Dans le Sud-est de la France, le loup attaque régulièrement des moutons. Depuis une trentaine d’années, le loup, le plus souvent en meute, attaquait les troupeaux de moutons en montagne au temps de la transhumance. Pour échapper au prédateur une partie des troupeaux se jetait du haut d’une falaise. De nombreuses bêtes périssaient ainsi. Des mesures de gardiennage avec des chiens et des enclos plus ou moins bien sécurisés ont permis de limiter ces attaques. Aujourd’hui le loup sévit un peu partout en France. Dans l’est les départements de la Drome, de l’Isère, du Vaucluse, de la Savoie et des Alpes sont concernées par les attaques du canidé. Il est aperçu régulièrement dans la vallée du Rhône y compris dans des villages et à la périphérie des villes.
Les causes sont diverses. La première en est le nombre en constante augmentation étant donné que le prélèvement en est réglementé. Le loup conquiert de plus en plus de territoires. Il s’habitue à la présence humaine. Autre cause en est la faim. C’est pourquoi il ne s’attaque pas seulement aux moutons mais aussi aux chevreuils, aux cerfs, et plus récemment aux veaux et aux génisses. Les propriétaires de ces animaux sont indemnisés mais il est clair à les écouter qu’ils préfèreraient garder le troupeau. Voir les animaux, dont ils s’occupent et qu’ils aiment, déchirés sauvagement ne peut que les émouvoir et les mettre en colère.
Toutefois, il faut se tourner vers les décisions politiques pour cerner la cause principale. Jusqu’au milieu du XXème siècle, il n’y avait pas de loup en liberté en France. L’animal relevait de la légende. Il faisait peur aux enfants qui le cherchaient sous le lit ou dans le placard. Ils devaient se tenir sages pour que le loup ne les mange pas. Puis, les grandes guerres terminées où le combat pour vivre occupait tout le temps, l’homme regardant autour de lui, a pris conscience du risque de voir certaines espèces animales disparaitre. Il s’est aussi intéressé à leur souffrance. Ces prises de conscience justes, validées par l’observation de la réalité l’ont amené à prendre des mesures afin de protéger le monde animal. C’est la démesure dans leur application qui pose question aujourd’hui. La prolifération non contenue du canidé en est une.
La sagesse et la raison voudraient que le loup ait toute sa place dans la nature. Sa place seulement autrement dit qu’il soit accueilli dans des territoires bien définis afin de laisser la place à d’autres animaux. Ceci est d’autant plus important que le loup n’a pas de prédateurs sinon l’homme. Par ailleurs, comment défendre le loup sans défendre l’agneau. Comment être révolté par la mort du loup et indifférent à la férocité que subit sa proie? Pourquoi être bouleversé par les bêtes dans l’abattoir et indifférent à l’agneau déchiré vivant par le loup ? Il y a là une inconséquence qui pose question. Examinons-la.
Le loup est protégé au-delà du raisonnable. La chose est d’autant plus curieuse que fables et légendes nous présentent le loup comme puissant, méchant, cruel et sans pitié. A l’inverse l’agneau est faible, sans défense, affectueux, victime de l’injustice. L’explication se trouve dans la représentation que les humains se font de ces deux bêtes. C’est parce que le loup est fort, puissant, sans pitié que l’humain s’identifie à lui. Celui qui a tort, c’est le faible, celui qui ne sait pas se défendre. Même les chasseurs, dont le port d’un fusil exalte déjà la force et la virilité, ont du mal à tirer sur le loup. Certes, il doit bien y avoir quelques loups tués clandestinement par les propriétaires sensibles à l’injustice faite à leurs moutons et à la cruauté avec laquelle le prédateur dépèce ses proies. Toutefois, il n’est pas dans la nature d’un berger d’abattre un animal comme le loup, qui bien que cruel, ne manque pas de noblesse dans la manière de se présenter. Notons aussi que la cruauté de l’homme est bien supérieure à celle du loup. Il suffit de regarder ce qui s’est passé et ce qui se passe encore. Le loup comme toutes les bêtes tuent par instinct, pour se nourrir et pour se reproduire, l’homme tue pour la jouissance du pouvoir, de l’argent…bref, la jouissance de la mort de l’autre. Il tue l’autre pour s’assurer qu’il est bien vivant.
Mettons en parallèle le loup et l’agneau avec la guerre et la paix. Les gens du monde disent préférer l’agneau et la paix, les mêmes envient le loup et choisissent la guerre pour arriver à leur fin. Le plus fort doit gagner. Le gagnant c’est le plus fort. Le plus faible n’attire qu’un peu de pitié. Le loup aura de l’avenir tant qu’il y aura des humains sur terre. Il restera leur ami. Quant à l’agneau, il continuera d’être égorgé par le loup et par l’humain pour les régaler dans un repas de victuaille pour le loup et un repas de fête religieuse pour l’humain.