Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
21 décembre 2018 5 21 /12 /décembre /2018 10:11

 

           Le lecteur des Évangiles qui n’est pas engagé dans la foi chrétienne s’étonne qu’il ne soit jamais fait mention de la relation amoureuse du Christ. Pour l’homme moderne avoir trente ans et fréquenter librement autant de femmes comme le fait Christ conduit inévitablement à des relations consenties avec une ou plusieurs d’entre elles. Naissent alors de nombreux fantasmes. Marie de Magdala  dite aussi Marie Madeleine, libérée par Jésus de sept démons, identifiée parfois à la pécheresse autrement dit à la prostituée, la première à voir le Ressuscité, est souvent considérée comme la maîtresse voire l’épouse charnelle du Christ. L’Église qui, tout au plus ne voit en cette femme que l’épouse spirituelle, a considéré cette supposition comme un blasphème en s’abritant derrière sa théologie selon laquelle Jésus est Dieu. Dans les Églises  Protestantes, le blasphème n’est pas reconnu officiellement et  Jésus, à quelques exceptions près, n’est pas considéré comme un Dieu. L’expression « Marie mère de Dieu » n’est pas utilisée.

            Cette position protestante laisse la liberté de penser que Jésus ait pu avoir une vie sentimentale et amoureuse comme tout humain sans que cela vienne entacher le caractère de sa mission. Il n’est pas pour autant possible de se laisser aller à tous les fantasmes, la liberté même y perdrait sa nature. L’étude des textes et l’analyse des attitudes de Jésus suffisent pour nous conduire dans nos recherches.

            Tout au long des vingt siècles qui nous séparent de lui, Jésus a été perçu comme un thaumaturge, un faiseur de miracles. Il est le guérisseur par excellence y compris des maladies dites incurables. Ce pouvoir de guérison lui aurait été donné par Dieu comme il a été donné, selon l’Eglise catholique, a des hommes et des femmes appelés saints. Cette vision de la personnalité et de l’action de Jésus qui fait de lui une sorte de magicien, nous empêche de voir en quoi l’attitude et le comportement de Jésus sont facteur de libération. Sa relation aux femmes permet de mieux cerner l’attitude de libération retrouvée dans les relations qu’il tisse avec ses disciples, les malades et le peuple en général. Il serait plus juste de le comparer à un psychanalyste aguerri permettant à chacun de reconquérir la liberté perdue au cours de la vie.

            Notons tout d’abord que Jésus n’évite pas la rencontre avec les femmes y compris semble-t-il dans les lieux et les moments jugés compromettants. Il rencontre la samaritaine seule alors que les disciples « sont allés à la ville pour acheter des vivres ».Il lui sera reproché de fréquenter et de considérer les femmes de mauvaise vie comme il le fait avec celle qui s’est introduite, peut-être une habituée, dans la maison du pharisien le recevant.  

            Jésus fait passer la réalité de la vie avant les conventions habituelles ignorées par les hommes sans le reconnaitre, y compris les plus religieux tels les pharisiens, tant ces conventions paraissent inutiles. Il dit au pharisien : « tu ne m’as point donné d’eau pour laver mes pieds, elle les a lavés de ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux. Tu ne m’as point donné de baisers, mais elle n’a point cessé de me baiser les pieds. Tu n’as point versé d’huile sur ma tête mais  elle a versé du parfum sur mes pieds ». Le pharisien n’a pas respecté les traditions. Jésus ne le lui reproche pas. Il lui montre ce par quoi elles peuvent être remplacées.

                Jésus ne craint pas d’engager son corps dans la relation avec les femmes et les hommes. Il se laisse toucher (les pieds, les mains, la tête, le côté) et n’hésite pas à toucher à son tour. Son corps est lié à sa parole. Il ne craint pas la demande d’amour démesurée de ces femmes dans la détresse : les pécheresses qui courent après lui, Marie assise à ses pieds, Marthe qui s’affaire pour que tout soit parfait, la Samaritaine qui a eu cinq maris. Il accepte le transfert c’est à dire le rôle dans lequel l’enferme momentanément chaque demanderesse afin de la conduire au-delà d’une quête impossible autrement dit vers la liberté. Cette constante on la retrouve dans les quatre Evangiles. Quel contraste avec ces chrétiens qui aujourd’hui se gargarisent de versets bibliques, de prières où encore s’astreignent à pratiquer les rites de leur religion sans que cela viennent interroger leur façon de penser et leurs attitudes à l’égard d’eux-mêmes et des autres. Adultères, incestes, agressions sexuelles mais aussi vols, faux témoignages, accusations sans fondements, dénonciations, j’ai été surpris de constater combien ces déviances sont encore présentes chez les personnes les plus religieuses comme si leur foi n’avait aucun effet sur l’éthique de leur vie. Ce sont souvent les chrétiens les plus réservés, les plus tièdes, les plus méfiants à l’égard d’une surexcitation religieuse qui vivent le mieux l’équilibre de leur vie pour eux, leur famille et tous les autres.

 

            Au vue de sa relation à la femme, il semble qu’attribuer à Jésus des relations amoureuses entretenues et suivies, voire des passages à l’acte avec Marie-Madeleine par exemple, soit en contradiction avec sa démarche de libération. J’ai reçu pour des entretiens cliniques des femmes qui avaient couché avec leur analyste, leur psychologue et psychothérapeute, médecins, ou encore des pasteurs. Toutes avaient interrompu la cure et la relation. Elles disaient n’avoir jamais voulu être leur maitresse. Elles vivaient mal d’avoir donné plus de plaisir qu’elles n’en avaient eu. Elles s’auto accusaient s’attribuant le terme de déchet et paraissaient détruites par ce qui leur était arrivé. Elles disaient être revenues au point zéro et voulait recommencer de nouvelles thérapies et de nouveau programmes avec des personnes différentes. La psychanalyste Sarah Chiche va jusqu’à écrire qu’étant donné le mécanisme de régression où la patiente  redevient comme un enfant, coucher avec elle est comme un acte de pédophilie. Elle le dit pour ce qui concerne la cure psychanalytique, c’est vraie aussi pour tout accompagnant parce que la régression et le transfert sont toujours possibles. « Ce pasteur était pour moi un père, j’étais comme son enfant » disait l’une d’entre elles. Certaines avaient couché avec leur médecin, leur dentiste, leur kiné. Elles attendaient de leur part une réparation, elles ont eu une relation sexuelle. Ces praticiens ont profité du transfert et de l’attente de leurs patientes, qu’il y ait divan ou pas, en lieu et place d’une neutralité bienveillante qui aurait évité bien des dégâts.

            On comprend pourquoi il est bien difficile de penser que Jésus ait eu des relations avec ces femmes rencontrées tout au long de son ministère. S’il avait couché avec Marie- Madeleine, celle-ci serait restée empêtrée dans l’histoire qui l’avait amenée à se prostituer. Elle aurait simplement changé de partenaire. Elle n’aurait pas découvert l’espace ouvert par la  résurrection au matin de Pâques. La neutralité de Jésus leur a permis d’accéder à leur être. Sans cette neutralité elles seraient restées prisonnières de leurs liens. Certes, Jésus, humain parmi les humains, était traversé par les sentiments que connaissent tous les hommes. Il a pleuré lors de la mort de son ami Lazare. Il a pu être amoureux de ces femmes qui a un moment donné l’étaient de lui. Il a su les conduire au-delà de leur désir du moment et leur permettre d’accéder à une vie libre en renonçant à une relation sexuelle avec elles. « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait » s’écrie la Samaritaine. Enfin, elle voyait clair dans sa vie. Il n’y a pas de pénis thérapeutique comme voudraient le faire croire certains thérapeutes pour justifier le passage à l’acte. Celui de Jésus ne l’était pas davantage.

            Reste la question de savoir pourquoi Jésus est resté célibataire. En effet, il aurait pu, comme la plupart des hommes, être lié à une femme tout en ayant l’attitude qu’il a eue avec toutes les autres. Difficile de répondre à une telle question. On peut penser que, supputant le dénouement de son histoire, il n’a pas voulu prendre le risque de fonder une famille. Il n’a pas rendu pour autant le célibat obligatoire pour celui qui voudrait marcher à sa suite et s’engager avec les autres dans une relation libératrice. Le célibat est un choix libre et personnel pouvant être remis en question à tout moment de la vie. Aucune institution ne peut l’imposer sans risques

Partager cet article
Repost0
5 décembre 2018 3 05 /12 /décembre /2018 11:48

 

            Il est acquis par l’homme moderne, qu’il soit croyant ou non croyant, qu’il n’est plus possible de se représenter et penser Dieu comme une personne. Au 12 ème siècle, Maimonide, rabbin philosophe dénonçait toute tentative de corporéité de Dieu. Réduire Dieu à une personne serait nier sa nature de divin à la fois infinie et inaccessible à l’intelligence humaine. Mais alors, si Dieu n’est pas une personne, comment s’adresser à lui ? La question est d’autant plus pertinente que l’homme, y compris lorsqu’il dit ne pas croire en Dieu, éprouve, sous l’effet de l’émotion, le besoin de remercier ou, à l’inverse, d’accuser le destin auquel il donne souvent le nom de Dieu. Il parait évident aujourd’hui, que formuler ce qu’il ressent ne peut qu’être bénéfique à tout humain. Par ailleurs, nous savons que l’homme se construit dans une relation je/tu dans laquelle Dieu tient sa place. En l’absence de l’autre semblable, Dieu reste disponible et permet à chacun de sortir de lui-même. Si cet autre est présent il est, pour celui qui s’y réfère, la tierce personne qui évite le face à face. Il tient le rôle de médiateur. La triade Moi, l’Autre et Dieu est d’une très grande richesse.

            Les rites et les pratiques tels les pèlerinages, les croix, les crucifix, les cierges, ont permis jusqu’ici de manifester la présence de Dieu. S’y ajoutent les confessions de foi, la notion de sacré, la fonction de prêtre, et enfin les édifices : synagogues, cathédrales, temple,  églises et mosquées. La présence de Dieu est encore marquée, bien que se faisant rare, par les cérémonies que sont les baptêmes, les mariages et les enterrements.

            Rendons-nous à l’évidence. Aujourd’hui, ces signes religieux ne renvoient plus systématiquement à la présence de Dieu. Ils sont considérés comme  des éléments de folklore ou comme des traces d’une religion passée. Chez les croyants les plus affichés, ils entrainent des attitudes religieuses et pieuses sans pour autant ramener la présence du divin. La pratique du rite se suffit à elle-même sans renvoyer à un Dieu vivant et actif. Le rite reste un geste sa signification. On participe aux offices religieux (messes, cultes, prières) comme on évite le chiffre 13, sans savoir pourquoi.

            Du temps des prophètes, autrement dit avant l’apparition du christianisme et de l’islam, la présence de Dieu passait par la parole échangée entre le Dieu et la personne, voire le peuple. En les considérant comme ayant clos la révélation, le Christ et Mahomet semblent avoir mis fin à cette tradition, le second contestant le premier dans cette fonction d’achèvement. Selon leurs adeptes tout serait accompli dans la mesure où tout ne dépend plus que de leur personne. L’un en ressuscitant, l’autre en affirmant apporter la lumière définitive. Cette prétention à vouloir clore une révélation progressive a son intérêt. Elle autorise à s’opposer à ceux qui, se prenant pour des prophètes, disent parler de la part de Dieu. Ils omettent que le prophétisme n’est ni prédictions ni voyances, encore moins des paroles qui tomberaient du ciel, indépendantes de la pensée des hommes et du contexte dans lequel ils vivent. Le prophète est un esprit critique qui analyse les situations avec pertinence et en tire les conséquences. Il parle à Dieu mais son Dieu n’est pas figé. Il a des noms différents selon les situations, Yahvé, Adonaï, Elohim,  l’Eternel. Il est souffle et Esprit dans le premier comme dans le second testament. Jésus le rappelle à la samaritaine qui voudrait adorer Dieu dans un lieu précis : Jérusalem ou le Mont Garizim. Dieu est mouvement.

            L’aspect humain attribué à Dieu ne peut être perçu qu’en Jésus pour ceux qui veulent bien regarder à lui. Il est l’humanité dans toute sa plénitude. Il est l’Adam devenu adulte. Il n’est pas Dieu. Mais vit une profonde communion avec lui. Jésus a connu ce que tout homme connait : les joies, les peines, la souffrance. Si au cours de son histoire le christianisme avait reconnu l’humanité de Jésus, au lieu de le déifier, il aurait pu éviter les cruautés qu’il a infligées à l’humanité aux quatre coins du monde. Toutes les religions dès qu’elles concentrent ce qu’elles croient être la vérité de Dieu, pratiquent l’exclusion avec la volonté d’anéantir ce qui ne leur correspond pas. La violence de cette exclusion existe encore aujourd’hui partout où il y a des hommes et quel que soit leur Dieu.

            Si parler à Dieu est une nécessité pour ne pas le figer dans des rites, des traditions ou des lieux, le parlant devra toujours veiller à ne pas l’enfermer dans le personnage qu’il se représente. La représentation serait sa nouvelle prison. Dieu n’existe que par la parole qui va de l’un à l’autre, qui est présente partout sous des formes de langues différentes.  Il est la parole même comme il est l’amour. Il est tout ce qui fait exister les choses de l’univers.  

Partager cet article
Repost0
1 décembre 2018 6 01 /12 /décembre /2018 11:06

         

              Lors des cérémonies de mariage, les Églises demandent aux époux de s’engager dans une relation de fidélité. Cette demande est formulée ou sous entendue dans les liturgies de mariage. Elle s’appuie sur le verset du premier livre de la bible, la Genèse, disant que l’homme et la femme ne feront plus qu’une seule chair. Dans le catholicisme, le mariage est un sacrement, il ne peut être défait à partir du moment où il a été béni par le prêtre. Dans le protestantisme, « faire une seule chair » est un but jamais tout à fait atteint. Le couple est responsable de son  devenir, il reste en alerte toute la vie.

            La fidélité à un partenaire est un choix. Il n’est pas celui de beaucoup de nos contemporains, il n’est pas celui de toutes les religions. Nous nous intéresserons  à ceux qui font ce choix  et dont la volonté ne permet pas de le tenir.  

            Lors de la préparation du mariage, les jeunes couples ont du mal à aborder la question de la fidélité. Ils la considèrent comme acquise puisqu’ils s’aiment. L’amour ne peut que les conduire sur le chemin de l’union permanente. Leur réticence peut aussi cacher la crainte de voir cet amour s’effondrer. Ils sont sensibles à ce qui se passe autour d’eux y compris dans leur famille. « Ne me parlez pas de l’adultère » me disait le futur époux en référence à ses parents. Il en souffrait encore. Les plus religieux se disent que Dieu  pourvoira  aux difficultés rencontrées. Quoiqu’il en soit, la préparation au mariage ne peut suffire  lorsque la prétention est d’aider le couple à vivre la  fidélité qu’il a choisie. Les Églises souvent si promptes à condamner l’avortement, à s’insurger contre le mariage pour tous, la PMA et la GPA devraient se préoccuper de tout ce qui permettrait aux hommes et femmes de bonne volonté de vivre l’amour jusqu’au bout. Ils rendraient service à leurs enfants, les premiers à souffrir des conflits conjugaux. Pour être juste, constatons que certaines communautés ont le souci de la famille.  Des groupes de jeunes ménages ou encore des mouvements comme Cana permettent à des couples d’échanger leur vécu avec d’autres. Notons toutefois que les Eglises, persuadées peut être que Dieu peut tout arranger oublient la responsabilité de chacun dans le bon fonctionnement de la relation conjugale. Qui dit responsabilité dit aussi formation. Nous la déclinerons ici en trois parties.

            La communication est la première des choses à apprendre  au sein du couple. Au départ celle-ci est liée à la passion qui pousse les amoureux l’un vers l’autre. Puis le caractère de chacun reprend sa place. Chacun apprend alors à écouter l’autre, à se mettre à sa place pour mieux percevoir, jusqu’à ressentir, les émotions qui l’animent. Cette empathie permet de reconnaitre et comprendre les émotions de l’autre. Elle oblige  un décentrement de celui qui la pratique et lui permet de s’adresser à l’autre en  trouvant  les mots justes et les attitudes appropriées. Elle va bien au-delà de la compassion  ou de la contagion émotionnelle parce qu’elle est un engagement avec l’autre. L’empathie ne laisse plus seul, elle me joint à l’autre pour cheminer avec lui. Dans le couple le sentiment amoureux se surajoute à l’empathie. Certes, apprendre à communiquer implique des techniques relevant de spécialistes. Ce n’est pas le rôle de l’Église. Disons simplement que celle-ci est un lieu privilégié où ces techniques  peuvent  prendre corps de par la présence de la communauté. Elle se doit d’encourager ces formations qui dépassent la relation dans le couple.

            Apprendre à résister à la séduction et au paraître est un combat que doit mener le couple. La séduction est partout. Elle est le moteur de la société de consommation. La publicité ne vise pas à transmettre des informations sur la marchandise, elle cherche à séduire. Peu importe la qualité et l’utilité du produit vanté. Chaque membre du couple rencontrera à un moment donné de sa vie des personnes qui chercheront à le séduire. Cette séduction peut-être visible. Il est alors facile de la repousser. Elle est le plus souvent perverse car sournoise, trompeuse et mensongère. Elle enferme dans l’illusion laissant croire qu’un partenaire nouveau  apportera le bonheur absolu. Elle flatte l’égo de celui qui subitement se sent plus aimé encore qu’il ne l’est par son conjoint. La séduction aveugle. Elle ne laisse percevoir  que le paraitre. Elle abolit la capacité de discernement.  Ici la formation invitera à ouvrir les yeux, à relativiser toute comparaison, à retrouver un peu d’objectivité et remettre de la raison dans le tumulte des sentiments mis en route par la séduction. Ici la communauté permet que les identifications nécessaires à la vie ne se concentrent pas sur une personne seulement. Elle permet ainsi de gérer les frustrations rencontrées là où la séduction promet de les supprimer.

            Enfin, et c’est le plus problématique, il peut arriver à chacun d’être attiré par une personne de manière tout à fait irrationnelle. Il est d’ailleurs plus juste de dire que l’attrait est celui d’un comportement, d’un nom, d’une voix, d’une forme,  d’une couleur, d’un trait de caractère, d’un lieu, autrement dit de tout ce qui peut être attribué à  une personne dans une situation donnée, sans que pour autant cet élément bien particulier, parce que détaché de la personne en question, soit reconnu comme tel. Le plus souvent l’élément qui a servi d’attrait caractérise des personnes rencontrées dans l’enfance. Ce peut être la mère. La pensée populaire dit que tout homme cherche en sa femme les traits de sa mère, ce peut être des personnes dont un trait nous a marqué et qui ne sont plus représentées que par ce trait-là.  Je pense à cette infirmière amourachée d’un patient hospitalisé  alcoolique. « Il a les cheveux frisés comme mon père »  disait-elle, père qu’elle avait perdu alors qu’elle avait six ans mais qu’elle imaginait frisé sans preuves sinon par désir. Elle reconnaissait la « folie de son amour » sans pouvoir s’en détacher. Les raisons profondes qui conduisent à de tels attachements ne remontent pas facilement à la conscience. Il est pourtant nécessaire de les travailler pour retrouver sa liberté. Ces raisons ne sont jamais entièrement mises à jour tant leur enchevêtrement est complexe. Les interrogations  et la recherche suffisent le plus souvent à prendre la distance avec les sentiments mis en route. Elles rendent actif et mettent en mouvement. Connaitre et comprendre prennent alors la place des interdits souvent peu efficaces car difficiles à intégrer.

            La fidélité à un coût pour celui qui fait ce choix. Elle se cultive car elle n’est jamais acquise. Le pire serait d’ignorer les sentiments qui nous traversent sous prétexte que l’on ne veut pas les croire. Le courage est de les affronter, parfois avec l’aide d’un tiers, psychologue ou conseiller conjugal, si nécessaire. Ces sentiments ne sont pas à confondre avec les fantasmes. Ceux-ci sont  passagers. Ils sont le « laisser aller» de la pensée. Le sentiment amoureux qui s’apparente à une pulsion soudaine, envahit l’ensemble du corps pour se concentrer dans ses parties érogènes, il réclame le passage à l’acte des caresses jusqu’au rapport sexuel. Il est le premier ennemi de la fidélité. Lui céder s’est rompre avec la fidélité. Celle-ci ne connait pas de demi-mesure. J’invite les Églises à y réfléchir afin de travailler à la rendre possible. La prêcher puis  dénoncer son contraire ne suffit pas.  

Partager cet article
Repost0
16 novembre 2018 5 16 /11 /novembre /2018 09:25

 

           Si vous demandez à mon voisin ce qu’est un pasteur il vous répondra que c’est un prêtre marié. Pour autant, mon voisin n’est pas un « balourd ». Il n’a pas à être blâmé. Sa définition est celle de 80% des français qu’ils soient croyants ou incroyants. Certes mon voisin n’a pas fait polytechnique. Sa remarque est tout simplement à l’image de ce qu’enseigne notre société au sujet de tout ce qui n’est pas majoritaire dans ce pays. Demandez aujourd’hui à un français ce qu’est un émigré et vous constaterez combien l’opinion l’emporte sur la connaissance de la réalité.

            Ma voisine est beaucoup plus subtile. Elle entre dans les 20% des français qui ne se satisfont pas de l’opinion mais cherchent à savoir et à comprendre. Me connaissant bien mieux que mon autre voisin, elle m’a présenté à ses amis comme « pasteur laïque.» J’ai trouvé heureuse la formule et l’en ai félicitée. Les autres perçoivent notre identité bien mieux que nous ne pourrions le faire. Le mot « laïque » est ici synonyme d’ouverture sur le monde. Or, il faut le reconnaitre, tous les pasteurs et au-delà, les responsables de religions ne jouent pas le jeu de l’ouverture. Ils sont le plus souvent motivés par l’esprit de prosélytisme qui ramène tout à leurs convictions qu’ils voudraient voir partagées par tous.

            Le mot « laïque » évacue ici  les notions de sacré, de mystère et de croyances religieuses. Ces domaines restent inaccessibles pour le profane.  Ma voisine avait compris avec beaucoup de finesse que mon travail de pasteur consistait à être un « passeur », assurant le passage d’une vie à une autre. Pas seulement d’une vie difficile à une vie meilleure, mais d’un vécu à un choix nouveau. Rester figé dans une situation donnée n’est pas épanouissant. Etre passeur c’est permettre à chacun d’aller de l’avant, vers de nouvelles découvertes, ces dernières n’étant pas forcément supérieures. Les israélites quittent en Egypte des situations souvent bien meilleures que celles rencontrées dans le désert vers la terre promise. Ils regrettent parfois le confort qu’ils ont quitté. En contrepartie ils grandissent en humanité.

            Certes de nombreux prêtres et pasteurs assurant les fonctions religieuses sont aussi des passeurs. Je connais une famille où, après le décès du père, les pasteurs qui se sont succédés  dans la paroisse ont aidé la mère sans emploi à trouver du travail. Ils l’ont conseillée et soutenu afin qu’elle garde ses enfants avec elle contre les avis de la famille paternelle dont certains, en mal d’enfants, voulaient  récupérer les deux ainés.   Ils l’ont encouragée à les inscrire     au collège, au lycée  puis à l’université,  toujours contre l’avis de la famille paternelle qui trouvait qu’elle en faisait trop.  Les pasteurs n’hésitèrent  pas à suivre la scolarité des enfants leur prodiguant des conseils lorsqu’ils le jugeaient utile jusqu’à les abonner à des revues culturelles que leur mère ne pouvait payer. Ils furent des passeurs. Ceci dit, aujourd’hui encore, prêtres et pasteurs sont perçus en premier lieu comme gérant le domaine de la métaphysique. Il en va de même pour les Eglises vues en tout premier lieu comme les garantes des traditions, des rites et des mystères. Pour beaucoup leur rôle est d’assurer les baptêmes, les communions, les mariages et les enterrements, bref, tout ce qui concerne la confession de foi, Dieu et ses mystères. Si une religion et ses responsables, qu’ils soient prêtres, pasteurs, rabbins ou imams, ne mettent pas au premier plan la fonction religieuse, ils peuvent toujours être des « passeurs » comme le fut le Christ. En effet Jésus est présenté dans les évangiles comme celui faisant passer ceux qu’il rencontre d’une situation à une autre : les boiteux marchent, les aveugles voient. Jésus n’invite pas à se rendre à la synagogue mais à naître de nouveau, à passer d’une façon d’être à une autre.  Par cette nouvelle naissance, le corps et l’âme sont concernés sans être distincts l’un de l’autre. Jésus n’endosse pas la fonction de prêtre. Il est dit qu’à sa mort le rideau du temple se déchira. Ce symbole indique qu’il n’y a plus de séparation entre le monde profane et le lieu sacré. Un autre temps est venu. La déchirure du rideau marque la rupture. Or, depuis deux mille ans l’Eglise s’est attachée au service sacerdotal et à la fonction de prêtre, négligeant la fonction de prophète et plus encore celle de passeur, fonction que Jésus manifeste par des actes de guérisons et des paroles libératrices. Le rôle de « passeur » est dévolu à tous, sans exception, pas seulement aux responsables religieux. Pour reprendre les mots du réformateur Luther, nous dirons que le sacerdoce du « passeur » est universel. Nul ne doit s’y dérober. Il nous concerne tous, croyants et incroyants, religieux ou laïques.

Partager cet article
Repost0
27 septembre 2018 4 27 /09 /septembre /2018 21:15

 

          Au XIX ème siècle l’alcoolisme n’était pas perçu en tant qu’addiction. L’alcoolique était un dément que l’on enfermait dans un asile psychiatrique tout en continuant à lui servir de l’alcool. Aucune possibilité d’en sortir n’était envisagée.  Dans l’opinion l’alcoolisme était considéré comme un trait de la personnalité. On était alcoolique comme on avait les yeux bleus ou marron. L’effet sur le comportement et le caractère n’était pas théorisé.  C’était  inéluctable et pour la vie. En 1880, la Croix Bleue est le premier mouvement en France à croire que l’on pouvait se débarrasser de l’alcoolisme. D’autres l’ont imitée plus tard. En effet fondée par un pasteur, les milieux catholiques avaient besoin d’un mouvement à eux . Ils ont créé La Croix d’Or. Dans la Croix Bleue, la religion était présente par un engagement d’abstinence « avec  l’aide de Dieu » et par la lecture commentée d’un passage de la bible lors des réunions. Ces réunions, le plus souvent hebdomadaires fonctionnaient à la fois comme groupe de parole où chacun pouvait s’exprimer et comme lieu de formation où des connaissances sur les effets de l’alcool étaient apportées.   Dans leur fonctionnement ces mouvements étaient liés aux Eglises à travers prêtres et pasteurs. Puis la société se déchristianisant, ces mouvements se sont remis en question, ils ont parfois changé de nom, les prêtres et pasteurs  se sont retirés. Les mouvements ont perdu de leur audience.  L’alcoolisme s’est médicalisé. Seuls les « Alcooliques Anonymes » semblent avoir refusé cette médicalisation. Il est devenu une maladie que les médicaments pouvaient guérir ou stabiliser.

          Aujourd’hui les alcooliques Anonymes sont perçus comme neutres religieusement parlant alors que leur programme s’articule autour de la notion de l’être suprême et des douze étapes à traverser pour en arriver à l’abstinence. Leur succès vient de ce qu’ils se réfèrent à Dieu sans la religion. Ils ont introduit dans leur histoire en 1941 la prière de sérénité attribuée à Marc Aurèle qu’ils ont légèrement modifiée: «Mon Dieu donne-moi (au lieu de « que la force me soit donnée ») le courage de changer les choses que je peux changer, la sérénité d’accepter celles que je ne peux changer et la sagesse de distinguer les deux».

          Les mouvements d’anciens buveurs sont nés dans les milieux chrétiens. Cette naissance fait suite aux propositions des Evangiles interprétés comme demandant à libérer l’humain de tout ce qui l’enchaîne, telles les passions destructrices, la maladie et autres pressions extérieures. La dépendance à l’alcool est bien une passion dangereuse. Jésus, appelé « le Christ » par les chrétiens, a passé trois ans de son temps sur les routes, libérant les personnes rencontrées de leurs passions, de leur fardeau, de la maladie et même de la mort. Il y avait en lui une force exceptionnelle, toujours mise à contribution pour le service des autres. Il est possible que les  Eglises se soient servies de ces mouvements pour faire des adeptes. Peut-on pour autant accuser les personnes sorties de la dépendance de se référer à l’Evangile si celui-ci les a aidées à briser les chaînes de l’alcool. Il est important de préciser que ces mouvements -et tout particulièrement la Croix Bleue- n’ont jamais proposé l’arrêt de l’alcool pour des motifs religieux, l’alcool n’est pas interdit dans le christianisme. Il l’est  pour des raisons de santé et pour que l’alcoolique retrouve la liberté de diriger sa vie sociale, familiale et professionnelle.  Dans une société de plus en plus encline  -probablement pour éviter l’intégrisme conquérant et de par les progrès de la science- à ne pas prendre la religion au sérieux, il y a eu confusion entre considérer le mouvement d’ancien buveur comme un moyen pour se débarrasser de la dépendance et en faire l’antichambre de la religion.

          Il est vrai que les mouvements d’anciens buveurs n’ont jamais eu une méthode bien définie pour amener les alcooliques à se libérer de l’alcool. Pas de programme, pas de logiciel à l’exception peut-être des Alcooliques Anonymes qui suivent une démarche précise. La force des mouvements a été avant tout une amitié entre les membres, la certitude que l’on n’est pas le seul à être tombé dans la dépendance, et que l’on ne sera pas le seul à ne plus consommer de l’alcool. Cerise sur le gâteau à la Croix Bleue, des personnes non dépendantes renoncent à en consommer. Il est donc possible d’être comme tout le monde tout en étant différent bien que refusant systématiquement l’alcool par décision personnelle  Ces mouvements invitent chacun à trouver un sens à la vie autre que celui de la consommation et de la soumission aux traditions.  

          Aujourd’hui les mouvements d’anciens buveurs se voit confisquer leur travail par le médical faute d’avoir mis au point une méthode  clairement définie, et conçue par ceux qui, à un moment de leur vie étaient devenus dépendants. L’alcoolisme, mis  exclusivement entre les mains des médecins, est alors devenu une maladie qu’il faut soigner. Cela coûte très cher à la société sans la protéger de l’alcoolisme de demain et sans ouvrir de nouveaux horizons aux personnes devenues dépendantes.  Voir dans la dépendance le besoin d’un savoir précis sur le produit alcool, le besoin d’une connaissance de soi, de ses sentiments et de ses émotions,  la nécessité de reconsidérer le rapport aux autres et au monde, me semble être une alternative heureuse et porteuse de liberté à l’alcoolisme vu comme une maladie. C’est aussi rendre actif, responsable et cultivé celui ou celle que tout porte à la passivité, la dépendance et le soin. Il ne s’agit pas seulement de supprimer l’alcool pour ne boire que de l’eau, il s’agit d’envisager la vie autrement où de nouvelles découvertes viendront l’enrichir.

_________________________________________________________

Partager cet article
Repost0
4 septembre 2018 2 04 /09 /septembre /2018 14:25

 

            Après avoir côtoyé les hommes et les femmes dépendants de l’alcool, chez eux, sur le lieu de travail, dans mon cabinet ou dans les institutions, pendant près d’un demi-siècle, je ne pense pas me tromper en affirmant que la dépendance à l’alcool est une religion.  Pour comprendre ce qui nous amène à mettre en parallèle alcoolisme et  religion, examinons comment ils apparaissent, ce qu’ils apportent et comment ils fonctionnent.   

            Deux raisons ont amené les humains à inventer la religion. Lorsqu’ils sont devenus cultivateurs et éleveurs après  avoir été chasseurs-cueilleurs, ils ont constaté que leurs cultures ne produisaient pas autant qu’ils l’espéraient, les animaux pouvaient être malades et crever.  Rien à voir avec le temps  où la nature les nourrissait sans efforts, sinon celui de la cueillette et de la chasse. Se sentant impuissants  et dépourvus  devant ces situations, Ils ont alors imaginé des forces supérieures les aidant à réaliser ce qu’ils ne pouvaient plus obtenir par le travail. Ces puissances ou divinités, parfois représentées matériellement, étaient implorées. Des offrandes leurs étaient offertes pour qu’elles agissent ou pour les remercier.  Que l’homme soit mortel est l’autre raison qui a conduit l’humanité à inventer la religion. Cette prise de conscience a été décisive.  La mort était une ennemie brutale, elle emportait des êtres jeunes sans raisons  connues. Partis dans la force de l’âge, l’humain ne pouvait pas penser que la vie puisse s’arrêter ainsi. Alors il a inventé l’au-delà, la vie après la mort.  Cette invention chassait la peur, elle rendait la vie terrestre supportable.

            Ces raisons conduisant à la religion se retrouvent dans la dépendance à l’alcool. Une personnalité pas sûre d’elle, culpabilisée par l’échec de ses projets et de ses efforts, remettant en question son savoir-faire et cherchant inconsciemment une force extérieure à elle-même. A cela s’ajoute l’angoisse universelle de la mort. Devant une telle angoisse avançant masquée,  les propositions actuelles des religions ne correspondent  ni à la réalité ni aux découvertes scientifiques. Aujourd’hui, christianisme comme Islam sont délaissés par la majorité des individus. La dépendance à l’alcool (ou à d’autres drogues) sert alors de substitution pour éviter de penser à la mort. En période de crise, l’alcoolique peut aller jusqu’à se suicider pour ne pas avoir à affronter la mort. Paradoxe ! La démarche reste inconsciente. « Je ne sais pas pourquoi je me suis mis à boire » entend-on souvent dans les entretiens cliniques. Par comparaison, demandez à un chrétien pourquoi il est catholique ou à un musulman pourquoi il est musulman, ils ne le savent pas. Le plus souvent la religion comme la dépendance à l’alcool ne sont pas des choix. Ce sont des situations subies dans lesquelles l’homme entre sans s’en apercevoir.    

            Religion et dépendance à l’alcool apportent la sécurité face au vertige de la vie. Ils emplissent un espace intérieur et intime.  Ils arrachent l’homme au monde de la réalité et l’entrainent dans un monde artificiel construit par l’imaginaire. Un monde où le meilleur de la vie et des rêves occupe toute la place. Un monde où la finitude de l’homme est niée.  Pour la religion la mort n’est plus à craindre. Elle n’est qu’un passage dans un monde autre.  Pour l’alcoolique ce passage n’existe pas puisqu’il se détruit lentement  par un abus volontaire de l’alcool. Le religieux et l’alcoolique nient la mort. Ils sont  apaisés.  

            Religion et dépendance à l’alcool instaurent une répétition. Des rituels se mettent en place. Aller à la messe, à la mosquée, se couvrir de signe de croix, participer à l’Eucharistie, passer  son chapelet, répéter des formules de la bible ou du Coran,  passer régulièrement au bar à des heures fixes ou acheter les mêmes bouteilles,  commander  le même alcool, répéter ses idées fixes.   Il y a dans les deux cas un principe d’adoration.  Adorer une icône, un crucifix, l’autel  pour la religion, adorer la bouteille, le produit absorbé pour l’alcoolique. Dans les deux cas il y a du sacré qui s’est constitué, ce sacré est  fortement vénéré.  L’Eglise et le bar joue le même rôle.   

            Quelles conséquences tirer de ces constatations sinon que de trouver la solution pour briser la religiosité qui aliène l’humain. Il ne s’agit pas ici d’inviter les religions à disparaitre  comme  doit disparaitre la dépendance à l’alcool.  Constatons simplement que la religiosité prive l’homme de sa liberté. Les religions doivent réfléchir au comment se mettre au service de l’humanité sans traîner avec elles puis imposer, ce fatras de croyances, d’irréel, d’attitudes  qui enferment l’homme, le rendent dépendant, l’empêchent de connaitre, de choisir, décider pour enfin  le soumette à une puissance supérieure.  Pour aider les religions à abandonner ce que nous pourrions appeler vulgairement des « bondieuseries », on n’a jamais pensé à faire appel à la médecine. Pourquoi le faire pour l’aspect « religieux » de la dépendance à l’alcool ? Certes le médecin a sa place pour diagnostiquer les dégâts de l’excès d’alcool et réparer ses dégâts dans la mesure du possible. Il a aussi sa place  pour prévenir des dangers de l’alcool. Mais le rôle du médical n’est pas de lutter contre  la « religiosité » de la dépendance et l’illusion dans laquelle s’enferme le buveur.  Dans ce domaine, l’alcoolique, après un sevrage de trois jours sous surveillance médicale, n’a pas besoin de soins mais de formation. Les centres de postcure ne devraient pas être des centres de soin mais des centres de formation où l’alcoolique est un stagiaire qui apprend à mener sa vie en regard de ce qu’est l’alcool. On apprend à conduire une voiture. C’est indispensable pour éviter les accidents, les fossés et les ravins. Pourquoi n’apprendrait-on pas à éviter ceux de l’alcool qui sapent la société du travail, de la vie familiale, des loisirs, de l’engagement associatif et qui souvent tuent plus encore que ne tue la voiture.  

            Ce stage doit apporter des informations scientifiques sur l’alcool : sa nature, sa fabrication, son action. Puis, il doit montrer à l’humain comment  effectuer un travail intérieur de connaissance de soi et de lucidité afin qu’il découvre combien nous sommes mus par nos émotions, nos croyances, nos désirs, les relations avec ce qui nous entoure. Il doit briser les illusions pour ouvrir les portes de la réalité de la vie.

            Ce stage doit aussi s‘employer à aiguiser la curiosité pour les choses du monde afin d’élire celles  qui pourront  devenir des passions pouvant supplanter la passion pour l’alcool. On ne lutte pas contre une passion par la volonté. On la dépasse par une passion plus forte.  Ce stage doit mettre en route l’esprit de créativité, permettre de réaliser des objets  imaginés dans des activités manuelles qui procureront un bonheur perdu ou jamais connu.  Enfin, retrouver la santé du corps par des exercices physiques  puis la puissance de la pensée à travers, des lectures, des groupes de parole, des exercices de réflexion facilitera la mise en route d’une recherche personnelle qui libérera l’alcoolique  de ses obsessions.  FIN

Partager cet article
Repost0
28 août 2018 2 28 /08 /août /2018 11:25

 

            Une vaste méta-analyse du Lancet montre combien l’alcool est dangereux même à faible dose. Cette enquête s’étend  sur 25 ans de 1990 et 2O16, elle porte sur 28 millions de personnes  dans 127 pays avec plus de 1800  chercheurs. C’est dire le sérieux de cette étude. Les mouvements d’anciens buveurs comme la Croix Bleue dont la mission était à la fois curative et préventive ne sont pas surpris. Ils pressentaient depuis longtemps ce résultat à travers leurs observations  et leurs expériences. Ils étaient démentis par des affirmations médicales portées par des médecins peu scrupuleux qui prétendaient que le vin est bon pour la santé,  le cœur par exemple.  Ils encouragent ainsi, soutenus par le lobby des alcooliers, la population à boire le plus possible.  Au salon de l’agriculture, le président de la République s’est joint à la cohorte de ceux qui encouragent à s’alcooliser en déclarant qu’il prend un verre de vin à midi et le soir. Les viticulteurs étaient heureux ! De quoi bien voter aux prochaines élections au mépris de ceux qui y laissent leur vie. Par ailleurs, les buveurs très occasionnels éprouvent les effets de l’alcool dès les premières gorgées. « Je ne bois quasiment jamais d’alcool, un demi-verre de vin ou deux gorgées de bière et je suis dans l’incapacité de prendre la voiture pour amener les enfants à l’école à 2 Km » disait une jeune mère de famille. L’habitué à la prise d’alcool régulière est dans l’impossibilité de percevoir les effets de l’alcool sur son corps et ses capacités. Un commercial me disait récemment avoir découvert combien le verre de vin au repas de midi rendait bien plus lourde la reprise de l’activité en début d’après- midi.  Il regrettait de ne pas avoir fait cette découverte plutôt.

            Les résultats de cette enquête nous amènent à repenser la relation au produit alcool comme le dit Emmanuelle Gakidou qui a participé à cette enquête. : « Nous devons réévaluer nos recommandations de santé publique sur l’alcool. Cela peut passer par la mise en place de taxes, des heures de vente, voire l’interdiction de la publicité ». Disons-le tout de suite,  il serait dangereux de tomber dans des interdictions proches de la prohibition. D’abord parce que toutes les sociétés ont besoin de produit leur faisant oublier la dureté quotidienne. En France, l’alcool, le tabac, le cannabis ou encore les psychotropes jouent ce rôle.  Ensuite parce que toute interdiction conduit au marché noir et aux drames afférents. C’est ce qui se passe avec le cannabis non autorisé par idéologie dominante contre un besoin réel d’une catégorie de population. Enfin, parce que les taxes permettent à l’état de soigner les dégâts des produits addictifs, à l’exception du cannabis interdit. Il ne produit aucune recette. N’oublions pas que l’alcool coûte bien  plus cher à l’état que ce qu’il rapporte. Il permet toutefois à l’économie de tourner et à la société de garder son équilibre. Il s’agit ici bien sûr des sociétés occidentales où l’alcool est en libre circulation et ou la question de l’alcool n’est pas lié à une religion.   

            Plus sérieusement il convient de donner une juste information sur la réalité de  l’alcool à tous les citoyens de ce pays et à tous les niveaux. L’école est bien sûr le premier vecteur. Elle doit intégrer la vérité  scientifique sur ce produit dans toutes les disciplines et pas seulement dans des leçons spécifiques et occasionnelles. Une éducation sur le rapport à l’alcool ne passe par des leçons de morale mais par la connaissance du produit. Cette information doit continuer à travers les médias, les lieux de travail, les livrets de santé et les lieux de consommation. Le plus urgent serait de stopper tous ce qui vient contredire cette information juste à savoir la publicité, la confusion entretenue entre  les effets de l’alcool et les intérêts économiques dus au produit. Tout aussi urgent serait l’alcoolémie zéro au volant.  La réduction de la vitesse de 9O à 80 km/heure n’est qu’un épiphénomène eut égard aux nombre de morts et d’accidents dus à l’alcool sur les routes. Cette alcoolémie zéro pourrait être étendue aux lieux de travail. Biens des accidents et des conflits seraient ainsi évités. On ne peut que regretter l’attitude des syndicats, qui, parfois et par manque de volontaires dans les entreprises, n’hésitent pas à confier des responsabilités à des hommes et des femmes dont l’abus d’alcool est patent. Le milieu associatif n’est pas exempt de cette pratique. Enfin, les taxes sur l’alcool devraient s’avérer dissuasives et tempérer les excès. Ce n’est pas le cas actuellement. Cet argent permettrait de couvrir une plus grande partie des frais engendrés par les soins des maladies dues à l’alcool.

            Cette étude remet en question la pratique des services d’alcoologie et des centres de cure et de postcure. Ils considèrent la dépendance à l’alcool comme une maladie et procèdent par traitement médicamenteux, le plus souvent par antidépresseurs et anxiolytiques. L’excès d’alcool puiserait ses sources dans un manque de volonté. Cette médicalisation de l’alcoolisme masque la réalité : Les humains s’alcoolisent par ignorance et par la croyance à des contre-vérités finement distillées dans la société. L’alcoolisme se constitue ainsi comme une religion. Il fonctionne comme un mythe. En résumé,  l’alcoolique n’a pas besoin de soin mais de formation. Ceci coûterait moins cher à la Sécurité sociale !

Partager cet article
Repost0
28 août 2018 2 28 /08 /août /2018 11:21

           

          En ce premier dimanche d’Août, ils étaient tout heureux de se rendre au marché aux myrtilles dans ce village de la haute Ardèche. Leur bonheur était d’autant plus grand qu’ils avaient appris que la petite boule bleue-violacée était un puissant antioxydant pouvant aider à stopper les cellules  malignes. Elle allait peut être contribuer à la guérison d’Alex. « Dans notre situation, on s’accroche à tout » répétait son épouse.

            Après avoir patienté près de deux heures pour recevoir deux kilos maximum du précieux fruit, alors qu’il ne restait plus que deux personnes devant eux, le responsable du stand annonça d’une voix forte «  le stock de myrtilles est épuisé, bonne journée à tous ». Pour Alex, la déception était à la mesure de l’attente.  Après la sidération vint la colère. Il s’en prit au gardien du parking qui crut bon de prononcer un « à l’année prochaine ».  L’invitation ne fit que nourrir la colère.  Son épouse le raisonna. Au village suivant elle  lui proposa de prendre un verre. Alex prit un café. Il eut du mal à l’avaler. Tandis que sa femme réglait l’addition, il attendait dehors, impatient, sans solution. Cette année, comme l’an passé, les myrtilles lui passeraient encore sous le nez. Agnès sortit du bar d’un pas hésitant. Chez son mari, la colère avait fait place à l’obsession. Quoiqu’elle dise, Alex revenait aux myrtilles. Elle se ressaisit. Dans un grand sourire elle lui annonça qu’elle avait trouvé  des myrtilles.  Elle raconta qu’elle avait fait part de leur recherche au barman.  Celui-ci avait alors téléphoné à un ami qui en avait proposé 6 kg. Ce qu’elle avait demandé.  Les myrtilles seraient prêtes pour le lendemain, fraichement cueillies.  Cerises sur le gâteau : elles coûteraient vingt pour cent moins cher qu’au marché.

            Alex ne dit rien. Il était vaincu. Il découvrit combien sa crispation était stupide. Soudain, tout lui parut irrationnel dans son comportement. En aucun cas, une attente déçue pour quelques myrtilles ne pouvait justifier sa colère. Mais alors, pourquoi un tel emportement pour quelques kilos de fruits ? Il se dit que la cause de sa réaction était à chercher dans sa maladie. Peut-être espérait-il, de manière tout à fait inconsciente, que ces minuscules fruits réussissent là où la chimio thérapie échouait en partie. Sans le savoir, il était parti dans une espérance folle où l’imaginaire se moque de la raison. Sa femme n’avait pas quittait la réalité. Elle ne s’était pas laissé enfermer dans l’évènement défavorable qui les privait du précieux fruit. L’instant présent lui avait servi à préparer le lendemain, moment où le projet du couple aboutirait. En renonçant à la déception, en allant prendre un verre, en s’adressant au barman elle avait ouvert les fenêtres qui permettaient que se réalise leur vœu : trouver des myrtilles.

            Lorsqu’il fut apaisé et après avoir cru dans un premier temps qu’il devrait se priver de myrtilles, Alex sentit monter en lui la tentation de faire de l’évènement une sorte d’intervention divine. Prier pour que ses vœux se réalisent n’était pas dans ses habitudes. Hors, il  ressentait comme un exaucement d’avoir pu se procurer le fruit tant désiré. La raison, opposée à son sentiment,  lui soufflait que tout dans ce monde obéit à un déroulement déjà inscrit dans la nature et dans l’histoire.  Il devait se retenir pour ne pas voir  dans cet événement un miracle indépendant de sa volonté. Il oubliait que ce miracle était dû à la réaction appropriée de son épouse.

            Cette histoire vécue amène  Alex à penser à Noël. Il s’interroge : N’a-t-on pas couvert de merveilleux un événement banal, celui d’une femme dont la situation maritale n’est pas conforme aux habitudes ? Ou encore,  en faisant de l’enfant Jésus un Messie miraculeux n’a-t-on pas voulu réinstaurer à travers lui la royauté Davidique ?  Pour lui les  humains utilisent le miraculeux  pour expliquer l’inexplicable, s’excuser de ne pas être à la hauteur de l’événement, ou encore pour arriver à leur fin.  Ils appellent cela la « foi ». Elle renforce leurs croyances et leurs préjugés. Elle maintient la réalité à distance. Il se dit que c’est peut-être bien le contraire. La foi, c’est ne pas quitter le réel, c’est accueillir les choses comme elles viennent, sans regret, sans excitation tout en cherchant à s’adapter aux choses en les renforçant ou au contraire en cherchant à les modifier selon le cas. Le coup des myrtilles et la réaction de son épouse lui apprennent  que la foi ce n’est pas attendre ce que nous voudrions, ce n’est pas s’enfermer dans des supplications sans fin adressées à une puissance extérieure,  c’est une participation active au présent pour que demain puisse continuer. La puissance est dans l’action elle-même.  Il découvre que la vie est un déroulement que nous ne maîtrisons pas mais dans lequel nous somme enrôlés pour y prendre notre part.  Les récits de Noël ne lui apparaissent plus comme des histoires à croire mais invitations à s’engager.

Partager cet article
Repost0
29 juin 2018 5 29 /06 /juin /2018 12:01

 

            Depuis deux mois (mai et juin) cet ingénieur de 50 ans, cadre dans une entreprise, père de quatre enfants, possédant chez lui un chien et un chat, se plait à amadouer les chats du quartier. Lorsque ceux-ci sont en confiance il leur brise les pattes. Quinze chats auraient été ainsi atteint, trois auraient dû être euthanasié tant les blessures étaient graves. L’homme n’explique pas son acte sinon qu’il souffre d’insomnies à la suite d’un traitement au Requip. Toutes les associations de protection des animaux sont vent debout contre celui que leur avocat a traité de Serial cat Killeur et de tortionnaire. Ils voulaient la peine maximum soit 30 000 euros d’amende et deux ans de prison. Ils ont été entendus puisque le « criminel » a été condamné à 18 mois de prison dont 9 mois fermes.

            Il va de soi que faire souffrir volontairement ou par négligence des animaux doit être puni. Cela suffit-il pour autant ? Bien sûr que non. Encore une fois la justice prend les chemins les plus courts sans se soucier de l’éducation à mettre en place pour que cet homme cesse son activité bien regrettable. Ceci dit, 9 mois de prison ferme pour avoir martyrisé des chats parait tout à fait démesuré au vu des condamnations que peut prendre un individu à la suite d’une bagarre où l’un des protagonistes est vraiment esquinté.  Disons simplement que la justice se soumet à l’air du temps. Aujourd’hui les animaux sont mieux protégés que les humains. Si on ne peut pas se plaindre de cette protection, il est salutaire de se plaindre de ce que la violence à l’égard des humains ne soit pas mieux prise en compte en imposant un travail de rééducation aux violents.  Il est plus facile d’imposer aux mauvais conducteurs un stage de deux jours qu’ils paient très cher après avoir payé les amendes afférentes aux retraits de points.   

            Peut-on imaginer un seul instant qu’un homme parfaitement inséré dans la société, assumant ses responsabilités familiales puisse, uniquement par cruauté, infliger à des chats des maltraitances aussi précises. A t-il était examiné par des spécialistes compétents et si oui qu’ont-ils dits et comment la justice a-t-elle tenu compte de leur analyse ? S’est-on interrogé sur ce que voulait dire cet homme à travers ces actes malheureux et sur les causes qui l’ont conduit à les pratiquer ?

            Aujourd’hui l’idéologie selon laquelle il n’y aurait pas de hiérarchie entre l’humain et l’animal  conduit, y compris dans les rangs de la justice, à ne pas chercher à comprendre et à prendre des décisions loin du bon sens le plus élémentaire. Dans la situation actuelle, neuf mois de prison n’est pas simplement une condamnation d’un acte inacceptable, c’est la destruction d’une personne qui a manifesté par sa cruauté le besoin  impératif d’un travail sur lui-même pour se reconstruire. Il n’a pas été entendu. Qui l’aidera à se séparer de sa souffrance ? Le souci des chats est passé avant celui de l’homme.

            Un tel aveuglement et manque de sagesse se retrouve chez les défenseurs du loup. Ici encore, il ne s’agit pas de vouloir à tout prix éliminer le loup mais de lui attribuer la place qui peut être la sienne autrement dit sans qu’il soit obligé de s’attaquer à des troupeaux de moutons  pour se nourrir et satisfaire son instinct de prédateur puisqu’il tue bien au-delà de ce dont il a besoin pour se nourrir. Il est étrange de voir les défenseurs du loup s’affliger lorsqu’un loup est tué et n’avoir aucune émotion devant des brebis et des agneaux cruellement déchirés par les mâchoires et les crocs des canidés. Interrogeons-nous sur le besoin de cruauté dont ont besoin ceux qui défendent les attaques du loup. Quels fantasmes les animent pour ne pas percevoir l’injustice et l’ignobilité de ce combat entre le loup et l’agneau. La nature a voulu que l’agneau ait besoin de protection et non l’inverse. Ceux qui disent vouloir protéger la nature devraient y réfléchir à deux fois avant de défendre des actes qui viennent satisfaire leur besoin de violence, de pouvoir et de domination.  

            Bien sûr à ces remarques s’ajoutent celles le plus souvent invoquées. D’une part les lourdes pertes supportées par les éleveurs. Certes, ils sont indemnisés avec nos impôts. Ceux-ci  ne seraient-ils pas plus utiles ailleurs ? A ces pertes matérielles s’ajoute l’émotion créée par tant de cruauté, n’oublions pas que le berger est naturellement très attaché à ses bêtes. D’autre part, ne méprisons pas l’idée selon laquelle pour subsister nous avons besoin du mouton, de sa laine, de son lait, de sa viande et bien peu du loup pour ne pas dire pas du tout. Dans notre société d’abondance nous avons perdu ce point de vu. Il y a à peine deux siècles, nos ancêtres se réjouissaient chaque fois qu’ils pouvaient se séparer d’un loup et éloigner les pertes qu’il représentait pour leur petit troupeau et le danger pour leurs enfants. Veillons à ce que ce temps ne revienne pas en rompant les équilibres. Comment un mouton, animal domestiqué depuis des siècles, peut-il lutter contre le loup, animal dont la sauvagerie est encouragée aujourd’hui. Domestiquons les loups ou bien laissons les moutons redevenir sauvages et que s’ouvrent les yeux des défenseurs du loup.   

                                                           _____________________________

Partager cet article
Repost0
1 mai 2018 2 01 /05 /mai /2018 16:29

 

           L’affaire Alexia Daval est une affaire judiciaire concernant le meurtre d’Alexia, jeune femme de 29 ans. Partie de son domicile le matin du 28 octobre 2017, son mari Jonathan, aidé de son beau-frère, le mari de la sœur d’Alexia, part à sa recherche. Ne la trouvant pas les deux hommes se rendent aux urgences et préviennent la police.  Le mari affirme qu’elle est partie faire son jogging comme elle en avait l’habitude et qu’elle n’est pas revenue. Le corps à demi calciné d’Alexia est retrouvé deux jours plus tard dans un bois à quelques kilomètres du domicile. Dissimulé sous des branchages, le corps ainsi que les traces des pneus de la voiture et le témoignage d’un voisin ayant entendu la voiture démarrer, livreront suffisamment d’indices pour que l’enquête aboutisse à l’arrestation de Jonathan trois mois après le meurtre.

            Entre temps, Jonathan n’a de cesse que d’attirer sur lui la compassion du veuf éploré. Il participe le 5 novembre à une marche silencieuse de près de 8000 personnes. Ces beaux parents, les parents d'Alexia ne cessent de le couvrir d’éloges, il est devenu leur fils et paraissent souffrir davantage de la peine de leur gendre que de la perte de leur fille. Le père d’Alexia va jusqu’ à déclarer qu’il souhaiterait à tous les parents d’avoir un gendre comme Jonathan. Déclaration étrange. En effet, les parents les plus satisfaits  n’oseraient pas le dire de leur propre fils  bien qu’il leur ait apporté toutes les satisfactions possibles. Vive émotion au plan national, psychose dans la région où de nombreux joggers prennent peur. Les supputations vont bon train, Alexia a peut-être été enlevée, peut-être violée, dans tous les cas tuée.  Et si le meurtrier rodait cherchant sa nouvelle proie ? Patatras ! Le 30 Janvier Jonathan avoue avoir étranglé sa femme. Direction la prison.

            Le coup est rude pour les familles,  pour les voisins  et les amis, pour  le pays, tout entier. Les médias, pris au dépourvu se taisent. Difficile pour eux d’avoir été bernés par la duplicité du mari. Encore plus difficile de revenir sur l’attitude des beaux parents qui n’avaient cessé de faire des éloges publiques de leur gendre. Le moment n’était pas propice à des remarques sur ce sujet. Ils devaient être suffisamment déstabilisés sans qu’il y ait  à en rajouter.

            Aujourd’hui, il me semble qu’il serait juste de s’interroger sur cette attitude des beaux parents. Non parce qu’ils se sont trompés sur leur gendre, mais parce que celui-ci était en quelque sorte devenu leur fils au même titre qu’Alexia est leur fille. Le jeune couple se retrouvait ainsi comme frère et sœur. Or on sait que les chicaneries sont de l’ordre de la fratrie, pas de l’ordre d’un couple qui veut vivre sa conjugalité. Jonathan, pris comme fils de la famille ne pouvait plus être libre ni vis-à-vis de sa femme ni vis-à-vis de sa belle-famille. Etre ainsi aimé ne l’a pas aidé à se positionner comme l’amant de leur fille. Il était devenu son frère. Cette attitude ne pouvait que rejaillir sur Alexia qui entrait ainsi dans une rivalité de fratrie avec son mari. Les brus et les gendres ne sont pas les enfants du couple parental. Celui-ci n’a que les enfants qu’il a fait. Le couple parental n’est pas amené à récupérer les conjoints de leurs enfants. Bien au contraire, il est appelé à donner ses propres enfants à la personne choisie par leur progéniture. L’homme et la femme quitteront père et mère peut-on lire dans le livre de la  Genèse. Alexia et Jonathan semblaient ne pas avoir quitté père et mère. Leur amour était entravé, il ne pouvait pas grandir et se développer.

            Aujourd’hui, il n’est pas rare d’entendre des parents désigner sous le vocable « nos enfants »  toute la famille de leur fils ou de leur fille. Un tel langage manque de clarté  parce qu’il ne désigne pas la place occupée par chacun. Les brus et les gendres ne sont pas les enfants du couple, les petits enfants non plus. Ils sont les enfants du fils ou de la fille et du   conjoint choisi. Ils ne sont pas les enfants du grand-père et de la grand-mère. Dans certaines familles, brus et gendres appellent leurs beaux parents « papa  et maman ».  C’est tricher avec la réalité.  C’est déplacer le rôle des uns et des autres. Chacun tout au long  de la vie doit prendre du recul pour se pencher sur la place qu’il occupe dans la famille, comme d’ailleurs et de manière plus large, dans la société.

            Un journaliste concluait un moment de radio invitant les psychologues à se pencher sur le cas Jonathan. Cela ne suffit pas. Il faut se pencher sur le fonctionnement de toute une famille pour comprendre en quoi cette affaire peut aider à clarifier les relations humaines.

Partager cet article
Repost0

Qui suis-je ?

     Titulaire d'une maitrise de théologie et d'un DESS de psychopathologie clinique, j'ai été amené à exercer plusieurs fonctions  et plus particulièrement la mise en place d'un centre socio- culturo- spirituel protestant puis la direction pendant 12 ans d'un centre de cure pour malades alcoliques. J'y ai découvert l'importance d'apprendre à écouter l'humain dans toutes les dimensions qui le constituent. Aujourd'hui, inscrit au rôle des pasteurs de l' Eglise Réformée de France, j'essaie de mettre des mots sur mes expériences et de conceptualiser mes découvertes.
serge soulie

Recherche

Blogs Et Sites Amis