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25 février 2015 3 25 /02 /février /2015 11:35

            Salut François,

 


            Les bras m' en tombent comme aurait dit ma grand-mère. Comment des évêques chargés de témoigner de l' amour du prochain dans le monde entier, peuvent-ils s'opposer à céder un jour férié catholique à d'autres religions présentes sur les territoires concernés?


        Examinons tranquillement la situation. Dans notre pays il y a 11 jours fériés. Six sont liés aux fêtes chrétiennes dont deux exclusivement aux catholiques, le 15 août, fête de  l' assomption de la vierge et le 1er novembre fête de tous les saints. Pâques, Jeudi saint, Pentecôte et Noël concernent tous les chrétiens.  Cinq jours sont liés à la république. Deux pour fêter la fin des deux dernières guerres mondiales le 8 mai et le 11 novembre. La fête du travail le 1er mai. Le 14 juillet, anniversaire mythique des fondement de la république et le 1er janvier afin de commencer l' année dans la bonne humeur.


            Avec 6 fêtes sur 11, autrement dit plus de la moitié, comment se fait-il que l' Eglise catholique ne puisse pas céder un jour? La question est d'autant plus pertinente que les lundis de Pâques et de Pentecôte ne concernent pas la fête en elle même qui à lieu le dimanche. Je note d'ailleurs que pour des raisons économiques, la suppression du lundi de Pentecôte n'avait pas posé problème en 2003. Au Portugal, toujours pour des raisons économiques, l' Eglise a accepté ou même proposé la suppression de deux jours fériés. Alors, ne pourrait -on pas échanger un jour pour les autres , ceux que l' Eglise appelle "nos frères" à moins de vouloir limiter la fraternité à ceux qui pensent comme nous et ont la même religion que nous. Je ne pense pas me tromper en te rappelant que le Christ , lorsqu'il parlait de ses frères parlait des frères en humanité d'abord. Il a d'ailleurs été plutôt sévère avec ses frères en religion." Race de vipères" leur disait t-il.


            Les juifs installés dans notre pays depuis des siècles et les musulmans représentant plus de 6 millions d'habitants n'auraient-ils pas droit à un jour férié où toute la population serait associée comme c'est le cas actuellement pour Noël ou Pâques?  Si Noël est la fête de la lumière pour tous, Pâques celle de l' espérance, le grand pardon  ( Yom kippour) fête juive et l' Aïd (Aïd al Kebîr) fête musulmane ne pourraient-ils pas être la fête, de la tolérance, du partage et de la fraternité retrouvée comme ce fut le cas le 11 janvier après les attentats meurtriers de Charlie Hebdo et du super marché casher?


            Je  le sais, la France a une très longue tradition catholique. Je le sais, il y a la possibilité de réduire les fêtes de la république en fusionnant par exemple le 8 mai et le 11 novembre en une grande fête pour la paix. Je le sais, on peut toujours ajouter des jours férié mais au moment où l' économie est si mal en point est-ce bien raisonnable? Je le sais , on peut se contenter de dire à chaque religion "faites votre fête dans votre coin, nous on fera les nôtres"  c'est d'ailleurs la situation actuelle, mais alors où est l'union nationale et la reconnaissance de l' autre, celui qui ne pense pas comme moi, qui n'a pas la même religion que moi ou qui ne se réclame d'aucune religion.


          Ces dernières remarques et ces propositions manquent de sérieux, de réalisme et de fraternité. Par ailleurs, et même si cela a été longtemps le cas, il faut se rappeler que la religion catholique n'est pas la religion d' Etat. Elle mérite la même considération, les mêmes égards  que toutes les autres religions.


         Il est vrai que nous les protestants, nous n' avons jamais été très exigeants.  Heureusement nous partageons avec vous les fêtes chrétiennes à l' exception du 15 août et de la toussaint. Mais aucune fête nous concernant n' a été instituée. On aurait pu penser à la fête de la Reforme. Nous la fêtons dans notre coin , sans tambour ni trompette. Et pourtant la réforme! la réforme! combien de fois ces temps ci entendons-nous ce mot.


           Juifs et musulmans n'ont rien demandé. Ils ne revendiquent pas un jour férié ce qui   semble t-il serait tout à fait compatible avec la république. Ceci dit, aimer ses frères après les avoir reconnus comme tels en parole, c'est aussi savoir aller au devant d' eux et leur offrir en cadeau ce qu'ils n'ont pas, ne demandent pas et leur tient à cœur . Or, chacun le sait, le cadeau a de la valeur lorsqu'il  coûte à celui qui l'offre.


           Alors, cher François, si un jour férié a beaucoup de valeur pour l' Eglise, encourage-là à l' offrir en cadeau.

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Qui suis-je ?

     Titulaire d'une maitrise de théologie et d'un DESS de psychopathologie clinique, j'ai été amené à exercer plusieurs fonctions  et plus particulièrement la mise en place d'un centre socio- culturo- spirituel protestant puis la direction pendant 12 ans d'un centre de cure pour malades alcoliques. J'y ai découvert l'importance d'apprendre à écouter l'humain dans toutes les dimensions qui le constituent. Aujourd'hui, inscrit au rôle des pasteurs de l' Eglise Réformée de France, j'essaie de mettre des mots sur mes expériences et de conceptualiser mes découvertes.
serge soulie

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