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3 mars 2017 5 03 /03 /mars /2017 15:26

 

Lors d'une campagne électorale, il est de bonne guerre que chaque candidat remette en cause ce que son adversaire a pu dire. Le plus souvent ces contrepoints n'ont d'autres intérêts que la polémique suscitée. Ils ne s'étayent pas sur une analyse sérieuse de la réalité. Ils ne font pas avancer le débat. Ils ne traitent pas du problème de fond. On comprend pourquoi les citoyens se détournent de plus en plus de la politique. Pour eux, elle n'est qu'un jeu de dupe.

La critique faite au candidat Emmanuel Macron accusé par les uns de continuité de ce qui se fait déjà et par les autres de vouloir une rupture est des plus pertinente. Ceux qui l'accusent de continuité voudraient un revirement à cent quatre vingt degrés comme si tout ce qui a été fait jusque là n'était que conservatisme et immobilisme, sans valeur aucune. La grisaille de la situation actuelle est très fortement exagérée pour montrer que rien n'a été bon jusqu'ici et qu'avec leur programme tout sera nouveau. Du temps du communisme on appelait cela le" grand soir". Paradoxalement se sont les deux candidats de la droite et de l' extrême droite qui sont dans cette posture. Notons au passage que tous les gens de droite n' en sont pas là . C'est la place de leur candidat officiel actuellement. Notons aussi que le candidat officiel du parti socialiste, désigné lui aussi par une primaire et représentant les frondeurs, s'inscrit dans cette ligne qui est traditionnellement une habitude de la gauche.

Ceux qui accusent Macron de rupture voit en lui un candidat qui veut tout casser, remettre en cause les droits fondamentaux comme la sécurité sociale, la retraite, le droit du travail, le droit des sociétés. Probablement influencés par le titre du livre d' E. Macron "Révolution" qu'ils n'ont jamais pris la peine de lire semble t-il, croient qu'une révolution remet tout en cause et abolit entièrement ce qui existe. Il est vrai que telle est l'image laissée et accréditée par les manuels scolaires de la Révolution française. La vérité historique est bien moins catégorique. Le roi a certes été décapité, beaucoup de révolutionnaires aussi. La prison royale de la Bastille était quasi vide. Une révolution n'est jamais un anéantissement de ce qui existe, c'est une reprise en main pour une modernisation qui permet d'aller encore plus loin. L'année se renouvelle par une révolution. Elle est porteuse de nouvel espoir sans détruire le cycle des saisons.

C'est ainsi qu'accuser E.Macron à la fois de continuité et de rupture ne peut être qu'un éloge . Tout détruire serait une erreur stratégique que nous avons connue par exemple avec Sarkozy qui a supprimé la police de proximité et basé l'ordre public sur la force; avec Hollande qui a supprimé le jour de carence des fonctionnaires ce qui a fait augmenter les comptes de la sécurité sociale ou encore la suppression générale d'un point et demi de TVA pour le compenser par d'autres prélèvements plus sélectifs.

Dire que continuité et rupture doivent aller de pair ne signifie pas que le programme d' E. Macron est parfait. Il y aurait de nombreuses critiques à faire sans aucun doute comme pour tous les programmes des candidats. Affirmons seulement que vouloir assumer à la fois une continuité et une rupture est une position sage et louable. Ceci peut éviter au candidat d'agir uniquement par principe idéologique comme l'on fait les deux derniers présidents de la république et d'autres avant eux. Je me souviens avoir entendu F. Mitterrand lorsqu'il a été élu président de la république dire qu'il s'inscrivait dans une histoire qui continuait. Les candidats actuels à la Présidence de la République feraient bien de ne pas l'oublier. Tout ne va pas aussi mal dans notre pays qu'ils se plaisent à le dire. Un grand chambardement lui ferait beaucoup de mal. Certains propos entendus pendant cette campagne font froid dans le dos. S'ils venaient à être appliqués comme ils sont dits, nul doute que la situation de demain serait pire que celle d'aujourd'hui. Alors, Monsieur Macron, tenez bien les deux bouts, continuité et rupture , sagesse et rationalité, justice et compétitivité. De là naissent le progrès et les changements. Tenez bien la devise: Liberté, Egalité, Fraternité.

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Qui suis-je ?

     Titulaire d'une maitrise de théologie et d'un DESS de psychopathologie clinique, j'ai été amené à exercer plusieurs fonctions  et plus particulièrement la mise en place d'un centre socio- culturo- spirituel protestant puis la direction pendant 12 ans d'un centre de cure pour malades alcoliques. J'y ai découvert l'importance d'apprendre à écouter l'humain dans toutes les dimensions qui le constituent. Aujourd'hui, inscrit au rôle des pasteurs de l' Eglise Réformée de France, j'essaie de mettre des mots sur mes expériences et de conceptualiser mes découvertes.
serge soulie

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