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24 novembre 2019 7 24 /11 /novembre /2019 11:40

 

         Des théologiens soucieux de renouveler la pensée chrétienne invitent à repenser le concept même de Dieu. Selon eux le théisme qui représente Dieu comme un personnage affublé de tous les qualificatifs caractérisant l’humain n’est plus adéquat au monde moderne. Se référant au premier commandement interdisant toute représentation du divin ils optent pour le mot « concept ».  Ce terme réunit des caractères communs à tous les objets appartenant à une même catégorie. Le mot fleur réunit les pensées, les œillets, les dahlias, les pâquerettes…. Le mot chien, les caniches, les dogues, les bassets… Le mot Dieu réunit  père, soleil, souverain, tout puissant, roc, seigneur…  Est-il possible alors de donner un nouveau sens au mot Dieu afin qu’il soit entendu autrement lorsqu’il est prononcé ?

            Le philosophe Kant  dans la critique de la raison pure distingue les concepts à priori ou purs et les concepts à postériori ou empiriques. Les premiers sont indépendants de toute expérience. Ils obéissent à ce qui est cru. Les seconds sont issus de l’expérience. Aujourd’hui les croyances relèvent  des concepts à priori. Lors du dernier séisme Drome Ardèche un homme participant au culte du dimanche dit : « j’habite au quatrième étage, j’ai prié et l’immeuble n’est pas tombé ».  Une femme déclare : « Je me demande ce que les teillois ont fait à Dieu pour qu’il détruise une bonne partie du village avec trois cent familles sans abris ». Chacun des cas est basé sur une idée préconçue. Le premier sur l’idée qu’une prière peut arrêter le malheur. Le deuxième sur l’idée que tout malheur est une punition de Dieu. Les habitants seraient la cause du séisme. Or l’expérience montre qu’aucun immeuble n’est tombé, l’intensité du séisme étant faible. Par ailleurs rien ne peut mesurer la méchanceté des gens du Teil. De quel mal s’agit-il ? Ceci n’a pas de sens. La nature est ce qu’elle est, Dieu n’y intervient pas. La puissance divine est contenue dans la nature déjà existante et en évolution. Attribuer le bien et le mal à un Dieu à qui il faut plaire et obéir, c’est faire de Dieu un être qui nous ressemble et projeter sur lui nos envies, nos désirs et nos souhaits. C’est mettre Dieu à notre service.

            Les croyances ont dominé de tous temps les religions et en sont encore le moteur. Tout ce que l’humain ne peut expliquer il l’attribue à une puissance divine appelée Dieu. Nous en sommes encore là. C’est le triomphe du théisme, un Dieu unique transcendant tel que le conçoit la raison sans aucune autre vérification. Hors aujourd’hui, nous constatons que l’univers et tout ce qu’il contient est de plus en plus déchiffré. La science scrute l’infiniment petit comme l’infiniment grand. Elle découvre que ce qui était attribué à Dieu a une cause réelle et sérieuse contenue dans la matérialité même de la chose. Giordano Bruno, Galileo et bien d’autres en ont fait les frais soit en maintenant leur découverte contre les doctrines de l’église, soit en abjurant pour éviter la mort. Pas besoin d’une causalité extérieure pour l’expliquer. Pas besoin d’un mystère si souvent revendiqué par les prêtres et les religieuses. En analysant tout ce qui se présente, objets et choses, en termes de compréhension et d’extension, on découvre que seul le concept d’un Dieu à postériori  se justifie. Dieu ne guérit pas les maladies. Ce sont les découvertes faites à partir de la nature qui rétablissent ce qui ne fonctionne pas. La chimiothérapie stoppe ou ralentit le cancer, ce n’est pas une intervention divine. Mais le divin présent en toute chose par essence reste toujours disponible pour tous sans que l’on ait à l’implorer. A l’humain d’apprécier ce qui fait obstacle à cette présence divine. De là, le comportement et l’attitude à adopter. Ils doivent rester en équation avec le réel de la vie.

            La difficulté vient de ce que la nature n’est pas figée. Elle évolue d’où la  pensée que Dieu intervient à la demande et selon les circonstances. Dieu lui-même évolue avec la nature. Les découvertes faites les unes après les autres nous renseignent sur la chose étudiée. De ce fait, elles nous font approcher le divin qui devient de moins en moins étranger. Dieu n’est plus mystérieux. Il se révèle chaque fois dans le fonctionnement complexe de chaque élément de la nature. Le concept Dieu est bien le concept empirique  dit à postériori selon Kant. Plus les connaissances avancent, plus il sera facile d’abandonner les conceptions théistes de Dieu pour se rendre disponible à l’atmosphère du divin.   

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Qui suis-je ?

     Titulaire d'une maitrise de théologie et d'un DESS de psychopathologie clinique, j'ai été amené à exercer plusieurs fonctions  et plus particulièrement la mise en place d'un centre socio- culturo- spirituel protestant puis la direction pendant 12 ans d'un centre de cure pour malades alcoliques. J'y ai découvert l'importance d'apprendre à écouter l'humain dans toutes les dimensions qui le constituent. Aujourd'hui, inscrit au rôle des pasteurs de l' Eglise Réformée de France, j'essaie de mettre des mots sur mes expériences et de conceptualiser mes découvertes.
serge soulie

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