Maman n’est pas au cimetière, elle est là, avec moi. Les photos font vibrer mon  cœur et mon esprit en même temps. Je la porte en moi. Devant la photo, je ne dis plus ma mère, je dis maman. Elle est redevenue la maman qui m’a toujours aimé et que j’aime toujours. Les morts et les vivants nous cheminons ensemble.   

Il y a quelques mois, j’ai eu l’occasion de revenir au pays de mon enfance.  . Je me suis rendu au cimetière. Ce fut une nouvelle déception. Un tas de terre, quelques fleurs, une plaque avec son nom. Mais elle n’était pas là. Je suis vite reparti pour retrouver la joie de l’avoir dans mon cœur et mon esprit. Je continue mon chemin avec elle. Je n’éprouve pas le besoin de revenir au cimetière. Elle n’y est plus. Elle est ressuscitée. C’est l’amour que nous portons à nous-même et aux autres qui ressuscite. L’amour peut tout.  Je souscris à cette remarque  de Peretti  en 1997 : «Il est possible que chacun de nous soit une essence spirituelle continuant et durant au-delà du temps, et occasionnellement incarnée dans un corps humain ».  

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3 juin 2023 6 03 /06 /juin /2023 17:50

 

            Les mots sont porteurs de sens. Ils permettent de communiquer. Pour les linguistes le mot est à double face. Il y a le signifiant.  C’est en quelque sorte la forme du mot, forme écrite ou orale. C’est un symbole graphique, une image acoustique. Un signe porteur de sens. Le sens est appelé le  signifié. C’est l’autre face.  Celui-ci peut varier. On connait le sens propre et le sens figuré. Aucun n’est figé. Il y a une grande diversité de sens selon la place occupée par le mot. Le langage inclut tous ces sens.  Il y en a de nouveaux. D’autres tombent en désuétude.

            Il arrive cependant que des mots figent leur sens. Il n’est plus possible de les utiliser pour communiquer à moins d’avoir en tête le sens figé donné par son interlocuteur. Il n’y a plus d’échange dans ce cas. Je prendrai trois exemples :

            -le mot démocratie. Il ne sert plus la conversation. Il soude entre-eux ceux qui en ont la même idée tout en excluant les autres. Pas de débat possible. Au départ c’est le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple comme le soulignaient le président Lincoln, Winston Churchill et l’article de la constitution de la quatrième république. Toutefois pour les uns, il s’agit d’une gouvernance  par représentation après des élections, pour d’autres c’est la démocratie directe. Chaque citoyen doit pouvoir se prononcer sur la question traitée par le débat et par référendum. Le mot est un piège, chacun reste sur ses positions.

            -Le mot liberté. Au départ la liberté est l’état de quelqu’un qui n’est pas soumis à un maitre, qui n’est pas enfermé ou en captivité  ou soumis à une dépendance. Mais au-delà de ces situations particulières la liberté est le pouvoir d’agir sans contrainte de manière autonome et pouvoir faire ce que l’on veut. Trois types de liberté ont été définis : la liberté d’expression, la liberté de pensée et la liberté de conscience et de religion. Pour résumer nous dirons que la liberté consiste à choisir entre plusieurs possibilités. L’ennui est que chacun voudrait imposer à l’autre ses choix, tyrannisé par ses désirs et incapable prendre l’autre en considération.  La liberté devient alors une illusion. Ici encore la situation est bloquée.

            Enfin le mot Dieu. La difficulté ici vient de ce que le mot représente pour la quasi-totalité de la population  des religions monothéistes, pour les croyants comme pour les incroyants, à peu près les mêmes choses.  Dieu est un être tout puissant, qui agit à sa guise et à qui l’humain et le monde est entièrement soumis. Le but de l’humain est de lui plaire pour obtenir le nécessaire le cas échéant le bonheur. Il est impossible d’être entendu sans vouloir convaincre pour autant si l’on est porteur d’une conception autre. C’est devenu un mot à ne plus utiliser. Il est plus efficace de parler d’intelligence supérieure, de force universelle, d’énergie… Toutes ces expressions invitent à la réflexion et au recentrage sur soi. Elles conduisent à ne pas s’en remettre à une autorité extérieure mais à mettre sa pensée à contribution pour tout changement.

            Ces trois exemples illustrent le fait que les mots sont pervertis au point de ne plus permettre la communication, ce pourquoi ils sont faits. C’est toujours pour servir les intérêts et les ambitions d’un groupe qu’ils sont utilisés et détournés de leurs sens. L’exemple actuel est le mot « retraite ». Des groupes politiques se servent à tout vent de ce mot pour attirer vers eux des électeurs. Le mot est dénaturé, réduit au point que l’on ne sait plus ce qu’est la retraite. Au lieu de s’invectiver sur l’âge (60, 62 ou 64 ans) ne serait-il pas plus intelligent de s’interroger sur ce qu’est la retraite, à quelles nécessités elle doit répondre et voir comment on peut organiser le travail dont elle doit être le reflet. Le travail retrouverait sa place dans la création alors qu’il est perçu actuellement (mais peut-être l’est-il !) comme la pire des choses à quitter au plus tôt. Réduite à un combat sur l’âge, elle perd son sens  et le mot « retraite » ne servira plus la communication.    

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23 janvier 2023 1 23 /01 /janvier /2023 08:31

Protestantisme

            Pendant ces trois derniers siècles le protestantisme s’est nourri de l’opposition au catholicisme. Il ne pouvait pas en être autrement étant donné son origine à savoir le refus de la puissance de l’église catholique sur le plan politique et des dogmes et des croyances qu’elle imposait en décalage avec les découvertes des sciences. A cela s’ajoutaient les conflits souvent sanglants qui entretenaient la haine de part et d’autre. Ce temps de contestation et de confrontation a cessé au milieu du XXème siècle avec la mise en place de l’œcuménisme par les autorités religieuses. Elles ne faisaient que poursuivre la bonne entente, entre paroissiens catholiques et protestants, qui se mettait en place depuis la fin du XIX siècle.

            Les protestants contestent encore cette analyse selon laquelle le protestantisme se définissait par opposition à l’église romaine. Ils ont raison si l’on définit le protestantisme par cette opposition uniquement. En effet les protestants ont apporté une contribution spécifique et moderne à la marche de notre pays. Ils ont grandement participé à la pensée des lumières. Ils ont été les artisans principaux de la laïcité. Ils n’ont pas hésité à céder leurs écoles à l’Etat. Ils ont privilégié le réel au surnaturel. C’est ainsi qu’ils ont abandonné un certain nombre de croyances comme les miracles dus à la vierge et aux saints. Ils ont renoncé aux pèlerinages. Ils ont remis de la rationalité dans des traditions devenues décalées avec la pensée du moment. La raison est devenue la maitresse principale de leur pensée y compris dans la compréhension des textes bibliques qu’ils privilégient sans pour autant oublier de les soumettre à l’analyse historico-critique. Ils s’émancipent de la pensée gréco-romaine en retournant à la pensée juive à travers la lecture l’Ancien Testament.

            Pour autant, la situation actuelle nous montre comment l’œcuménisme, autrement dit l’alliance avec le catholicisme, leur a fait perdre leur personnalité. Ils n’ont plus rien à dire et nombreux sont, ces cinquante dernières années, ceux qui disent que catholiques ou protestants c’est la même chose. Par fraternité peut-être, les protestants se dispensent de pointer la réalité et la vérité. Le scandale de la pédophilie des prêtres et des évêques en est un exemple. Elle n’a donné aucune prise de parole claire et sans équivoque du côté protestant. On aurait aimé entendre que l’autorisation, pour les prêtres et les évêques,  de se marier et de devenir père éviterait 80 % de dérives. Bien sûr il y aura toujours des pédophiles dans tous les milieux quelle que soit leur situation familiale, mais réduire cette monstruosité de 80% serait plus efficace que des dédommagements financiers. Les victimes le disent elles-mêmes. De plus une telle parole de vérité fortifierait la fraternité entre catholiques et protestants. Un vrai débat pourrait avoir lieu. Après plusieurs années d’œcuménisme, il n’est pas certains que chacun, ait découvert chez l’autre les richesses de la vie spirituelle : la méditation et la contemplation coté catholique ; une éthique qui ne soit pas vécue comme une obligation venue de l’extérieur mais librement consentie par amour, avec raison  et avec joie coté protestant. On a vu combien depuis 1945, les droits de l’homme ont permis  Vatican II et l’abandon du soutien aux dictateurs sanguinaires se réclamant de l’église catholique tel le général Franco en Espagne.

            Aujourd’hui la fédération protestante semble plus résolue à défendre des comportements religieux que des actes de libération. Des protestants évangéliques créent des écoles privés qui ne sont plus sous contrat. Les laïques sont souvent traités de « laicards ». Bref, les protestants craignent de perdre leur liberté religieuse. Ils oublient que le protestantisme ne s’est jamais aussi bien porté que lorsqu’il était sinon persécuté, du moins mal accepté. Il était inventif et créatif. Il permettait aux plus déshérités de grimper dans l’échelle sociale.  Il n’était pas enfermé dans des dogmes et des répétitions. Il a oublié que l’on peut vivre sa foi loin de la religion, loin de son église. Il a oublié que ses deux piliers fondamentaux sont la pensée et l’action. Il a oublié que toute personne, animée par l’amour  qui s’efforce à aider les autres à être libre et heureux, n’a besoin d’aucune croyance, aucune église, aucun dogme, aucun rite pour être totalement pieux. Tout ceci peut lui être utile mais ce ne sera pas suffisant pour être vertueux : aimer Dieu et son prochain comme soi-même.     

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14 janvier 2023 6 14 /01 /janvier /2023 10:18

 

                                                                                    Alcoolisme et volonté

 

            Lorsque des femmes et des hommes n’arrivent pas à se débarrasser de leurs passions, l’opinion les juge sévèrement sous le prétexte qu’ils manquent de volonté. C’est  le cas pour les addictions à des produits euphorisants, pour la sexualité accompagnée parfois de violences ou pour des comportements répétitifs. Nous avons souvent entendu ce refrain pour les dépendants aux boissons alcoolisées : « Il n’a aucune volonté ». L’expérience nous a appris que c’était un faux procès. Nous avons vu des hommes et des femmes pleurer devant l’impossibilité de ne plus consommer d’alcool. Ils se le reprochaient vivement et se sentaient coupables devant leur conjoint, leurs enfants, leurs amis et ceux à qui ils avaient promis de ne plus consommer d’alcool. Certains sont allés jusqu’à mettre fin à leur vie même s’il faut être prudent devant l’affirmation d’une telle cause étant donné la complexité des situations créées par l’abus d’alcool.

            Notre expérience après avoir milité pendant plus de cinquante ans à la Croix Bleue, mouvement visant à conduire vers l’abstinence les hommes et les femmes devenus dépendants de l’alcool, et après avoir dirigé pendant douze années un centre de cure pour malades alcooliques, j’ai pu vérifier que l’être humain n’a pas le pouvoir de commander  spontanément à ses passions par la seule force de sa volonté. Il ne dispose pas d’un libre arbitre comme le croyait le philosophe René Descartes et plus près de nous Jean Paul Sartre. C’est une illusion de penser que l’esprit (la pensée) est indépendant de la nature, de ses causes et de ses lois et qu’il est déterminé par elles.

            Pour s’opposer à sa passion, le buveur n’a que la puissance de sa raison. Cela ne veut pas dire qu’il doive se perdre dans des raisonnements inconsidérés mais, animé par l’énergie sans fin de l’amour potentiellement présent dans l’univers, comprendre intuitivement, ce qui se passe en lui. Il découvrira alors que le bonheur recherché  vient de la puissance divine de la VIE agissant toujours et sans fin. Cette force de la vie le mouvement de la Croix Bleue la mentionnait en faisant signer un engagement d’abstinence avec « l’aide de Dieu ». La formule a été supprimée. Elle était maladroite. Elle faisait de Dieu une assistante de vie pour la personne âgée. Ou, pire encore, un grand manitou gérant la vie des humains selon ses caprices. Mais, la formule portait en elle quelque chose de  juste parce qu’elle invitait à vivre au plus profond de la Vie, là où celle-ci se pare d’un caractère divin. Le divin ne se rencontre pas seulement  dans la religion. Il fait partie de la vie. Ce terme désigne la puissance infinie et éternelle de la vie. Qu’il y est un Dieu qui puisse aider est une croyance personnelle qui ne peut être partagée par tous. Que la vie ait rencontré l’essence  divine, cela s’observe : la joie, la liberté et le bonheur de vivre en témoignent.

            J’ai reçu, plus d’un an après son séjour dans le centre de cure une lettre où l’ancien curiste me disait qu’il ne prenait plus d’alcool, qu’il était joyeux qu’il avait rencontré au Centre de Cure la vie divine. Il ajoutait surpris: « et cependant vous ne nous parliez jamais de Dieu ». Il était déçu parce qu’il ne retrouvait pas cette vie divine dans l’église de son village où il se rendait à la messe. Et oui ! Le divin n’est pas accessible uniquement par le religieux. La raison nous le fait rencontrer partout. Tout particulièrement dans la contemplation de la nature, du beau et dans la relation à l’autre. C’est alors que commence une vie heureuse et joyeuse.  

 

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10 janvier 2023 2 10 /01 /janvier /2023 19:06

Le divin contesté

            Nombreux sont aujourd’hui les français qui se détournent de la religion. Parmi les trois monothéismes, le christianisme est le plus affecté. Toutes les dénominations sont touchées à l’exception des mouvements traditionnalistes les plus radicaux  chez les catholiques comme chez les protestants et les évangéliques. Au-delà même de l’adhésion à la religion c’est la conception de Dieu qui est en cause. Cette conception est mise en avant depuis près de deux mille ans, par le monothéisme. Elle est retenue par le grand public qui accepte ou rejette cette conception sans s’interroger sur sa pertinence.

            L’incroyant pour rejeter Dieu utilise deux mots clés. Le mot athéisme est employé par celui pour qui il n’y a pas de Dieu. Il est dans un négativisme total. Il est sûr de son affirmation. Sa pensée est bloquée. Il ne peut pas y avoir de nuances. Le mot agnostique est employé par ceux qui prennent soin de ne pas choquer leur interlocuteur. Par ailleurs ils ne se mouillent pas. En se cachant derrière le « je ne sais pas », ils laissent la possibilité d’un retour de Dieu. L’ignorance les excusera le moment venu. Ils auront droit au pardon !  Il y a chez eux quelque chose de l’ordre  de la superstition.

            Les théologiens, catholiques comme protestants, se voulant acquis à la modernité et conscients que la conception passe-partout de Dieu ne fonctionne plus très bien, restent proches de l’agnostique. Ils affirment qu’il n’est pas possible de dire que Dieu existe pas plus qu’il ne l’est de dire qu’il n’existe pas. Ainsi la place prise par Dieu peut être occupée ou inoccupée. Tout dépend du regard porté sur cette place. Tout le monde y trouve son compte.

            Peu soucieux d’appartenir à la modernité mais prenant au sérieux  l’expérience,  j’affirme que Dieu existe. Non seulement pour moi mais pour le monde. Autrement dit, l’existence de Dieu est démontrable pour celui qui se laisse aller à la connaissance intuitive. Cette connaissance va au-delà de ce que nous ressentons, au-delà  de notre raisonnement, elle  effectue le lien direct entre la cause et l’effet. Elle saisit globalement le tout sans entrer dans le détail.  Un peu à la manière d’une révélation. La connaissance intuitive permet de découvrir que Dieu est un être réel, présent en toute chose, absolument infini sans aucune limite, une substance autoréférentielle autrement dit sans créateur extérieur. La superficialité de la pensée et de l’observation, pense éliminer Dieu sans jamais y parvenir étant donnée la nature infinie du divin,  insaisissable mais pleinement présente. Dieu n’a ni commencement ni fin.

            Dans notre monde, la difficulté vient de ce que refuser Dieu tel qu’il a été conçu par les religions et propagé dans le grand public n’est pas accepté. Ce refus vous catalogue aussitôt comme incroyant et imposteur. Affirmer que  Dieu ne veut rien,  qu’il n’y a pas de volonté divine et que Dieu est et devient en suivant sa propre énergie et sa propre logique est considéré comme un blasphème. Dire que Dieu n’aime ni ne hait puisqu’il est tout en tout et qu’il n’existe rien en dehors de lui (donc il ne peut aimer que lui-même) est inacceptable pour les religions monothéistes. Dans ces conditions, il ne peut y avoir ni renouvellement de la pensée théologique ni changement des pratiques dans la relation avec ses semblables et dans la gestion du monde.

            Il est bien regrettable que l’église et les religions refusent l’idée que « l’esprit humain a une connaissance adéquate de l’essence éternelle et infinie de Dieu » pour y substituer leur propre définition et représentation du Divin. Ceci permettrait de sortir du fixisme dans lequel la religion chrétienne (et d’autres encore) reste enfermée. Cessons de fabriquer des apostats et des incroyants. Permettons à l’humain de regarder et comprendre au plus profond de lui-même afin qu’il y découvre l’essence divine avec laquelle il est pétri. Il vivra alors l’existence pour laquelle il a été fait.       

           

 

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7 janvier 2023 6 07 /01 /janvier /2023 10:15

Œcuménisme ou

Les fonctions de la religion

 

L’œcuménisme avant qu’il ne porte son nom.

         Depuis quelques années les jeunes étudiants en théologie entrant dans un poste pastoral disent donner dans leur ministère priorité à l’œcuménisme. La remarque surprend. En effet le souci œcuménisme remonte aux années soixante sans qu’il porte les fruits que l’on attendait. Tout d’abord parce que l’œcuménisme existait bien avant que les autorités religieuses s’en saisissent. Pendant la guerre, dans les terroirs à dominante protestante, de nombreux jeunes hommes catholiques peu encouragés par le curé du village qui le plus souvent penchait pour le gouvernement de vichy sans pour autant être des collabos, se joignaient aux jeunes protestants pour fuir le Service du Travail obligatoire en Allemagne ou plus radicalement encore entrer dans la résistance. De fortes amitiés se sont liées à ce moment-là, elles ont continué après la guerre. Le dimanche à la sortie de l’église et du temple où chacun se rendait  selon sa religion,  les cafés du village devenaient soudain un lieu profondément œcuménique où la joie d’être ensemble débordait jusque dans la rue. Il n’y avait plus ni catholiques ni protestants mais des hommes et des femmes qui se sentaient solidaires les uns des autres. Le mot œcuménisme est venu plus tard. Il a désigné alors, la rencontre des instances catholiques et protestantes. Il a été utile pour des récalcitrants qui s’enfermaient dans leur religion tout en jugeant les autres. Il a changé le regard porté sur les dénominations chrétiennes qui n’étaient pas celle à laquelle on appartenait. Ces dénominations n’étaient plus perçues  comme appartenant à la même religion.

L’œcuménisme au point mort 

            Sur le plan théologique il y a eu très peu de changements. Chacun est resté attaché à ses doctrines, à ses dogmes et au fonctionnement de son église. Tout ceci ajouté à la baisse du nombre des fidèles, fait que les rassemblements œcuméniques sont devenus moins pertinents, porteurs de peu de joie et de reconnaissance. Notons que les jeunes prêtres comme les jeunes pasteurs mettent l’accent sur les actes et les symboles religieux. Il y a cinq ans un prêtre âgé,  que je ne connaissais pas mais à qui je confiais à la sortie de l’église avoir communié à la messe de minuit en signe d’amitié avec ma belle-fille catholique, me tapait sur l’épaule au nom de la fraternité et m’invitait à communier toutes les fois que j’assisterais à une messe. J’appréciais sa fraternité et son courage. Il passait outre les traditions de son l’église. Son attitude contrastait avec celle de ce jeune prêtre qui rappelait aux protestants présents ce jour-là à la messe, qu’ils ne pouvaient pas communier. Il voulait, disait-il, être fidèle à son église. L’institution passait avant Dieu.

Le protestantisme se religiosise

            Il est pour moi douloureux de constater combien aujourd’hui sont nombreux  les protestants pour qui l’église est le lieu des rites et des prières. Ils sont plusieurs à demander que la sainte cène (l’eucharistie) soit célébrée tous les dimanches. Ils insistent lourdement sur l’importance des sacrements. Ils minimisent les dérives de certains réformateurs. Loin de s’insérer dans la société actuelle ils se replient sur la religion. Il semble loin le temps où les protestants s’attachaient à définir ce que pouvait être la laïcité. Aujourd’hui ils ont peur et défendent le religieux pour se protéger des « laicards » disent-ils. La peur est la mère de tous les fantasmes et si aujourd’hui nous avions un danger à craindre ce serait celui de voir revenir des religieux au pouvoir quelle que soit la religion. Finis l’abolition de la peine de mort, le droit à l’avortement, le droit au blasphème, la liberté de conscience…

La réalité humaine précède l’idée de Dieu.

            De manière générale, les religions pensent qu’elles sont là pour défendre Dieu. Tout récemment, des hommes ont été condamnés à mort  au motif qu’ils avaient la haine de Dieu. Lors d’un voyage dans un des pays d’Afrique, le guide recommandait aux touristes de ne pas dire publiquement qu’ils étaient incroyants et qu’ils n’avaient rien à faire de Dieu. Comment ne pas se rappeler alors qu’un certain Jésus, considéré comme le fondateur de la religion chrétienne  à fait passer l’humain avant les positions de sa religion. Il a mis Dieu et l’homme sur un pied d’égalité. Il  invite à aimer Dieu comme soi-même et comme son prochain. « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur… et ton prochain comme toi-même. Math 22/34-40 ».  Jésus a  introduit le pardon dans toutes les relations humaines y compris celles qui sont condamnables. Il pardonne et libère la femme adultère. Il lui évite la lapidation. Jésus ne prend pas le parti de Dieu étant donné la nature de celui-ci. Une telle attitude n’aurait aucun sens. Il prend le parti de l’homme jusqu’à en mourir. Dans de nombreux pays, on condamne à mort au nom de Dieu. Une telle violence nous surprend et nous révolte. Mais réfléchissons ! Nous sommes sur ce chemin toutes les fois où nous faisons passer Dieu avant l’homme. J’ai rencontré des hommes et des femmes qui avaient la haine de Dieu et par extension de tous ce qui à leurs yeux représentaient Dieu : l’église, le temple, les prêtres, les pasteurs, les religieuses, les moines. Cette haine venait de l’image qu’ils se faisaient de Dieu et de la souffrance qui était la leur. Mais qui étaient les responsables de cette haine ? N’est-ce pas ceux  dont le rôle était de corriger les représentations de Dieu ? N’est-ce pas à eux de les mener vers de plus justes connaissances ? Encore faudrait-il que les religions osent repenser leurs croyances, leurs doctrines et regarder à l’humain avant de lever les yeux vers le ciel pour réinventer Dieu. Ce travail n’est pas fait et le retour en force du religieux, y compris au sein de l’église protestante ne laisse pas augurer de changements heureux. Notons pour nous encourager et pour dire que rien n’est perdu, qu’il est possible de vivre dans la présence divine et avec le compagnonnage  de Jésus sans pour autant être des fidèles de l’église. Tout dépend des choix faits par celle-ci et des buts poursuivis.

L’Eglise veut évangéliser.

            Mieux cerner  les buts poursuivis par l’église mériterait clarification et précision. Cette démarche n’a pas lieu l’église restant persuadée qu’elle est chargée par Dieu d’une mission qu’elle pense connaitre. Bien que de bonne foi, ce propos ne manque pas d’orgueil. L’histoire en témoigne. Après la mort de leur maitre les disciples sont désarçonnés. Ils s’interrogent sur la poursuite de l’œuvre de celui qu’ils suivent depuis plusieurs années. Apparaissent alors les premiers dogmes et les premières doctrines comme pour figer ce qu’ils avaient connu du temps de Jésus. Ils cherchent à maintenir l’élan de vie et d’amour qu’il insufflait par ses paroles et par ces actes. Puis est apparue l’idée devenue une certitude, selon laquelle il y aurait un autre monde après la mort. La vie terrestre devait être consacrée à acquérir le droit d’y entrer. L’église s’est alors présentée comme la porte d’entrée de ce royaume autre que terrestre. La Réforme est venue modérer cette croyance en un au-delà. Elle a minimisé la rupture entre un royaume céleste et un royaume terrestre. Elle n’a pas pu aller aussi loin que le lui disait son intuition.  Pour continuer à exister elle a dû s’aliéner aux pouvoirs en place. Elle est restée une puissance autoritaire comme le montre  la présence de Calvin à Genève. Sa tentation est de  pactiser  avec les régimes politiques puissants, ennemis de la démocratie. L’effort pour continuer d’exister passe avant les services rendus à la planète terre et à sa population.

 

 

L’évangile de Jésus n’est pas celui inventé par l’église

            Cette attitude contraste avec celle de Jésus. Il n’invite jamais à venir à la synagogue et à suivre les religions de l’époque y compris celle de son pays. Bien au contraire. Lorsqu’il va à la synagogue, c’est pour bousculer les traditions et remettre en cause ce qui s’y passe. Il se rend disponible pour tous ceux qu’il rencontre. Il brise les chaines de ceux qui sont prisonniers de leurs convictions et de leurs richesses. Il libère ceux  qui souffrent dans leur corps et ont perdu une large partie de leurs moyens. Il s’intéresse à ceux qui sont mal aimés, méprisés et rejetés. Il est pris de compassion pour ceux qui se trompent dans la manière de gérer leur vie. Il ne les juge pas. Il les libère.

            Aujourd’hui, pour l’église, quelle que  soit son obédience,  évangéliser c’est mettre en place tout ce qui ramènera des adeptes en son sein. Elle est triste lorsqu’elle voit ses fidèles la quitter. C’est alors qu’elle survalorise et renforce tout ce qu’il y a de plus religieux : les rites, les dogmes, les doctrines, les traditions. Elle cherche à plaire à Dieu espérant attirer vers elle le plus de gens possible en présentant au monde un visage sécurisant. Elle n’a pas conscience que de tels  efforts vont à l’encontre de ce que pourrait être une évangélisation tournée vers les humains. Une évangélisation apportant guérison et libération parce que se situant au cœur de la force divine animant tout ce qui existe sur cette terre. Il ne s’agit pas de s’en remettre à l’épanouissement personnel mais de rejoindre l’autre dans cette présence divine.

Evangéliser c’est rendre à chacun la liberté

            Ce n’est pas à l’église d’évangéliser mais à tous ceux qui, où qu’ils se trouvent, portent en eux cette présence divine. On ne le dira jamais assez, évangéliser ce n’est pas convaincre, ramener des gens à soi, à sa religion, à ses convictions. C’est permettre à celui qui est enchainé d’abandonner ses liens. Le rôle de l’église est d’éveiller la conscience, de faire connaitre ce qui libère et proposer une formation lorsque celle-ci est présente dans la société. Rien n’interdit les membres de l’église d’évaluer au nom de la foi les formations reçues et de les compléter si besoin est, ou, cas extrême, de les contester.  Dans le centre protestant que nous avions mis en place dans la région parisienne il y a une quarantaine d’années, des femmes et des hommes se formaient pour répondre aux demandes de ceux qui fréquentaient les activités. Des jeunes préparaient leur BAFA pour être moniteurs de colonie de vacances. D’autres se formaient pour animer des ateliers divers et variés. De nombreux couples fréquentant le centre traversaient des difficultés conjugales. Une infirmière suivit une formation pour être conseillère conjugale. Nous cherchions avec elle  en quoi la foi pouvait apportait un plus dans cette fonction qu’elle exerçait bénévolement à temps trouvé. Nous y avons découvert que certaines conceptions proclamées par l’église étaient erronées et inopérantes comme par exemple la conception traditionnelle du divin. Nous avons été convaincus que le mariage n’est pas un contrat mais une communion sans pour autant être un sacrement. L’église a le droit de faire des choix éthiques. Elle peut par exemple inviter les couples à s’unir pour la vie. C’est une position qui tranche avec la situation actuelle ou plus d’un couple sur deux se sépare. Mais que propose-t-elle pour aider les couples à construire une vie à deux et en famille lorsqu’il y a des enfants ?  Il ne s’agit pas d’avoir son opinion sur la séparation au sein de couple ou de porter des jugements, mais d’indiquer et  donner les moyens à ceux qui font le choix de passer leur vie ensemble jusqu’à ce que la mort les sépare comme le dit la liturgie des mariages de l’église protestante.  Le travail avec d’autres associations permettait de s’adjoindre d’autres spécialités comme des permanences pour les addictions ou pour l’accueil de sortants de prion et autres SDF.  

Aucune église, aucune communauté chrétienne quelle que soit son obédience, ne peut se replier sur une religiosité faite quasi exclusivement de réunions de prières, d’études bibliques, de liturgies, d’actes sacramentels et d’offices religieux, si elle veut être fidèle à la bonne nouvelle voulue par Jésus.  Lorsqu’il n’y avait pas d’instruction publique, l’église ouvrait des écoles. Lorsque l’école est devenue obligatoire et publique les protestants ont cédé leurs écoles à l’Etat. Aujourd’hui l’école libre et privée est plus une concurrence à l’école laïque qu’un service rendu à toute la population. Seules se justifient des expériences novatrices, l’école publique étant parfois sclérosée, sans diversité et inadaptée aux situations actuelles. Toute religion représente un danger pour la démocratie lorsqu’elle veut imposer sa manière de voir et de comprendre la réalité des choses à partir de ce qu’elle croit avoir reçu et entendu de Dieu. La réalité de l’humain ne fait alors plus le poids face à tout ce qui est imaginé au sujet de Dieu. C’est la porte ouverte au pire. Il suffit de regarder autour de nous pour être éclairé et convaincus. Dans une démocratie la religion participe à l’animation de la société. En aucun cas elle ne peut ni commander ni légiférer pour le peuple.  

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Qui suis-je ?

     Titulaire d'une maitrise de théologie et d'un DESS de psychopathologie clinique, j'ai été amené à exercer plusieurs fonctions  et plus particulièrement la mise en place d'un centre socio- culturo- spirituel protestant puis la direction pendant 12 ans d'un centre de cure pour malades alcoliques. J'y ai découvert l'importance d'apprendre à écouter l'humain dans toutes les dimensions qui le constituent. Aujourd'hui, inscrit au rôle des pasteurs de l' Eglise Réformée de France, j'essaie de mettre des mots sur mes expériences et de conceptualiser mes découvertes.
serge soulie

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