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28 novembre 2019 4 28 /11 /novembre /2019 13:06

 

            Au mois de janvier devait se tenir une campagne de santé publique visant à rappeler que l’alcool n’est pas un produit anodin. Il peut devenir dangereux pour la santé de chacun et une menace pour tous les autres. Le « Dry january »  ou « mois sans alcool » nous vient d’Angleterre. Il s’agit de s’abstenir de toute boisson alcoolisé pendant un mois.

            Le gouvernement devait soutenir cette campagne. Selon la fédération française d’addictologie l’état aurait renoncé à  ce soutien. Etant donné le fonctionnement de notre république nous pouvons dire que l’initiative vient du président actuel. Les addictologues sont très mécontents.

            Il ne faut pas s’étonner de ce retrait de l‘Etat. Emmanuel Macron nous a habitué à ce qu’il soutienne les producteurs de vin. Au salon de l’agriculture après avoir congratulé les viticulteurs il déclarait boire du vin à tous les repas. D’autres déclarations avaient toujours pour but de soutenir la consommation de vin et aller dans le sens des lobbies. De telles déclarations de la part d’un président de la république sont très regrettables pour ne pas dire irresponsables au vu des  dégâts occasionnés par l’alcool dans notre société.

            Il m’est arrivé de recevoir des hommes et des femmes qui sans être dépendants de l’alcool s’interrogeaient sur leur consommation personnelle. Je leur conseillais de s’abstenir de toutes boissons alcoolisées pensant un mois après quoi nous ferions un bilan en une ou plusieurs séances. Les résultats étaient dans l’ensemble  très positifs.

            Tous relevaient qu’ils étaient moins fatigués, tout particulièrement après le repas de midi où ils avaient l’habitude de consommer du vin ou de la bière. (25 cl environ). Autre point commun, avoir ouvert les yeux sur les idées reçues au sujet de l’alcool du genre l’alcool réchauffe, il détend, il remonte le moral ou encore il donne un coup de fouet lorsque l’on est fatigué. Ils voyaient enfin autour d’eux les dégâts dus à ce produit.  

            Je me souviens d’un couple dont le mari demandait à sa femme de s’engager à conduire afin qu’il puisse boire au maximum pendant le repas. Il n’a jamais voulu se priver de vin. L’affaire s’est terminée par un divorce. L’alcool n’abime pas les chauffeurs seulement. Il abime aussi les passagers ! Le capitaine de soirée -ou SAM- vous le dira. Pas facile de conduire sans risques avec des passagers éméchés ! Heureusement ceux qui ont osé le « mois sans alcool » disaient avoir retrouvé une liberté perdue. Ils n’avaient plus  à se soucier de la quantité d’alcool bu pour prendre la voiture ou monter sur un toit.

            Quelques-uns  disaient avoir appris à dire « non » lorsque de l’alcool était proposé alors qu’ils ne souhaitaient  pas en boire. Ils reconnaissaient en avoir bu par manque de courage pour refuser. Les commerciaux étaient persuadés qu’un refus pouvait leur faire perdre une vente. Le « mois sans alcool » leur apprenait  que cette pensée était fausse.

            Au terme de cette expérience quelques-uns ont décidé de poursuivre  en s’abstenant de toutes boissons alcoolisées. Certains sont allés jusqu’à s’engager pour un temps dans des mouvements d’anciens buveurs par solidarité et par soutien pour des amis. La plupart, parce qu’ils n’étaient pas encore dépendants,  ont appris à consommer modérément avec la maitrise nécessaire. Ils disaient aussi avoir découvert le plaisir à boire un bon vin. Ils sont devenus plus difficiles tout en renonçant aux autres alcools !

            Dans un grand quotidien un socio-anthropologue déclarait que le point noir  c’était l’alcool au volant. C’est vrai. Plus d’un tiers des accidents mortels sont dus à la consommation d’alcool. Mais ne réduisons pas l’alcoolisme aux accidents de la route. N’oublions pas que dans quarante pour cent des féminicides l’alcool entre en jeu. Enfin, combien d’enfants souffrent de l’alcoolisme de leur père  ou de leur mère. Combien d’infidélités de toutes sortes dues à l’excès d’alcool. C’est un produit qui désinhibe  dans un premier temps puis enferme sur soi lorsque l’abus est prolongé.

             Soit notre président est peu sensible aux dégâts de l’alcool soit, comme l’écrit Nicolas  Machiavel dans « le Prince »,  il évite de dire la vérité au nom de l’ordre public, l’alcool étant ancré dans  la culture. Disons aussi qu’il manque de courage vis-à-vis des lobbies du vin parce qu’il  privilégie les entrées d’argent dans les caisses de l’état.  Sans espoir d’être entendu, je lui suggère de mettre une taxe supplémentaire de 0,5 à 1%  sur tous les alcools sans exception. Cette taxe aura très peu d’impact sur la consommation tout en faisant entrer beaucoup d’argent. Pourquoi le fait-on sur le tabac et non sur l’alcool ? Question de culture se défendent certains. Foutaise. Le tabac entre aussi dans notre culture et bientôt le cannabis. Faut-il rester pour autant les bras croisés ?  Enfin autre proposition : exiger un taux d’alcoolémie à 0 au lieu de 0, 50 g/L  actuellement, comme en Suède.  

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Qui suis-je ?

     Titulaire d'une maitrise de théologie et d'un DESS de psychopathologie clinique, j'ai été amené à exercer plusieurs fonctions  et plus particulièrement la mise en place d'un centre socio- culturo- spirituel protestant puis la direction pendant 12 ans d'un centre de cure pour malades alcoliques. J'y ai découvert l'importance d'apprendre à écouter l'humain dans toutes les dimensions qui le constituent. Aujourd'hui, inscrit au rôle des pasteurs de l' Eglise Réformée de France, j'essaie de mettre des mots sur mes expériences et de conceptualiser mes découvertes.
serge soulie

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