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9 janvier 2018 2 09 /01 /janvier /2018 19:37

 

            Pour réduire le nombre de morts sur la route, le gouvernement vient de décider une réduction de la vitesse de 90 à 80 km/h sur les routes secondaires autrement dit partout sauf sur les autoroutes et les quatre voies. Aucun argument sérieux ne semble déterminant pour dire si cette mesure sera efficace ou pas. A titre personnel je crains que, à quatre-vingt kilomètres heure nous nous endormions sur ces kilomètres de route droite. Avec le confort des voitures actuelles et le ronronnement du moteur, à cette vitesse-là comment résister au sommeil ? Pour autant, cette vitesse est-elle suffisamment basse pour ne pas aller s’écraser sur un engin agricole roulant insolemment  à moins de vingt kilomètres heure ? Il est à craindre que derrière les arguments avancés par le gouvernement se cachent des raisons bien moins nobles. Il est à souhaiter que ces limitations de vitesse soient bien signalées. Mais ne nous leurrons pas, la marée chaussée aura des occasions supplémentaires pour tendre les guets apens aux automobilistes étourdis.

            Il est heureux que l’utilisation des portables soit plus durement sanctionnée. Pas besoin de rouler très longtemps pour s’apercevoir que la voiture devant vous est pilotée par un chauffeur plus préoccupé par son téléphone que par la conduite de sa voiture. Si vous êtes derrière, il ne vous reste plus qu’à vous armer de patience et rouler au rythme de l’autre tout en évitant de le suivre dans ses zigzags. En revanche il est lamentable que l’alcool ne soit pas pris au sérieux alors qu’il est à l’origine du plus grand nombre d’accidents et de morts. Plus du tiers nous dit-on. En fait personne n’en sait rien. Si des tests sont faits lorsqu’il y a des accidents graves, rien n’est vérifié pour les accrochages sans atteintes corporelles.  Mieux encore il m’est arrivé que lors d’un contrôle pour la vitesse le gendarme demande si j’avais bu de l’alcool. J’ai répondu non. Il ne m’a pas fait souffler ce qui montre d’ailleurs que son but n’est pas de contrôler l’alcool mais de vous accabler d’une amende parce que la vitesse était limitée sur cette portion de route et que vous ne vous en étiez pas rendu compte, la signalisation étant à minima. Trop de signalisation ne lui aurait pas permis de vous piller le porte-monnaie car vous auriez baissé votre vitesse.  

            Soyons clair : dans notre pays l’alcool est intouchable. Dans de nombreux pays d’Europe le taux d’alcool autorisé est de ZERO. En France nous en sommes à  0,5 grammes par litre de sang, comme si cette quantité était inoffensive. La plupart des français pensent que l’alcool ne fait effet que pris en grande quantité. Pour eux l’alcoolique est celui qui roule sous la table ou celui qui est rond comme une queue de pelle comme le chante Pierre Perret. Or on peut ne jamais être saoul mais avoir la conscience et le discernement totalement altérés par une quantité d’alcool bien moindre et variant selon les personnes. Plus de soixante-dix pour cent des faits divers sont dus à un abus d’alcool. Le dernier en date est celui de ce père de famille qui enlève son enfant de l’hôpital alors qu’il est très malade et en grand danger. Il n’était pas saoul. Il avait perdu la raison. L’alcool sert dans de nombreux cas à passer à l’acte. Pas besoin d’être pris en trop grande quantité. Il suffit qu’il altère les capacités mentales.

            Avoir fait de l’abus d’alcool une maladie n’aide pas à mettre en place avec  celui-ci un rapport pertinent. L’alcoolique se trouve placé devant une alternative : soit arrêter toute consommation d’alcool, soit continuer à boire et mourir. La médecine n’a pas d’autre moyen que de prôner l’abstinence. Cela peut marcher pour ceux dont la dépendance amène à être ivre en permanence et qui sont desincérés socialement dans le travail comme dans la famille. Ceux pour qui l’alcool est l’adjuvant de leur folie passagère, qui boivent parce qu’ils n’ont pas trouvé une passion plus forte que la prise d’alcool et se retrouvent sans moyens pour échapper à leur pulsion. Ils ne sont pas malades mais souffrent d’un trouble existentiel qui n’a pas sa solution dans le médical. Ce trouble ne peut s’estomper qu’à partir d’un travail sur l’esprit qui pense, cherche, crée et responsabilise.  Un tel travail est bien loin du travail actuel des services d’alcoologie qui coûtent très chers et ne sont adaptés qu’à une petite partie des personnes concernées par l’abus d’alcool. Dire à une personne qu’elle n’est pas malade c’est rappeler et redonner de la force à l’élan de vie qui est en elle et qui se croyait mort et sans futur. C’est mettre en route le désir qui anime chaque humain. Ce désir se nourrit de la présence des autres comme l’ont compris tous ces mouvements qui se refusent à médicaliser la dépendance à l’alcool et qui insistent sur les moments de vécu commun où chaque participant peut entrer dans une recherche de vie avec les autres. Ces mouvements écrasés par le médical et manquant de renouvellement dans leurs pratiques sont en perte de vitesse. Dommage !

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Qui suis-je ?

     Titulaire d'une maitrise de théologie et d'un DESS de psychopathologie clinique, j'ai été amené à exercer plusieurs fonctions  et plus particulièrement la mise en place d'un centre socio- culturo- spirituel protestant puis la direction pendant 12 ans d'un centre de cure pour malades alcoliques. J'y ai découvert l'importance d'apprendre à écouter l'humain dans toutes les dimensions qui le constituent. Aujourd'hui, inscrit au rôle des pasteurs de l' Eglise Réformée de France, j'essaie de mettre des mots sur mes expériences et de conceptualiser mes découvertes.
serge soulie

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