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11 décembre 2015 5 11 /12 /décembre /2015 15:43

Cher pape François

Dans notre pays, comme tu le sais les protestants sont très minoritaires, à peine 2%. Si on ajoute à cela d'une part que les protestants issus de la réforme ne se reconnaissent pas forcément dans le mouvement dit "évangélique", et que d'autre part ceux de tradition luthérienne sont plutôt en Alsace Lorraine alors que les fiefs calvinistes disparaissent dans le reste du pays, on peut parler d'une minorité très éparse . Cette situation peut paraitre inquiétante parce qu'elle est peut être le prélude de la disparition du protestantisme historique. Elle peut être aussi porteuse de forces nouvelles si cette minorité sait s'organiser. Ces forces nouvelles seront vitales pour le protestantisme, elles seront une dynamique pour le catholicisme si celui-ci sait les accueillir.

Soyons clairs : le fait d'être protestant n'apporte pas beaucoup d'originalité à la pensée. D'abord parce qu'avec l' œcuménisme la théologie chrétienne actuelle est le résultat d'un dialogue vrai et fraternel. Il n'y a plus d'ostracisme, tout le monde peut en profiter. La censure de l' imprimatur joue très peu. Tout le monde peut profiter de ce qui est écrit et pensé y compris ce qui ne reçoit pas l'approbation de la hiérarchie catholique. Par ailleurs, il faut noter aussi que les protestants ont cessé de répéter ce qui faisait leur particularité et qui était trop souvent entendu comme une opposition au catholicisme. La profondeur des thèmes de la réforme qu'ils défendaient a été perdu. Tout est devenu banal. Cette banalité a nui à la réflexion , à la recherche et par conséquences à l' enrichissement de la foi. Le protestant s'est contenté de l' être parce que ses parents l'étaient comme si le protestantisme était inscrit dans les gènes. Les enfants n'ont pas suivi. Pour eux, catholique ou protestant c'est la même chose. Tout est banalisé. Les rites les plus marquants et les plus pratiqués l'emportent, peu importe leur sens.

Ainsi, si le protestantisme ne fait plus la différence, qu'est-ce qui la fait et pourquoi choisir encore ce type d'approche dans la religion chrétienne ? Je répondrai par expérience que ce que n'apporte pas le protestantisme, le fait d'être dans la minorité l'apporte en partie. Certes dans une société donnée, il n'est pas confortable de ne pas être dans la majorité. Il vaut mieux parfois le taire au risque d'être sanctionné pour non-conformité à la norme générale. Notons aussi qu'une minorité si elle veut être autre chose qu'une secte repliée sur elle même, doit, pour subsister être organisée. De ses réflexions, de sa recherche et le cas échéant de son culte, doivent se dégager des options dominantes sans que celles-ci deviennent uniques ou obligatoires. Afin d'éviter toute spéculation, elle doit rester sur le terrain, proche des gens et répondre aux interrogations du moment. Ici, le protestantisme français pourrait être cité en exemple, tout particulièrement dans les moments difficiles de notre histoire. Enfin, le maintien de la minorité exige le rassemblement pour des recherches communes, parfois des prises de positions tranchées en rupture avec la vox populi.

Celui qui opte pour un choix minoritaire forge son caractère. Il apprend ,ce que demandait la réforme, à penser par lui-même et à ne suivre personne d'autre que sa conscience. Il apprend à ne pas être brebis. Il peut même devenir berger s'il conçoit sa fonction comme celui qui appelle les autres à ne pas s'enfermer dans leur statut de suiveur. Le danger serait d'opter pour un mouvement minoritaire et de suivre le chef comme on suit un gourou. C'est vrai dans les petits groupes. Ces gourous là sont souvent dénoncés. c'est vrai dans les partis politiques, les subordonnés ânonnent ce que dit le chef. C'est vrai pour de nombreux chrétiens catholiques qui ne savent pas ne pas s'en référer à ce que tu dis pour l'approuver, plus rarement pour le désapprouver, enfin cela peut être vrai pour des communautés protestantes qui hissent leur pasteur sur un trône divin imaginaire. Les humains ont beaucoup de mal à ne pas devenir groupie ou tyran. Or la liberté, comme la citoyenneté se situent ailleurs. Chacun est invité à observer, analyser, comprendre, se faire son opinion et enfin parler et agir. S' inscrire dans une minorité évite de se joindre à la foule qui altère la vérité des choses et entraine sur des chemins qui ne sont que des fausses pistes.

fraternelles pensées

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Qui suis-je ?

     Titulaire d'une maitrise de théologie et d'un DESS de psychopathologie clinique, j'ai été amené à exercer plusieurs fonctions  et plus particulièrement la mise en place d'un centre socio- culturo- spirituel protestant puis la direction pendant 12 ans d'un centre de cure pour malades alcoliques. J'y ai découvert l'importance d'apprendre à écouter l'humain dans toutes les dimensions qui le constituent. Aujourd'hui, inscrit au rôle des pasteurs de l' Eglise Réformée de France, j'essaie de mettre des mots sur mes expériences et de conceptualiser mes découvertes.
serge soulie

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