Elles reviennent avec force dans le discours des politiques. Les uns en font le parangon d'une bonne gouvernance, les autres les rendent responsables de tous nos maux. Quel dommage! elles méritent mieux.
Incontestablement elles ont touché à notre manière de percevoir le travail alors qu'elles sont présentées comme une simple réduction " du temps travaillé". De ce décalage naissent des controverses stériles se substituant à une question essentielle qui est celle de l'utilisation du temps dans nos vies.
Elles ont créé beaucoup d'énervement chez les employés comme dans l'encadrement lors de leur mise en place parce qu'il ne s'agissait pas seulement de réajuster un emploi du temps mais d'acquérir une nouvelle conception du travail. Un tel changement ne peut se faire qu'avec le temps et les ruades actuelles prouvent qu'il n'est pas terminé . Plus grave encore: rien n'est mis en place pour faire évoluer les mentalités.
Il est urgent:
- De ne s'enfermer dans aucune idéologie concernant les 35 heures et oser regarder la réalité telle qu'elle se présente. On y verra alors quelles ont posé problème dans certains secteurs mais aussi qu'elles ont permis des embauches.
- De se débarrasser des discours politiciens selon lesquels on peut travailler plus sans prendre le travail des autres. Le chômage nous montre qu'il n'y a pas du travail pour tous. Il faut partager l' existant . Il y a plusieurs manières pour faire ce partage : diminuer le travail pour tous ou bien permettre aux uns de travailler autant qu'ils le veulent et mettre les autres au chômage. Cette dernière solution est très onéreuse, elle génère à la fois de l'angoisse(maladie, soins, sécurité sociale),de la désocialisation, de l'oisiveté et de la paresse. Est- bien ce que nous voulons?
- De cesser de croire que Dieu à fait l'homme pour le travail. Dans le mythe de la Genèse, le travail est présenté comme la conséquence d'un mauvais comportement de l'homme "tu mangeras ton pain à la sueur de ton front". Plus subtilement Jésus retournera l a chose en disant que l'homme n'est pas fait pour le sabbat (le repos) mais le sabbat pour l'homme".
- De regarder dans notre histoire le progrès (des techniques par exemple)et des évolutions. Ils ont permis que le temps de travail nécessaire à la satisfaction des besoins de la vie ne cesse de diminuer. Une réflexion sur les besoins de l'humain ne peut être évitée si on veut un tant soit peu corriger les injustices et les inégalités.
-De s 'interroger sur ce que représente le travail pour l'homme:
* la satisfaction des besoins indispensables (nourriture, logement, habillement..)
* Un moyen de s'accomplir en tant qu'humain: l'animal ne travaille pas de lui-même.
* Créer des liens avec ses semblables, être reconnu et partager un savoir faire.
- Enfin examiner le type et les conditions de travail de ceux qui proposent de travailler plus (ici au delà des 35h) et de le comparer à ceux qui sont invités (ou obligés ) de travailler davantage.
Le travail est-il une proie sur lequel chacun se jette et où les plus forts se servent en premier ou un gâteau à partager avec une part pour chacun?
Serge Soulié